Nous publierons la transcription de ce récent entretien (en anglais dans l'original) en plusieurs parties.
Voici la première:
Cette semaine, « Conflict
Zone » s’est rendu à Menzingen, en Suisse, au quartier général d’un groupe catholique ultraconservateur qui a longtemps été
en conflit avec le Vatican.
Mon invité est Monseigneur
Bernard, Supérieur de la Fraternité St Pie X, un groupe né de la protestation
contre les réformes introduites à Rome dans les années 60.
Il nie être antisémite
ou extrémiste, mais tout le monde n’est pas convaincu. Alors où est la vérité ?
Partie I : La « question
juive »
CZ : Monseigneur
Fellay, bienvenu à Conflict Zone.
MF : Merci.
CZ : Laissez-moi
vous ramener deux ans en arrière, en décembre 2012 ; vous avez dit que les
juifs faisaient partie de ceux qui pendant des siècles avaient été les ennemis
de l’Eglise. Pourquoi avez-vous dit cela ?
MF : Je l’ai
dit, je crois que cette phrase a créé beaucoup de controverse...
CZ (interrompant):
Vous saviez que cela arriverait.
MF : …pour
rien. Non, ce n’était absolument pas mon intention. Mon intention était de dire,
j’ai voulu dire que les juifs regardaient l’Eglise comme un ennemi. Ce n’était pas
une description de l’autre partie. Peut-être ne me suis-je pas exprimé correctement.
CZ : Mais
vous n’avez pas cru bon de vous excuser pour l’affront que et le souci que cela
a causé.
BF : Non, nous
avons présenté une correction, nous avons dit d’abord qu’il était incorrect de
dire que je voulais parler de tous les Juifs ou du peuple juif, c’est faux, je
n’ai jamais voulu dire cela.
CZ : Et ensuite
vous avez accusé la presse.
MF : Non...
CZ : Vous
avez accusé la presse d’avoir fait mousser
l’histoire.
MF : Oui, c’est
possible, il y a eu ce journaliste qui a dit que j’avais dit le « peuple
juif », et je n’ai jamais dit le « peuple juif ».
CZ : Rome aussi
vous a réprimandé, le porte-parole du Vatican, Frederico Lombardi, a dit qu’il était
impossible de parler des juifs comme ennemis de l’Eglise.
MF : Oui, c’est
sûr. Mais cela n’a jamais été mon intention, jamais.
CZ : Comment
avez-vous pu interpréter la réaction aussi
mal ? Quand vous dites que les juifs sont les ennemis de l’Eglise, les
gens le prennent comme une insulte religieuse, c’est une insulte religieuse, n’est-ce-pas ?
MF : C’est
faux, je n’ai jamais voulu dire cela. Dans la conférence d’où la phrase est tirée,
je ne parlais pas des juifs. Je parlais de la situation de l’Eglise, je disais
que certaines personnes opposaient notre acceptation dans l’Eglise, que parmi eux
il y avait certaines organisations juives.
CZ : Vous
avez parlé « d’ennemis » !
MF : Non…
CZ : Ce sont
vos propres mots, « ennemis » !
MF : Oui,
mais disons que je les mettais dans le même « pot » que les Francs-maçons
et les modernistes. Donc ce n’était pas seulement dirigé vers les juifs comme s’ils
étaient les ennemis [de l’Eglise].
CZ : Vous
avez répandu la haine un peu partout...
MF : Non,
non, c’est une mauvaise présentation de ce que j’ai dit.
CZ : D’accord.
La Ligue Anti-Diffamation n’a pas apprécié
du tout. Ils vous ont appelé un « antisémite impénitent. »
MF : Oui,
mais c’est parce qu’il y avait tout un antécédent avec l’histoire de Mgr
Williamson, qui est, qui a…
CZ (interrompant):
Mgr Williamson, qui a été consacré en même temps que vous et a été excommunié.
MF : Oui, et
je ne suis pas du tout d’accord avec lui en ce qui concerne la question juive
disons.
CZ : C’est
un homme qui a minimisé l’holocauste.
MF : On peut
dire cela.
CZ : Un
homme qui nie l’holocauste en fait.
MF : Je
crois bien.
CZ : Vous n’avez
pas pris cela très au sérieux quand il a dit cela, n’est-ce-pas ?
MF : Non…
CZ :
Pourquoi ? Parce que vous avez l’habitude d’entendre ce genre de propos antisémites
dans votre église [sic] ?
MF : Mais
non, non, non! Je suis vraiment désolé que vous essayiez de faire passer la Fraternité
pour un groupe antisémite parce que vraiment elle ne l’est pas !
CZ : Je vous
ai posé une question !
MF : Oui, et
j’y réponds, parce que je vois que vous…
CZ (interrompant) :
Rome n’a pas aimé ce que vous avez dit, la Ligue Anti-Diffamation et d’autres
organisations juives n’ont pas aimé.
MF : Moi non
plus je n’ai pas aimé. Parce que je vous dis ce n’est pas ma position sur les
juifs, ce n’est pas ma position, c’est une fausse présentation des choses.
CZ : Mais comprenez-vous
pourquoi, lorsque l’on regarde l’histoire de ce groupe, ses sympathies avec des
personnes proches du nazisme, comme Paul Touvier par exemple, le criminel de
guerre français qui a été abrité en France dans l’un de vos bâtiments…
MF : Sans le
consentement des supérieurs ! Je n’étais pas au courant de cela.
CZ : L’excuse
est qu’il a été accueilli par le prieur comme un acte de charité envers un sdf, et
que personne ne savait qui il était.
MF : Non, je
ne savais pas qui il était.
CZ : Le
premier Français à avoir été condamné pour crimes contre l’humanité !
MF : Oui,
mais je ne le savais pas. Je suis désolé, mais c’est comme cela que les choses
se sont passées.