samedi 5 septembre 2020

Viganò à diluer ?

Kyrie eleison DCLXXXV (29 août 2020)

Le haut clergé parfois enseigne-t-il l’erreur ?
Le bon sens des moutons peut être alors meilleur.


Mgr Carlo Viganò, archevêque italien, fait partie de la hiérarchie officielle de l’Eglise. Nos lecteurs savent que ce prélat s’est récemment démarqué de la masse de ses collègues lors de plusieurs déclarations publiques, dans lesquelles, notamment celle du 9 juin dernier, il adopte une attitude intransigeante à l’égard du concile Vatican II. Mais voilà qu’un théologien italien, le père Alfredo Morselli, cherche maintenant à relativiser la sévérité de Mgr. Viganò, non en allant jusqu’à prendre la défense du Concile, mais, plutôt, en soutenant par exemple que l’événement conciliaire n’est pas le seul facteur à considérer dans la crise ecclésiale qui suivit. Examinons cette « Thèse concernant le Concile », rendue publique en neuf rubriques principales et huit sous-rubriques, ci-après abrégées :

1 La crise actuelle est d’une gravité sans précédent, essentiellement néo-moderniste, mais beaucoup plus grave que la première crise moderniste du début du XXe siècle.
2 Cependant, Vatican II n’est pas à lui seul la cause de la crise actuelle, car :
2.1 Cette crise a commencé bien avant 1960,
2.2 Ce néo-modernisme n’aurait jamais vraiment réussi à s’implanter sans la corruption profonde de l’homme moderne qui a servi de terreau.
2.3 De même, le pontificat du pape François a été préparé bien avant le 21e siècle.
3 Nous devons faire la distinction entre le Concile lui-même et l’après-Concile, ou ce qui l’a suivi :
3.1 On ne peut imputer au Concile toutes les erreurs qu’on lui impute, même commises en son nom,
3.2 L’Esprit Saint était présent au Concile, donc on ne peut pas dire non plus que rien n’y ait été bon.
4 Les textes du Concile contiennent des formulations ambiguës dont les néo-modernistes profitent.
5 Tous les problèmes, ou presque, ont été résolus depuis, grâce aux mises au point officielles de l’Église.
6 Les problèmes ne viennent pas tant d’erreurs que du désir d’inclure plutôt que d’exclure.
7 Un exemple tragique de ce désir est le refus du Concile de condamner le communisme.
8 Qualifier le Concile de « pastoral », ne signifie pas qu’il n’y ait rien eu de dogmatique dans ses déclarations.
9 On ne peut critiquer le Concile que conformément à l’enseignement de l’Église sur la Foi. D’où :
9.1 La foi signifie croire en Dieu, c’est-à-dire accepter sans choisir les vérités que l’on doit croire.
9.2 C’est au Magistère de l’Église catholique en premier qu’il incombe de décider des vérités à croire.
9.3 Ce Magistère n’est pas ouvert à une interprétation privée. Seul, il peut interpréter ses propres décisions.

Et maintenant le plus bref des commentaires concernant chacune de ces positions du Père Morselli :—

1 Ce premier point indique que le P. Morselli est largement d’accord avec Mgr. Viganò. Bravo !
2 Qui attribuerait une explosion uniquement au détonateur ? A toute explosion, il faut d’abord de la matière à exploser :—
2.1 Certes, Vatican II a une longue ascendance, surtout la « Réforme » protestante et la Révolution de 1789.
2.2 C’est vrai aussi. Il a fallu des siècles pour développer la corruption profonde de l’homme moderne.
2.3 C’est également vrai. Par leurs faux principes cinq papes néo-modernistes ont bien préparé le sixième ; mais il a fallu ce sixième pour les mettre en pratique de manière aussi flagrante.
3 Attention ! Celui qui laisse ouverte la porte de l’écurie, ne doit-il pas être blâmé de la fuite du cheval ?
3.1 « Je n’ai jamais voulu que le cheval fuie. Je voulais seulement qu’il fût libre de galoper au soleil ! »
3.2 Certes, le Saint-Esprit a empêché le Concile d’être encore pire qu’il n’a été, mais Il n’a point voulu enlever aux évêques leur libre arbitre . . .
4 Les ambiguïtés mortelles ont été semées par les néo-modernistes, mais votées par les « catholiques ».
5 Ces « clarifications », auxquelles croit le Père Morselli, ne clarifient généralement rien, mais au contraire laissent traîner le problème. Rien ne peut enlever au léopard ses taches, dit Jérémie XIII, 23.
6 Hélas, c’est le désir même d’être inclusif qui fait que des portes, depuis longtemps soigneusement fermées, se sont ouvertes de nouveau à l’erreur.
7 Selon Mgr Lefebvre, le refus de condamner le communisme stigmatisera pour toujours ce Concile.
8 Horrible ambiguïté : en effet, le Concile « pastoral » n’était pas dogmatique, mais cela n’a empêché que les autorités de L’Eglise ont exigé qu’on le suive comme le dogme suprême !
9 « Le venin est dans la queue » – le Père Morselli réserve pour la fin l’argument massue de l’Autorité ! –
9.1 Bien sûr, nous devons croire ce qui vient vraiment de Dieu, au lieu de choisir nous-mêmes ce que nous devons croire.
9.2 Et bien sûr, si Dieu exige la Foi, cela n’est possible que s’Il nous assure un Magistère infaillible.
9.3 Mais le Magistère actuel est constitué de fonctionnaires ecclésiastiques faillibles, dotés d’un libre arbitre que Dieu ne leur retirera pas. Et si, exceptionnellement, ces Bergers manquent gravement à leur devoir, alors Dieu attend des moutons qu’ils jugent de leurs bergers et de leurs bercails à leurs fruits.

En conclusion, la sévérité de l’archevêque Viganò, qui juge Vatican II à ses fruits, est bien mieux fondée que le recours à l’Autorité du père Morselli.

Kyrie eleison.