Note préliminaire: Abréviations:
DQA: déclaration du quinze avril 2012 de Mgr Fellay
DVSJ: Déclaration des trois évêques le 27 juin 2013
I - LE CHANCRE. La perte de notre innocence devant Dieu
Le
chancre est l’abandon de la position officielle de la Fraternité par
rapport à une église conciliaire qui s’enfonce de plus en plus
manifestement dans l’heresie. La Fraternité officielle a perdu son
innocence devant Dieu. Devant les hommes, oui, elle fait encore bonne
figure, tandis que la résistance fait bien piètre mine, mais tout cela
n'est que du vent qui passera comme ont passé toutes ces institutions
abattues par le Concile.
Si
un prêtre, quel qu'il soit, vous dit que la lamentable DQA (déclaration
du quinze avril) a été rétractée, dites-lui d'accourir à sa boîte aux
lettres pour prendre connaissance du Cor Unum 104. Ce texte
officiel défend la DQA sur la base du protocole du 05.05.1988, du
maintien simultané de notre liberté d’attaquer les erreurs, de la
nécessité de reconnaître l’autorité romaine et d’échapper à la tentation
sédévacantiste, et du refus de Rome d’accepter cette DQA. (Cor Unum 104, p.37-40)
En outre le même Cor Unum 104
contient l'incroyable lettre du 17 Juin dans laquelle le malheureux
Supérieur Général se montre en intelligence avec l'ennemi, et regrette
que la DQA aggravée du cardinal Levada ne puisse pas être acceptée par
les membres de la Fraternité, au moment même où il proclamait haut et
fort son refus de signer un tel texte; une contradiction qui fut relevée
par Benoît XVI lui-même, le 30 juin...
En
outre un fidèle anglais demanda récemment à Mgr Fellay s'il rétractait
ladite DQA. Sa réponse évasive et longue en dit long cette fois, sur son
refus de rétracter ce texte, et sa volonté de le garder sous le coude
tout en prétendant ne pas en faire usage. L’abbé Rostand diffuse
massivement la défense de la DQA faite par l’abbé Themann à St Mary's
récemment. Il l'a envoyée sous forme de "package" à grand frais, à
beaucoup de fidèles. Il rappelle dans son numéro spécial du Regina Coeli report
que cette DQA est parfaitement légitime en vertu du précédent du
protocole du cinq mai 1988 de Mgr Lefebvre. Je suggère que les
supérieurs majeurs accordent leurs violons... Il faut toujours regarder
ce qui se passe aux Etats-Unis et en Allemagne pour savoir la politique
future de la Fraternité officielle. "Actions speak louder than words (of Fr de Cacqueray)"! [ndlr : les actions parlent plus forts que les mots (de l’abbé de Cacqueray)]
Enfin la DQA n'est que le couronnement d'une longue série de contrevérités antérieures qui n'ont fait l'objet d'aucune rétractation, elles aussi. Elles façonnent ou reflètent une nouvelle politique. Les supérieurs libéraux s'expriment libéralement et impriment leur libéralisme. Le ton des publications est en train de changer, avec des aller-retour, comme au Concile: Il reflète le double langage qui règne en haut lieu. Le SI SI NO NO, est plus sinosino que sisi ou nono ces temps-ci. DICI, encore biaisé hélas, est un peu moins rose qu'avant, après un long refus d'informer les fidèles, l'ironie de l’abbé Rioult aidant. Mais je ne sais pas si l’abbé Lorans va couvrir la transformation imminente de la Rome actuelle en siège de l'Antéchrist...
Ah,
et oui, j'oubliais presque. Il n'y a plus de francs-maçons au Vatican;
l'Eglise n'est plus occupée par les loges. Le complot, c'est ringard,
c'est la maladie de Mgr Williamson. Les jeunes générations n'en ont rien
à faire ; ce ne sont que de vieilles histoires des vieux bouquins des
années 70 ou des vieilles conférences de Mgr Lefebvre à Ecône.
Ne
parlons pas trop de la consécration de la Russie, ou plutôt ne faisons
pas tout reposer sur la lecture par le Pape d'une formule devant une
statue de la Sainte Vierge ; cela ne fait pas sérieux.
Sur
le plan pratique l'avenir de la Fraternité fut décidé au chapitre de
2012, et nous n'avons plus de garantie de séparation étanche entre les
autorités modernistes et la Tradition. Le ton de la Fraternité a
nettement changé ; les six conditions n'ont pas été rejetées, et, encore
plus inquiétant et plus invisible aux yeux des fidèles, elle révèlent
un réel changement de notre attitude canonique par rapport au nouveau
code (cf. DQA, dernier paragraphe) et par rapport aux tribunaux
progressistes officiels, auxquels nous nous soumettons de plus en plus.
Mon propre décret d'expulsion met le nouveau code en avant. Étrange
n'est-ce pas ? Ce n'est qu'après avoir été jeté dehors que je me suis
aperçu que j'étais sous une nouvelle loi sous laquelle je ne m'étais
jamais engagé. Expulsé en vertu du nouveau code, ma conformité à
l'ancien s'en retrouve parfaitement rafraîchie.
Tout
aussi grave est le maintien pour six ans encore, de Mgr Fellay au
pouvoir, malgré ses fautes graves. Le pire est que le Chapitre est
dorénavant façonné de telle sorte qu'un changement de Supérieur General
ne changerait rien. Ce n'est pas à Mgr Fellay que nous en voulons, (il
refuse de me recevoir dorénavant), les idées sont en place à l'intérieur
et gagnent du terrain constamment, la définition même de l'infection
(in-figo / in-facio).
En
attendant, le Chapitre est incapable, qui plus est, refuse
catégoriquement de considérer la possibilité d'une faute grave du
Supérieur, qui jouit maintenant d'une impunité d'autant plus
inquiétante, qu'en vertu de la crise, aucune congrégation romaine ne
peut intervenir pour faire cesser l'erreur au pouvoir. Nous devenons une
secte ; une loi à nous-mêmes : c'est l'autre désastre de ce Chapitre
qui, comme nous le savons maintenant, tenait entre ses mains toutes les
évidences que nous connaissons aujourd'hui, mais sans oser entreprendre
quoi que ce soit, répétant ainsi le même refus de s'élever contre un
détenteur d'autorité qui porte atteinte à la vérité ; tout cela au nom
de l'unité, de la préservation d'un soi-disant bien commun, exactement
comme au temps de Paul VI. Le silence qui suivit immédiatement le
Chapitre montre que l'affaire est scellée.
En
outre aucune explication décisive n’a été donnée aux scandales du GREC,
du Krahgate et du branding hollandais, si candidement révélé par l'abbe
Wegner, supérieur de District. On constate que les confrères qui se
sont tus, mais qui restent en désaccord avec la nouvelle ligne
continuent à être mis aux oubliettes par le truchement discret mais
souverainement efficace des changements de postes. La mutation de l’abbé
Beauvais en est le cas le plus emblématique, lui qui devrait être
félicité pour son courage. Mgr Tissier est savamment écarté d'Ecône.
Qu'est devenu l’abbé Doran, que vont devenir les abbés Scott, Kimball et
les autres qui se font mettre au placard ?
Les
confrères qui ont parlé sont "étranglés à petit feu". Nous ne savons
pas si le procès de l’abbé Pinaud aura lieu et ce que deviennent les
abbés parlèrent en leur temps.
II - LE NECESSAIRE SCALPEL
Pour
en venir à bout de la résistance, le meilleur conseil que je puis
donner est de prendre un couteau pour découper le chancre, c'est-à-dire
que Mgr Fellay fasse, comme le grand Saint Augustin, tout un livre de
rétractation des erreurs qu'il a su accumuler au fil des ans, mais
surtout la DQA, la réponse aux 3 évêques, et l'interview sur CNS. Il ne
resterait plus qu'à annuler les actes du Chapitre 2012, évincer les
libéraux aux postes de commande et dans les réseaux d'information. Les
brebis égarées reviendraient d'elles-mêmes, la confiance retrouvée dans
le berger.
Une
telle ablation chirurgicale permettrait d'éviter l'erreur de continuer à
se répandre. Tout récemment un fidèle de Brisbane dit à son prêtre
local qu'on ne pouvait pas accepter la DQA, ce à quoi il répondit: "Eh quoi ! Il y a de bonnes choses dans Vatican II". Quand l’abbé Joe Pfeiffer pose la question à son frère prêtre Timothy, "La nouvelle messe est-elle légitimement promulguée ?", le pauvre Timothy est incapable de répondre... La seule chose qu'il dit tombe à côté : "c'est un mauvais texte".
Pour ne pas avoir à admettre que le Supérieur a proposé une erreur
religieuse, certains membres ne se sentent plus capables de dire ce qui
n'était qu'une banale évidence jusqu'à 2012 : la nouvelle messe n'a rien
de légitime.
Je
regrette que M l’abbé de Cacqueray suive le mauvais exemple de M.
l’abbé Morgan, parce que les pustules libérales se multiplient. L'école
de Tynong, en Australie, met la Liberté Religieuse dans sa philosophie,
pour des raisons légales, me dit-on. Nous surprenons surtout les prêtres
de la jeune génération faire des admissions surprenantes, et le
tradœcuménisme (copinage sacramentel avec les Ecclesia Dei) est
rampant chez les fidèles. La mise en garde du diocèse de Virginie, dans
lequel la néo-fsspx est en train de construire une énorme bâtisse, a
presque le parfum d'une bienvenue. Nos ennemis ne s'y trompent pas, la
réconciliation est en cours, on ne sait pas quand elle se fera, et par
conséquent il ne faut plus traiter ces retardataires de schismatiques,
comme il était coutume. Les Ecclesia Dei sont encore plus
enthousiastes. Ils félicitent Mgr Fellay de ses efforts et de son
changement de ton, ils buvaient du petit lait a sa conférence
d'Adelaïde, m'ont dit les Australiens. Un de mes anciens camarades du
séminaire a bien dit que nous ne parlons plus de novus ordo ou de
progressistes face à nous, de même qu'officiellement il n'y a plus
d'église conciliaire. L’abbé Troadec se fait pincer à citer Benoit XVI,
l’abbé Stehlin se fait pincer à faire de la publicité pour les
ordinations ralliées, l’abbé Vernoy se fait pincer à freiner la vente de
livres contre le concile : ils ont été remis au pas, je pense, mais ces
phénomènes ne sont plus isolés et continuent à se reproduire. Tout cela
montre bien qu'il y a quelque chose de néfaste à l'œuvre dans
l'organisme ; signe que l'on n'a pas opéré un retranchement nécessaire. "Ut evellas et destrues, ut aedifices et plantes" est-il dit au Prophète Jérémie: "Pour que tu arraches et détruises, pour que tu édifies et plantes." Notez bien, il faut arracher le mal, puis détruire ce qui a été arrache, en le jetant au feu par exemple.
Las,
telle n'est pas la façon d'opérer des clercs, et encore moins des
évêques, sauf s'ils sont Saint Augustin. Un clerc ne peut pas perdre la
face, ou "perdre son autorité" en disant s'être trompé à moult reprises.
Les autres clercs comprennent cela et n'attendent pas de Monseigneur
qu'il fasse amende publique et honorable. Monseigneur sait que les
clercs n'attendent pas cela de lui, ce qui encourage le cercle vicieux
du silence clérical qui ne résout rien mais laisse pourrir la situation.
Certains abbés disent qu'on va contenir Mgr Fellay, surtout si on
arrive à s'organiser de l'intérieur, alors que si on "fait la
révolution" on fournit aux libéraux toutes les munitions dont ils
rêvent. Les clercs qui ne sont franchement pas d'accord sur la situation
se regardent les uns les autres comme des chiens de faïence. Combien de
fois ne nous a-t-on pas dit que si l’abbé un tel se met en branle, ou
que si une organisation sérieuse est montée, "je monterai au créneau
publiquement et on verra ce qu'on verra". L'un d'entre eux, complètement
remonté contre Mgr Fellay l'année dernière m'a assuré qu'il était
absolument nécessaire de nous organiser, de faire des rencontre entre
prêtres, de disséminer l'information entre nous en vue de faire ce qu'il
y a de plus urgent aujourd'hui... absolument ne rien faire ! D'autres
veulent bien se lancer, mais où ? Comment ? Sans rien au départ ? Sans
prieur, sans couverture médicale, sans assurance, sans compte en banque
digne de ce nom ? D'autres encore disent que le plus urgent est de
prévenir les fidèles et témoignent publiquement dans leurs sermons, par
des allusions indirectes qu'il ne faut pas se fier au Concile. On se
réfugie dans l'étude approfondie de Vatican II; et je ne parle pas ici
de nos libéraux maison qui, eux aussi sont contre Vatican II. Certains
confrères sont attelés a des œuvres nécessaires pour la Tradition, ils
ne peuvent pas se dégager pour consacrer leur énergie à résister
publiquement à leur supérieurs qui leur font encore confiance pour cette
œuvre capitale, une école en général. Beaucoup disent que la Résistance
va trop loin, que ses prêtres sont tous des cowboys, des originaux, des
insatisfaits, et que la résistance va partir en quenouille. (Je concède
volontiers que la résistance est patibulaire et pathétique; mais que
voulez-vous, cher Confrère, le nombre de nos prêtres et de nos fidèles
ne cesse d'augmenter. Serait-ce cette préférence divine sur ce qui est
fou et insignifiant aux yeux du monde ?). Mais il y a plus : tout clerc
doit être naturellement prudent et réservé. Il est formé pour le
confessionnal et pour la direction des âmes, qui pâtît toujours de la
précipitation du jugement. Les "prêtres excites" ne font jamais long feu
; ils négligent leur vie spirituelle en se jetant dans l'action. La vie
cléricale est une machine spirituelle délicate qu'il ne faut pas
brusquer. Tous les auteurs spirituels insistent sur l'obéissance et la
docilité, ainsi que l'aversion pour la singularité, qui chez les clercs,
est une manifestation d'orgueil. Je pourrais vous plonger bien plus
profondément dans les méandres et les subtilités propre à notre espèce,
cher lecteur, mais je pense que cela pourra suffire pour vous dire qu'un
Prêtre hésite naturellement. Le monde actuel, lui-même pétri de
lâcheté, d'esclavages divers, de libéralisme et de tromperie ne fait que
renforcer cet aspect. Je n'ai aucune garantie à vous donner quant à ma
persévérance future, toutes ces faiblesses, je les ressens aussi en
moi-même. Ce qui m'a séduit, c'est l'isolement même de Notre Seigneur,
qui fut trahi par les siens et abandonné de tous pour accomplir ce
pourquoi il est venu en ce monde : dire la Vérité. Dans son message de
Quito (que nous devons tous relire, c'est urgent), la Sainte Vierge en
dit long sur ce silence de ceux qui auraient dû se lever. Elle en sait
quelque chose; elle fut toute seule, elle aussi.
Face
à l'hésitation des bons, il y a la solidarité des révolutionnaires qui
ne vont pas se laisser ainsi découper en rondelles, question de survie
pure et simple, pour leur carrière et leurs idées. Ils ne se sont pas
faufilés savamment pendant des années pour voir en un jour flétrir tant
d'espérances. Ils sont plutôt en faveur de découper, voire de scalper
leur adversaire, si besoin, dans une grande croisade pour défendre
l'autorité outragée, humiliée et calomniée par la résistance d'un
quarteron de prêtres en mal de retraite.
Par
neuf fois, dit-on, la Fraternité réussit à se défaire des groupes
libéraux en son sein, sans tomber non plus dans le sédévacantisme. Il
semble que cette fois, l'erreur ait pris pied, d'autant plus que pour
rassurer tout le monde et pour honorer la mémoire de Mgr Lefebvre on
nous offre...
III - LE SPARADRAP
Je
confesse humblement être tombé dans la combine au départ, jeune et
influençable que je suis : j'ai cru que la déclaration du 27 Juin
n'était qu'une autre manifestation du double langage de Menzingen, comme
par exemple en mars dernier avec la parution contradictoire du Cor Unum 104 et de la Lettre aux Amis n.80.
Il n'en est rien, la Déclaration susdite critique mais ne retranche
pas, elle se lamente sur des conséquences, elle exprime des réclamations
de personnes qui n'osent pas demander que Vatican II soit tout
simplement jeté au feu.
Le
troisième paragraphe est une vraie savonnette théologique. Au lieu de
dire tout simplement que les erreurs du Concile causent l'auto
démolition de l'Eglise, on dit que la cause des erreurs qui sont en
train de démolir l'Eglise est dans le texte en vertu d'un choix.
Pourquoi ne pas dire que le texte est erroné ?
Parce
que la politique de la Fraternité a changé. On ne peut plus rejeter le
Concile dans son ensemble. Puisque le Concile a été légitimement
convoqué, on ne peut pas dire qu'il est truffé d'hérésies, (sinon on
s'en prend au "Magistère"), mais que presque tous ses textes amènent une
nouvelle vision erronée des choses. L'erreur en soi n'est pas dans le
Concile, mais elle vient après, même si c'est la faute des textes du
Concile.
C'est
ainsi que Mgr Fellay, dans son interview anglaise sur CNS, nous dit
bien que le Concile a entraîné beaucoup d'erreurs par la suite, "mais ces erreurs ne viennent pas du Concile lui-même, mais de la façon commune de le comprendre."
C'est
cela qui est grave pour Mgr Fellay. Un Concile aurait dû faire
attention que son texte ne soit pas ouvert à des interprétations
erronées et désastreuses.
Tout cela est un peu Byzantin ; du temps d'Arius, c'était quand même plus simple.
Sur
la Messe, les fidèles ont besoin d'entendre que la nouvelle messe est
dangereuse pour la Foi et par conséquent interdite. Les prêtres doivent
se faire rappeler qu'il s'agit d'un péché grave d'y participer et il
faut qu’ils appliquent la loi au confessionnal. En outre, au vu de la
confusion croissante des fidèles sur ce point, les Messes Ecclesia Dei doivent être elles aussi condamnées, tout comme Mgr Lefebvre condamna tout de suite l'indult de 1984 et toutes les messes Ecclesia Dei.
Le
paragraphe 9 est comme la nouvelle messe, il pèche par omission. La
nouvelle messe est une hérésie par omission, c'est la messe de Luther,
c'est une messe bâtarde qui s'est éloignée dans l'ensemble comme dans le
détail de la théologie du Concile de Trente. Non, la nouvelle messe
n'amoindrit pas, n'estompe pas, n'obscurcit pas ; elle détruit, purement
et simplement. 40 plus tard ne voit-on pas que la France a carrément
perdu la Foi et que les églises sont vides, que Notre Seigneur a été
découronné, et qu'il n'y a quasiment plus de propitiation sacrificielle
offerte à Dieu pour les péchés de ce monde qui n'a jamais autant insulté
Dieu ?
Une
nouvelle messe, telle que celle à laquelle assista Mgr Fellay avec le
Cardinal Canizares, voilà une nouvelle messe qui amoindrit, estompe et
obscurcit, sous couvert d'encens, de latin, de chant grégorien,
d'ornements et d'église magnifiques, la royauté du Christ et la nature
sacrificielle et propitiatoire du Sacrifice Eucharistique.
Les
autres phrases sont aussi des circonlocutions qui approchent du vrai,
mais refusent de dire que c'est cette messe elle-même qui est fausse et
qui est protestante. Pourquoi ? "Parce qu'on ne peut pas demander à
Rome d'interdire cette messe, mais que si on changeait ce qui est à
changer, ce serait un grand pas". (cf. interview de Mgr Fellay à Nouvelles de France en février)
Le
paragraphe onze est toujours aussi symptomatique de cette illusion
libérale qui veut croire que les ennemis du Christ puissent
nous reconnaître le droit de les combattre et de combattre leurs erreurs
avec leur permission. Mettre côte à côte le vœu du Chapitre 2006 et le
vœu du Chapitre 2012 n'est qu'une confusion supplémentaire, comme le dit
justement l’abbé Rioult.
C'est
au nom de ce vœu libéral qu'on se permet de désirer une reconnaissance
canonique (déclaration du Chapitre 2012), qui, bien entendu, serait une
trahison si elle n'était pas accompagnée du désir de Blanchette de
lutter contre le loup toute la nuit, si nécessaire. En outre Rome nous
promet sans cesse que nous pourrons nous battre à l'intérieur de
l'église officielle; c'est la tentation qui a fait tomber Dom Gérard,
Campos et tant d'autres. Même avec la théorie galarretienne de la
conversion progressive d'un Pape nous reconnaissant le droit d'attaquer,
cela ne tient pas debout. Un Pape en gris n'est pas un Pape en blanc.
C'est un Pape qui démolisse les hérésies que nous voulons, et ce n'est
qu'un tel Pape qui COMMENCERA à restaurer l'Eglise. Tout le reste n'est
que faux semblant, comme le règne du Pape Pie XII, qui tout en étant
très bien personnellement et dans un grand nombre de ses prononcements,
voyait tout se dérober sous ses pieds...
Enfin
la déclaration ne s'élève pas contre le nouveau Code de Droit Canon,
contre les scandales et les hérésies de cette Rome actuelle et de tous
les évêques progressistes mis en place partout dans le monde. Elle ne
met pas en garde les fidèles contre les tentatives de récupérations
vaticanes, comme le fit Mgr Lefebvre dans le sermon des sacres.
Mais
en admettant que cette déclaration soit bonne, le problème reste
entier, voire pire, parce que l'on a affaire a un double langage (entre
la DQA confirmée en mars et la DVSJ) entre autres multiples
manifestations de langue fourchue. Tout le monde a oublié le sermon de
Mgr Fellay en Juin 2012 à Ecône, où il nous assurait qu'il ne
compromettrait jamais sur les principes. On sait ce qui s'est
passé entre-temps Mais j'en conviens, la déclaration du 27 juin
contient des choses que les tradis ont envie d'entendre, ça fait plus «
branding ».
Dieu
se moque des faux semblants, tout est nu devant ses yeux. Il comprend
la faiblesse des hommes, sauf si elle cherche à se parer des apparences
du courage, et c'est pour cela qu'il a choisi St Pierre; celui dont la
première réaction fut de dire "Retirez-vous de moi Seigneur, parce que je suis un pécheur". Notre Seigneur nous donnera toujours une pierre à laquelle nous accrocher, en attendant le retour de Pierre à lui-même.
In Iesu et Maria