mardi 8 mars 2016

Entretien de Monseigneur Fellay avec 'Conflict Zone'

Nous publierons la transcription de ce récent entretien (en anglais dans l'original) en plusieurs parties.

Voici la première:


Cette semaine, « Conflict Zone » s’est rendu à Menzingen, en Suisse, au quartier général d’un groupe  catholique ultraconservateur qui a longtemps été en conflit avec le Vatican.
Mon invité est Monseigneur Bernard, Supérieur de la Fraternité St Pie X, un groupe né de la protestation contre les réformes introduites à Rome dans les années 60.
Il nie être antisémite ou extrémiste, mais tout le monde n’est pas convaincu. Alors où est la vérité ?


Partie I : La « question juive »

CZ : Monseigneur Fellay, bienvenu à Conflict Zone.
MF : Merci.
CZ : Laissez-moi vous ramener deux ans en arrière, en décembre 2012 ; vous avez dit que les juifs faisaient partie de ceux qui pendant des siècles avaient été les ennemis de l’Eglise. Pourquoi avez-vous dit cela ?
MF : Je l’ai dit, je crois que cette phrase a créé beaucoup de controverse...
CZ (interrompant): Vous saviez que cela arriverait.
MF : …pour rien. Non, ce n’était absolument pas mon intention. Mon intention était de dire, j’ai voulu dire que les juifs regardaient l’Eglise comme un ennemi. Ce n’était pas une description de l’autre partie. Peut-être ne me suis-je pas exprimé correctement.
CZ : Mais vous n’avez pas cru bon de vous excuser pour l’affront que et le souci que cela a causé.
BF : Non, nous avons présenté une correction, nous avons dit d’abord qu’il était incorrect de dire que je voulais parler de tous les Juifs ou du peuple juif, c’est faux, je n’ai jamais voulu dire cela.
CZ : Et ensuite vous avez accusé la presse.
MF : Non...
CZ : Vous avez accusé  la presse d’avoir fait mousser l’histoire.
MF : Oui, c’est possible, il y a eu ce journaliste qui a dit que j’avais dit le « peuple juif », et je n’ai jamais dit le « peuple juif ».
CZ : Rome aussi vous a réprimandé, le porte-parole du Vatican, Frederico Lombardi, a dit qu’il était impossible de parler des juifs comme ennemis de l’Eglise.
MF : Oui, c’est sûr. Mais cela n’a jamais été mon intention, jamais.
CZ : Comment avez-vous pu interpréter la réaction aussi mal ? Quand vous dites que les juifs sont les ennemis de l’Eglise, les gens le prennent comme une insulte religieuse, c’est une insulte religieuse, n’est-ce-pas ?
MF : C’est faux, je n’ai jamais voulu dire cela. Dans la conférence d’où la phrase est tirée, je ne parlais pas des juifs. Je parlais de la situation de l’Eglise, je disais que certaines personnes opposaient notre acceptation dans l’Eglise, que parmi eux il y avait certaines organisations juives.
CZ : Vous avez parlé « d’ennemis » !
MF : Non…
CZ : Ce sont vos propres mots, « ennemis » !
MF : Oui, mais disons que je les mettais dans le même « pot » que les Francs-maçons et les modernistes. Donc ce n’était pas seulement dirigé vers les juifs comme s’ils étaient les ennemis [de l’Eglise].
CZ : Vous avez répandu la haine un peu partout...
MF : Non, non, c’est une mauvaise présentation de ce que j’ai dit.
CZ : D’accord. La  Ligue Anti-Diffamation n’a pas apprécié du tout. Ils vous ont appelé un « antisémite impénitent. »
MF : Oui, mais c’est parce qu’il y avait tout un antécédent avec l’histoire de Mgr Williamson, qui est, qui a…
CZ (interrompant): Mgr Williamson, qui a été consacré en même temps que vous et a été excommunié.
MF : Oui, et je ne suis pas du tout d’accord avec lui en ce qui concerne la question juive disons.
CZ : C’est un homme qui a minimisé l’holocauste.
MF : On peut dire cela.
CZ : Un homme qui nie l’holocauste en fait.
MF : Je crois bien.
CZ : Vous n’avez pas pris cela très au sérieux quand il a dit cela, n’est-ce-pas ?
MF : Non…
CZ : Pourquoi ? Parce que vous avez l’habitude d’entendre ce genre de propos antisémites dans votre église [sic] ?
MF : Mais non, non, non! Je suis vraiment désolé que vous essayiez de faire passer la Fraternité pour un groupe antisémite parce que vraiment elle ne l’est pas !
CZ : Je vous ai posé une question !
MF : Oui, et j’y réponds, parce que je vois que vous…
CZ (interrompant) : Rome n’a pas aimé ce que vous avez dit, la Ligue Anti-Diffamation et d’autres organisations juives n’ont pas aimé.
MF : Moi non plus je n’ai pas aimé. Parce que je vous dis ce n’est pas ma position sur les juifs, ce n’est pas ma position, c’est une fausse présentation des choses.
CZ : Mais comprenez-vous pourquoi, lorsque l’on regarde l’histoire de ce groupe, ses sympathies avec des personnes proches du nazisme, comme Paul Touvier par exemple, le criminel de guerre français qui a été abrité en France dans l’un de vos bâtiments…
MF : Sans le consentement des supérieurs ! Je n’étais pas au courant de cela.
CZ : L’excuse est qu’il a été accueilli par le prieur comme un acte de charité envers un sdf, et que personne ne savait qui il était.
MF : Non, je ne savais pas qui il était.
CZ : Le premier Français à avoir été condamné pour crimes contre l’humanité !
MF : Oui, mais je ne le savais pas. Je suis désolé, mais c’est comme cela que les choses se sont passées.