Nous publions ce document, pourtant déjà mis en ligne par deux blogs, car nous le trouvons d'une importance capitale, puisqu'il prouve que, le 7 mai, Mgr Fellay ne reniait pas sa Déclaration doctrinale du 15 avril, contrairement à ce qu'il essayait de faire croire aux bons prêtres de la FSSPX . A ce sujet, nous vous recommandons le commentaire du blog Avec l'Immaculée.
source: La Sapinière
Diplomatie, ambiguïté et mensonge : « C’est normal, c’est le gouvernement, c’est l’autorité dans l’Eglise »
« En 2009
d’une manière surprenante, Benoît XVI décide de, heu, appelons ça
annuler l’excommunication. Ce n’est pas ce que nous avions demandé ;
nous avions demandé que l’on retire le décret. Je n’ai jamais rien
demandé d’autre que de retirer le Décret. Mais dans une lettre du
cardinal Castrillon, il savait très très bien ce qu’il faisait. Le
cardinal Castrillon m’écrivait ‘’vous demandez qu’on retire le décret et
nous allons enlever l’excommunication’’. Donc pour eux, ils ont lancé
une excommunication, elle est valide ; pour nous elle n’est pas valide ;
donc eux ont levé l’excommunication. Peu importe, disons, je crois que
ça ne vaut pas la peine de s’étendre sur ce thème. […] Si eux me disent
‘demandez’, ça veut dire que eux, ils sont prêts à l’enlever. […] De là
je concluais déjà à ce moment-là qu’ils n’avaient pas d’arguments ou
plus d’arguments pour maintenir cette excommunication. Et donc ce n’est
plus une question de doctrine, c’était une question de politique. Un
jour ou l’autre, quand ils estimeraient que c’est le moment, ils
retireraient, peu importe les termes encore une fois, il y a là beaucoup
de diplomatie, de toute façon ils supprimeraient cet événement de
l’excommunication. Dans le texte lui-même, ils ont faussé mes paroles. Faut pas s’en offusquer. Il faut bien comprendre que Rome, on peut dire, ne peut pas perdre la face. C’est normal, c’est le gouvernement, c’est l’autorité dans l’Eglise. C’est parfaitement normal et compréhensible qu’ils ont essayé de faire passer ça en tordant un peu la réalité. […] Bon, peu importe. »
L’Eglise officielle est-elle catholique ?
« Leur
grand argument a toujours été l’argument d’autorité. C’est pas si simple
que cela. Là on touche la problème centrale et c’est celui-ci :
l’Eglise a les promesses de l’assistance du Saint-esprit, c’est
l’autorité dans l’Eglise qui forte de cette assistance va dire et
déterminer qu’est-ce qui appartient à la foi, qu’est-ce qui appartient
au dépôt révélé, qu’est-ce qui appartient à la Tradition. Eh bien c’est
vrai, c’est la foi qui nous dit cela, c’est l’autorité, c’est le pape.
[…] c’est vrai. Mais eux disent, donc nous décidons que le Concile
appartient à la Tradition. Et là on dit, excusez nous, mais ‘non’. Eh
bien vous savez comment ça a fini les discussions, eux nous ont dit vous
êtes protestants […] parce que la norme prochaine de la foi c’est le
magistère actuel, et ça c’est de nouveau vrai. Ce n’est pas sans raison
que l’on ne vous livre pas les textes comme ça. C’est des disputes de
hauts niveaux, extrêmement délicates. On a bien l’intention de vous
donner les fruits des discussions, mais pas simplement comme ça. Parce
que ça peut être des fois troublants. Nous leur avons répondu ‘’vous
êtes modernistes parce que vous prétendez que la vérité peut changer or
la vérité ne change pas’’. Ça ne sert à rien de parler du magistère
d’hier ou d’aujourd’hui ; quand l’Eglise a parlé hier c’est valable
aujourd’hui. […] »
« Qu’est-ce
qui se passe, qu’est ce qu’ils veulent ? […] ce sera la conclusion de
tous ces mois de va et vient, où j’essaye de comprendre ce qu’ils
veulent, Rome avec nous. C’est une lettre du pape qui me dit : il y a
trois conditions pour que la Fraternité puisse être reconnue : la
première, il faut qu’elle accepte que c’est bel et bien le magistère qui
est le juge de la Tradition, ça je vous l’ai dit c’est de foi.
Évidement si on dit ‘oui’, ils vont profiter pour dire : ‘hé bien moi je
décide que le Concile appartient à la Tradition. Et c’est la deuxième
condition : que la Fraternité accepte que le Concile fait partie
intégrante de la Tradition apostolique. […] »
« Il faut
bien rester dans cette situation d’équilibre extrêmement délicate, où on
est obligé en même temps de dire : « oui à l’Eglise, oui au pape, oui
aux évêques, et puis, non au pape, non aux évêques et puis on espère
certainement pas non à l’Eglise, mais non à une fausse Eglise, cette
Eglise qui veut s’appeler conciliaire. Y a toute une discussion
maintenant là-dessus […] y a tellement de choses mauvaises dans l’Eglise
officielle que la tentation est énorme d’envoyer tout promener. Dans la
pratique on peut vivre avec ça, on les ignore tant qu’ils sont comme ça
mais ça ne veut pas dire qu’on les rejette ; faut faire très très
attention. Cette Eglise, elle a les promesses de Notre Seigneur. Alors
on sait plus trop comment ça va, parce que les promesses c’est le
contraire de ce qu’on voit; néanmoins elle a les promesses. […] Il faut
être accroché à l’Eglise. On est catholique, un point c’est tout. On ne
veut pas sortir de l’Eglise, y en a qu’une, une seule vraie et en même
temps lorsqu’ils disent n’importe quoi, alors on dit non, non, pas
d’accord, ça c’est pas le Seigneur. »
Le bon pape Benoît et son mauvais entourage
« D’un
côté j’ai des textes qui sont clairement négatifs, je peux pas les
approuver, mais en même temps par des voies inofficielles, on me dit :
‘’ce que l’on vous a donné ce n’est pas ce que veut le pape’’. […] qui
est-ce qu’il faut croire, le texte officiel ou cette personne qui est là
dedans que l’on connaît bien? [un proche du pape dit] : ‘’vous savez à
chaque fois que le pape essaye de restaurer quelque chose ou de revenir
en arrière, il est saboté à l’intérieur du Vatican’’. […] C’est vrai ?
C’est pas vrai ? J’ai plusieurs éléments qui me montrent que c’est vrai.
[…] Je suis obligé de voir. Donc en même temps qu’officiellement on
répond ’non’, en même temps j’essaye de voir si c’est sérieux, qu’est-ce
qu’il veut vraiment le pape dans tout ça. »
Justification de sa déclaration du 15 avril 2012
« J’élimine
la nouveauté. Ce principe étant posé, après je peux parler des choses
qui restent dans le Concile qui sont, disons, interprétables. Une fois
éliminées les choses mauvaises, y en a qu’on peut comprendre d’une
manière catholique. Alors j’explique. C’est ce que disait Mgr Lefebvre
quand il disait ce qui est fidèle à la Tradition dans le Concile, nous
l’acceptons […] lorsque par contre les choses sont confuses, douteuses,
il faut les comprendre comme on les a toujours comprises et puis ce qui
est opposé, ben, on rejette. Voilà ce qu’avait dit Mgr Lefebvre. Si vous
voulez, j’essaye avec un texte extrêmement délicat, puisqu’il nous est
contraire, de le neutraliser, de le purifier, et j’essaye comme ça de
m’en sortir pour dire : ‘’voilà à côté de tout ce qu’on rejette, ce qui a
été prouvé par deux ans de discussion, y a quand même des choses, on
reconnaît suffisamment de choses qui se passent dans l’Eglise pour dire
qu’on est catholique même si on est opposé à un tas de chose’’.
Évidemment c’est extrêmement délicat, aujourd’hui on s’amuse à produire
ce texte, d’abord en dehors de tout contexte, en dehors de toute
présentation : ‘’regardez, il a dit ça, il a dit ça…’’ On absolutise des
phrases qui si il n’y a pas ce contexte, bien sûr on peut leur faire
dire n’importe quoi à ces phrases. C’est un texte extrêmement délicat et
même on peut dire que dans la Fraternité il n’a pas fait l’unanimité si
bien que j’ai dit à Rome : je le retire, ça sert à rien ; si il n’est même pas compris chez nous, euh, parce qu’il était peut-être trop subtil,
ben, tant pis, on le retire. Et c’est ce que j’ai dit à Rome, et Mgr Di
Noia a dit : ‘’je vous comprends, tout à fait, bien sûr, il faut que le
texte que vous fassiez fasse l’unité chez vous’’. »
François a la foi et veut mettre de l’ordre
« Quand on
voit comment les ennemis de l’Eglise ont salué cette élection […] on se
dit ‘Ho la la, c’est bien parti’. […] il s’est fait bénir par deux
pasteurs protestants, ça promet… […] En même temps, il veut mettre de
l’ordre. Comme c’est un homme d’action, décidé, même despotique dans son
exercice du pouvoir, c’est pas impossible qu’il y arrive. C’est pas
impossible qu’il arrive à mettre de l’ordre dans une société vaticane
profondément corrompue. Et ça se serait un drôle de bien ; c’est pas
encore la foi mais si on commence par épurer les mœurs ce sera un fameux
départ. Ça laisserait de l’espoir pour la suite. On verra. […] Il est
prudent, il ne précipite pas les choses, il a reconduit personne, il se
laisse complète liberté de tout envoyer, je ne sais pas où, et de
prendre ce qu’il veut. C’est pas mauvais, c’est pas mauvais signe ça.
C’est pour ça que je ne pars pas en avant pour le condamner, attendons,
soyons prudent. […] Il y a une pression énorme des progressistes pour
faire rentrer tout ce qu’à fait Benoît XVI, alors est-ce qu’il va
résister ? Est-ce qu’il va tenir le coup ? Sur la morale il pourrait
tenir le coup. […] Dans ses sermons, on voit qu’il a la foi […] on voit
pas encore d’application concrète, mais les sermons sont pas mal, il dit
des fois des choses très bien ; on voit qu’il a la foi, quand il dit
‘’celui qui ne prêche pas notre Seigneur prêche le diable’’, ouais,
c’est pas mal ça. Tout à fait, on approuve. […] Je ne serais pas étonné
si on n’avait pas encore plus de contraste avec le pape François qu’avec
le pape Benoît XVI, Je ne serais pas étonné. Je suis pas prophète là,
soyons prudent, ne précipitons pas les événements, on verra bien. »
Un peu flou, voire impossible mais ligne de crête
« Certains
prétendent que je suis descendu le 13 juin pour signer à Rome, mais
c’est pas vrai ; je suis descendu au mois de mai pour vérifier une
chose, une chose que j’ai toujours dit, condition sine qua non ;
‘’est-ce que Rome est prêt à nous accepter tel que nous sommes’’. […]
Évidement ça semble un peu flou, ça touche à l’impossible. Ce n’est pas
possible qu’une autorité dise : ‘’vous pouvez m’attaquer’’, ça ne tient
pas debout ; ou alors il faut que cette autorité soit d’accord. Pour
nous ce sera un des arguments déterminants au moment où l’autorité dira
‘oui, vous pouvez attaquer’ […] c’est une façon un peu par la bande, par
la pratique ; On a essayé de se donner des éléments pratiques, concrets
pour dire ‘’mais à quels moments maintenant on peut essayer
éventuellement envisager d’aller de l’avant’’. Parce que on ne veut pas
du tout se suicider. […] c’est pas facile. Il faut résister sur cette
ligne de crête, c’est tout. Et donc c’est ce qu’on leur dit à Rome. »
Une nouvelle croisade du rosaire
« […] je
vous invite à ne pas désespérer, même si la situation est dure, c’est
comme ça, euh, il faut s’appuyer sur la grâce. Voilà et donc, euh, je
sais pas peut-être bientôt on va repartir en croisade, c’est pas
impossible, ben oui, on verra, ça dépend comment les choses tournent. »