Ce texte est tiré du bulletin Miles Christi n°10 édité par l'abbé Chazal en langue anglaise.
La version française a été réalisée pour le blog Reconquista, nous vous remercions donc d'indiquer la source si vous recopiez cet article.
Cet article a été publié en français dans le n° 12 de notre bulletin papier (septembre-octobre 2015) [Télécharger ici].
Comme il
s’avère, le Droit Canonique est le cheval de Troie de la FSSPX.
Mes confrères ont beau me dire que « rien n’a changé, je
peux toujours prêcher contre Vatican II et le Pape François ».
« Je ne célèbre pas selon le NOM ». En 2012 nous nous
sommes battus pour que l’œuvre de Monseigneur Lefebvre ne soit pas
placée canoniquement sous la coupe de la nouvelle Rome, mais
aujourd’hui, malgré tous les scandales et les réductions de la
Foi de la nouvelle Rome, la FSSPX se trouve presque de fait,
canoniquement sous la coupe du novus ordo. Le Droit Canonique est
comme le système d’opération de l’Eglise Catholique ; il
détermine qui gouverne, qui décide, qui nomme, qui enseigne, ce qui
est défendu, ce qui est permis, qui va où, comment et pourquoi on
est puni, etc. Les fidèles n’étudient pas le Droit Canonique ;
et même la plupart des clercs sont assez ignorants sur ce sujet,
alors que c'est
le
Droit Canon qui
gouverne la société.
Vatican II a débuté avec la constitution de la liturgie, et le
nouveau code n'est
arrivé
qu'en
1983, donc 20 ans après ; alors que dans la crise de la
Fraternité, l’interrupteur canonique est apparu en premier alors
que la doctrine s’érode lentement et la nouvelle Messe ne
pourra s’introduire
que
beaucoup plus tard, si cela devait jamais arriver..
Les trois
pouvoirs de l’Eglise
Les
trois pouvoirs de l’Eglise
|
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Christ
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Action
|
Sur
|
Nom
|
Vatican
II
|
Prêtre
|
Sanctifier
|
Les
âmes
|
« Munus
sanctificandi »
|
Nouvelle
messe
|
Prophète
|
Enseigner
|
Les
intelligences
|
« Munus
docendi »
|
Modernisme
– 1789
|
Roi
|
Gouverner
|
Les
volontés
|
« Munus
regendi »
|
Nouveau
code
|
Le MUNUS
REGENDI couvre aussi le pouvoir d’administrer les personnes et les
choses, ainsi que le pouvoir de juger et d’obliger, mais tout cela
a lieu dans les limites du Droit, du Droit Canon. Tout le monde
connait l’affirmation célèbre de Monseigneur Lefebvre que le
nouveau code de 1983 est bien plus grave que la nouvelle messe. Il
n’a jamais utilisé ce code, même pas une fois, jusqu’à son
décès, et a mis sur pied la commission canonique Saint Charles
Borromée pour remplacer et éviter les congrégations romaines du
novus ordo, en particulier sur les questions du mariage.
Donc, que
s’est-il passé ?
La réponse sort de la bouche même de Monseigneur Fellay, dans son sermon dumois de mai 2015 à Arcadia [Note de la Traduction : Arcadia se trouve en Californie], à partir de la 27ème minute : il admet ouvertement que les choses ont commencé à changer il y a 20 ans, c’est-à-dire quand il est devenu Supérieur Général.
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Déjà avant 1994 et après 1991 certains prêtres libéraux recommandaient déjà l’usage du nouveau code et enseignaient les deux codes en parallèle (Pour ma part, j’ai reçu une fois un tel enseignement de la part de l’abbé Iscara et cela rendait les choses très confuses et cela a rendu le sujet déplaisant, même pour l’abbé Iscara).
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Ensuite, comme l’affirme Monseigneur Fellay, depuis 1995 la FSSPX approche les congrégations romaines, alors qu’on nous avait dit que les péchés réservés étaient du ressort de nos Supérieurs, aux deux niveaux (celui du District et de la Maison Générale) selon les ordonnances de Monseigneur Lefebvre. L'on ne s'aperçoit que maintenant.
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Autour de 1993, une directive a été approuvée qui disait que la Fraternité allait utiliser en partie le Nouveau Code. Je n’étais pas au courant de cela parce que quand j’ai dénoncé l’utilisation du Nouveau Code, l’abbé Couture m’a rappelé que cette directive avait été approuvée.
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Autour de 2004, des prêtres nouvellement ordonnés ont commencés à résoudre des cas de la morale théologique en utilisant le nouveau code, et cela a été publié dans le bulletin des prêtres américains. Monseigneur Tissier avait réagi et avait publié un avertissement dans ce même bulletin pour dire que cela était défendu. La victoire ne fut que temporaire.
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Nous savons depuis le sermon prononcé à Arcadia que Monseigneur Fellay est nommé juge dans l’appareil judiciaire du Novus Ordo. Cela s’explique bien quand on sait que l’abbé Angles se rend très régulièrement dans les congrégations romaines, sans doute parce qu’il est le canoniste personnel de Monseigneur Fellay.
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Des éminents canonistes de la Fraternité, qui maintiennent la position de l’Archevêque, sont mis de côté (comme Monseigneur Tissier), démis de leur office (abbé Pivert), transféré à un autre poste (abbés P. Scott, Kimball, …), et la même chose se passe pour les professeurs de séminaires.
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L’abbé Quilton, un nouveau professeur de théologie morale à Ecône, écrit le document intitulé « la position officielle non-officielle de la Fraternité en matière de droit canon ». L’affirmation la plus choquante affirme de façon explicite que dorénavant, la FSSPX va suivre le Nouveau Code, mais à la lumière de l’ancien code.
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Ce sont aussi les années, en France en particulier, quand les mariages des fidèles de la FSSPX deviennent soit approuvés par le diocèse, ou célébrés par un prêtre approuvé par le diocèse (un exemple celui de ma propre nièce), ou même avec le prêtre ordonné selon le nouvel ordo recevant le consentement des époux alors qu’un autre prêtre (traditionnel, FSSPX ou autre) célèbre la messe de mariage. Des mariages mixtes (FSSPX et novus ordo) abondent et personne ne dit rien … en particulier ceux qui étaient supposés parler haut et fort (cf La Salette).
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La Déclaration du 15 avril de triste mémoire, affirmait que la FSSPX suivrai surtout le nouveau code de 1983. Le Protocole du 5 mai que l’Archevêque avait refusé en 1988, n’acceptait que les aspects disciplinaires de ce nouveau code. Donc il n’est pas correct d’affirmer que cette Déclaration s’inspire du Protocole de 1988 : non, au lieu de cela, il s’agit d’une capitulation canonique entière.
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Alors arrive le Chapitre Général de juillet, avec son déploiement de conditions nécessaires et souhaitées pour conclure un accord avec Rome. Une exemption des diocèses est devenu un souhait, et on émet un souhait pour une commission à Rome qui serait sensée protéger la Fraternité une fois qu’elle aurait conclu l’accord. Mais le piège le plus grand est de souhaiter garder les tribunaux de première instance pour les mariages. Cela est fort grave car l’Archevêque nous avait dit de nous tenir éloignés des congrégations romaines en particulier pour ce qui a trait au mariage … Comment est-ce possible de donner le dernier mot à ceux qui qui ont une notion bafouée du mariage et qui démolissent environ 100.000 mariages par des « annulations » octroyées sur base du nouveau code. Ces annulations sont en fait des divorces, et avec le Synode, nous savons maintenant avec certitude que l’Eglise novus ordo est une Eglise qui divorce. (Si vous en avez assez de votre épouse, rejoignez le novus ordo !).
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Alors est arrivé la vague des expulsions de tous ceux qui contraient le nouveau code de Droit Canon. Les décrets des expulsions basent tous leurs décisions sur la nouvelle législation, en reléguant l’ancienne législation au second rôle. C’est une preuve très claire que le nouveau code maintenant régit la Fraternité.
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Chacun des expulsés s’est vu offert un procès fantoche, et en faisant preuve de beaucoup de courage, les abbés Pinaud et Salenave ont acceptés. Ils ont été jugés selon les canons 1343 et 1718 du nouveau code qui instaure une nouvelle façon expéditive de traduire en justice des prêtres, en faisant fi de la méthode habituelle de 5 juges et d’autres mesures de protection. Mon intention ici n’est pas de décrire les nombreuses violations de procédures normales et d’équité minimum auxquelles ces prêtres ont été soumis, mais je crois que si le Droit Traditionnel de l’Eglise avait été respecté, la majorité de ces injustices aurait été évitée. L’Eglise est une Mère bonne et sage … Elle sait que les clercs peuvent se comporter comme des loups épouvantables à l’égard d’autres prêtres. « Homo homini lupus ; mulier mulieri lupior ; clericus clerico lupissimus ».
Donc
j’ai demandé à Monseigneur Faure comment en est-on arrivé là ?
Comme
au numéro 3 (qui devrait être numéro 1) l’abbé Schmidberger a
toujours voulu une reconnaissance canonique de la Fraternité, mais,
contrairement à son ami l’abbé Bisig (qu’il a réussi à nommer
comme recteur du séminaire de Zaitzkofen) il n’a jamais voulu le
faire contre le souhait de Monseigneur Lefebvre.
Et
donc il a dû attendre deux ans après sa mort en 1993 pour faire
adopter une motion ordonnant l’utilisation du nouveau code à la
lumière de l’ancien code (vous avez sans doute déjà entendu ce
genre de formulation, n’est-ce pas ?) Ceci fut publié dans le
Cor Unum (numéro 45 je crois) et plus tard ajouté au livre des
ordonnances de Monseigneur Lefebvre. Seulement quelques-uns d’entre
nous ont prêté attention à cela, la plupart d’entre nous
croyaient, comme cela faisait partie des ordonnances que c’était
la position de l’Archevêque et on nous a servi l’argument
spécieux : « nous nous servirons du nouveau code quand il
fournira une simplification utile dans l’apostolat et bénéfique
aux âmes et nous rejetterons tout ce qui est mauvais dans le nouveau
code. » Sympa ! Félicitations !
Mais
ceci n’est pas ce qui s’est réellement passé.
Nous
assistons à une entrée en douceur et en oblique dans l’atmosphère
empoisonnée de la planète du novus ordo. Comme pour un satellite,
l’angle est autour de 3 degrés, mais le mouvement est constant et
irréversible.
Les
libéraux étaient ennuyés par le fait que Monseigneur Lefebvre
veillait sans relâche à « serrer les vis » contre
l’Eglise du novus ordo. Il le faisait avec gentillesse et patience,
mais d’une façon très déterminée. Monseigneur Fellay lui aussi
fait preuve de cette façon de faire de procéder progressivement.
Monseigneur
Pozzo comprend cela très bien aussi, et nous dans la Résistance
nous entendons continuellement dire : « Quand Mgr Fellay
rejoindra Rome, alors je quitterai et je vous rejoindrai ». Et
pourtant, ceux qui disent cela devraient faire attention que, sur le
plan canonique, c’est déjà fait, et cela grâce à la
dissimulation canonique qui se révèle très commode.