Nous vous proposons un petit retour sur la levée des excommunications des 4 évêques de la FSSPX en 2009. Cet événement a souvent été interprété comme une étape heureuse pour la Tradition. Ce n'est pas le cas hélas. Explications par Joseph.
Ce décret de levée des excommunications du 21 janvier 2009 a été l'un des éléments les plus importants dans la politique de ralliement et de soumission de la FSSPX à la Rome moderniste.
A l’usage des fidèles, on a présenté à l’époque l'événement comme l'annulation d'une injuste sentence portée contre la tradition catholique... et on a été jusqu'à faire chanter le Magnificat dans les chapelles des prieurés à la fin des messes dominicales.
Mais du côté de Rome, la chose est très claire quand on lit bien le décret : il s'agit de lever (et non pas de déclarer nulle) une sentence d'excommunication en raison du « malaise » des évêques de la FSSPX, et de la demande formulée par ceux-ci ! Pour Rome, l’excommunication a été justement portée contre un acte de désobéissance formelle de Mgr Lefebvre, et c’est la contrition manifestée par les évêques (qualifiée de « malaise ») qui autorise la levée de la sentence.
En elle-même, la chose est gravissime quand on y réfléchit bien, car Rome a fait en sorte que les autorités de la FSSPX soient censées reconnaître, au moins implicitement, que les sacres étaient une erreur, qu’il s’était donc agi d’une imprudence grave de Mgr Lefebvre, autrement dit d’un acte schismatique, et par conséquent peccamineux. Voilà pourquoi Rome a commis ce décret. Avec le recul, on perçoit que cette mesure de prétendue "clémence" de Benoît XVI a constitué une grande victoire des modernistes sur la tradition catholique. Faire chanter le Magnificat pour célébrer une pareille machination est tout bonnement une fumisterie !
Ce qui corrobore cette analyse, c’est que Rome s’est bien gardée de faire mention, ni même une simple allusion, à la mémoire de Mgr Lefebvre (et à celle du co-consécrateur Mgr de Castro-Mayer) dans la levée de ces excommunications, au motif implicite qu’on ne peut lever l’excommunication d’un mort (qui ne peut plus regretter ses actes).
On s’est donc contenté d’absoudre les évêques vivants (et contrits !).
En présentant en 2020 les faits de façon à faire croire que Rome a levé les sentences, non seulement contre les quatre évêques sacrés en 1988, mais aussi contre leurs deux consécrateurs, les actuels supérieurs de la FSSPX ne font que confirmer qu’ils continuent à voir de bonnes intentions romaines dans le geste de 2009, alors qu’il s’agissait évidemment d’un piège.
Et à voir l’évolution actuelle de la FSSPX, il faut reconnaître que le piège a très bien fonctionné…
Joseph
Joseph
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Décret de la Congrégation pour les évêques sur la levée de l’excommunication, janvier 2009
Décret du cardinal Battista Re, préfet de la Congrégation pour les évêques, à la demande des quatre évêques de la Fraternité Pie X qui ont sollicité le Saint Père pour la levée de l’excommunication Latae Sententiae
« Dans une lettre adressée, le 15 décembre 2008, à son Eminence le cardinal Dario Castrillon Hoyos, président de la commission pontificale Ecclesia Dei, Monseigneur Bernard Fellay, au nom des trois autres évêques consacrés le 30 juin 1988, sollicitait de nouveau la levée de l’excommunication latae sententiae déclarée officiellement par le Décret du Préfet de la Congrégation pour les évêques publié le 1er juillet 1988.
Dans cette lettre, monseigneur Fellay affirme, entre autre : « Nous sommes toujours fermement déterminés dans notre volonté de rester catholiques et de mettre toutes nos forces au service de l’Eglise de Notre Seigneur Jésus Christ, qui est l’Eglise catholique romaine. Nous acceptons son enseignement dans un esprit filial. Nous croyons fermement à la Primauté de Pierre et à ses prérogatives, et c’est pour cela même que nous souffrons tant de l’actuelle situation. »
Sa Sainteté Benoît XVI – sensible comme le serait un père au malaise spirituel manifesté par les intéressés à cause de la sanction d’excommunication, et confiant en leur volonté, exprimée dans la lettre citée auparavant, de ne ménager aucun effort pour approfondir, via des colloques nécessaires avec les autorités du Saint Siège, les questions qui restent en suspens afin de pouvoir parvenir rapidement une pleine et satisfaisante solution au problème qui s’est posé à l’origine – a décidé de reconsidérer la situation canonique des évêques, Bernard Fellay, Bernard Tissier de Mallerais, Richard Williamson et Alfonso de Galarreta qui avait suivi leur consécration épiscopale.
Avec cet acte on désire consolider les relations réciproques de confiance, intensifier et stabiliser les rapports de la Fraternité Saint Pie X avec le Siège Apostolique. Ce don de paix, au terme des célébrations de Noël, veut être aussi une preuve pour promouvoir l’unité dans la charité de l’Eglise universelle et arriver à supprimer le scandale de la division.
On espère que ce pas sera suivi de réalisation rapide de la pleine communion avec l’Eglise de toute la Fraternité de Saint Pie X, témoignant ainsi de la vraie fidélité et de la vraie reconnaissance du Magistère et de l’Autorité du Pape avec la preuve de l’unité visible.
En vertu des facultés accordées par le Saint Père Benoît XVI, en vertu du présent décret, je remets aux évêques Bernard Fellay, Bernard Tissier de Mallerais, Richard Williamson et Alfonso de Galarreta la levée de l’excommunication latae sententiae décrétée par cette Congrégation le 1er juillet 1988, et je déclare privé d’effet juridique, à partir de ce jour, le Décret émis à l’époque.
Rome, de la Congrégation pour les évêques, 21 janvier 2009
Cardinal Giovanni Battista Re
Préfet de la Congrégation pour les évêques