Note du traducteur: l'anglais de Monseigneur Fellay étant souvent maladroit, nous avons voulu conserver ce style maladroit dans la traduction de ses propos.
La partie I est disponible ICI (avec la vidéo de tout l'entretien)
La partie II est disponible ICI
La partie I est disponible ICI (avec la vidéo de tout l'entretien)
La partie II est disponible ICI
Partie III : L'autorite du pape et le
Concile Vatican II
CZ :
Monseigneur Fellay, le Canon 218 dans le code de droit canon, le
connaissez-vous ?
MF : Dit
comme cela, non.
CZ : Il fut
autorisé par le Pape qui a donné son nom à votre organisation, Pie X. Laissez-moi
vous rafraichir la mémoire sur ce qu’il dit à propos de l’autorité du Pape. Il la définit comme la juridiction la plus suprême
et la plus complète à travers l’Eglise, à la fois en termes de foi et de
morale, et en ce qui concerne la discipline et le gouvernement de l’Eglise à
travers le monde. Pourquoi donc remettez-vous publiquement en
question l’autorité du Pape François?
MF : Ah mais
voyez-vous, nous ne remettons pas en question l’autorité [du Pape], ce que nous remettons en question sont
certains actes, faits avec plus ou moins d’autorité, jamais faits avec l’autorité
la plus haute, donc des actes…
CZ : Vatican
II dont vous remettez en question les réformes mises en place les années 60,
vous les rejetez et elles engagent tous les catholiques, vous le savez bien,
elles engagent tous les catholiques.
MF : Non,
elles n’engagent pas les catholiques. Si vous regardez les documents du
concile, même les évêques du concile ont demandé « Maintenant, dites-nous
si ce concile est infaillible ou non ». Et une partie des
documents du concile est une déclaration du Secrétaire du concile qui dit que est
infaillible dans le concile ce que le concile déclare être infaillible. Et
nulle part il ne fut dit qu’un document du Concile était infaillible. Bien sûr, est
infaillible ce qui a déjà été déclaré infaillible dans le passé, ce qui est
tout à fait normal, ce qui était un dogme dans le passé reste un dogme ;
mais le concile lui-même n’a pas voulu engager [les catholiques] avec l’infaillibilité.
CZ : Vous
avez dit, en octobre 2013, « la situation de l’Eglise est un vrai
désastre, et le pape actuel rend les choses dix mille fois pires ! »
Ceci est un immense manque de respect envers l’autorité de ce Pape, n’est-ce
pas ?
MF : Cela a
peut-être l’air de d’être un manque de respect, c’était seulement une déclaration.
CZ (d’un air outragé) : Monseigneur Fellay, bien sûr que c’est un manque de
respect !!!
MF : C’est
une déclaration.
CZ : Vous
l’appelez un désastre !!!
MF : Oui.
CZ : Contre
vos propres règles qui disent que « la Fraternité Saint Pie X se soumet
humblement à l’autorité du Pape et lui rend tout le respect dû à la tête de
l’Eglise de Dieu, » et ensuite vous l’appelez un désastre !
MF : Oui.
CZ : Ce
n’est pas rendre tout le respect dû à la tête de l’Église de Dieu, c’est une
insulte, n’est-ce pas ?
MF : Non, ce
n’est pas nécessairement une insulte. Et le pape…
CZ (interrompant):
C’est du respect pour vous ? C’est une marque de respect pour vous de
l’appeler un « désastre » ???
MF : Ce
n’est pas une insulte, c’est certainement une expression de désaccord, oui.
CZ : C’est
un peu plus que cela, n’est-ce pas ? « Il rend les choses dix mille
fois pires » !
MF : Oui,
bien sûr, c’est, disons, une expression rhétorique, je le reconnais.
CZ :
Pensez-vous que Pie X aurait accepté une telle insubordination de la part d’un
de ses évêques ? Un évêque qui a
été excommunie ? Il n’aurait pas accepté, n’est-ce pas ?
MF : Je
remets en cause le mot « insubordination », parce que ce n’est pas de
l’insubordination…
CZ : Un
manque de respect. Un manque de respect.
MF : Oui, on
peut dire que ce n’est pas la marque de respect le plus haut, mais lorsque je
le rencontre je lui montre certainement mon respect, oui.
CZ : Et
ensuite derrière son dos vous dites qu’il est un désastre.
MF : Non,
non, pas derrière son dos, c’était vraiment…
CZ : Mais
vous ne lui avez pas dit en personne, n’est-ce pas ?
MF : Non…
CZ : Alors
c’est derrière son dos !
MF : Non,
vous ne pouvez pas dire cela, parce qu’il le sait.
CZ : Mais on
dirait vraiment, Monseigneur Fellay, que vous choisissez les aspects de la
Tradition que vous aimez suivre.
MF : Donnez-moi
un exemple.
CZ : Et bien
je viens de vous en donner un : vous promettez de respecter la tête de
l’Eglise de Dieu et ensuite vous le traitez de désastre. D’autres aspects de la
Tradition, comme la messe tridentine, vous suivez. Donc vous choisissez quelles
règles de l’Eglise vous appliquez et celles que vous choisissez d’ignorer.
MF : Non,
non je ne suis pas d’accord avec vous. Parce que la raison sur laquelle je me
base lorsque j’accepte quelque chose ou que je dis « là j’ai un problème »,
sont les enseignements de l’Eglise, pas mon opinion. Je me base sur ce que l’Eglise a enseigné à
travers les siècles, dans le Magisterium, à travers les Papes. Et c’est
pourquoi nous exposons aux autorités de Rome notre problème, nous leur disons "nous aimerions
vous obéir, mais nous avons un problème de conscience parce que vous demandez le
contraire de ce que vos prédécesseurs ont dit".
CZ : Et à ce
moment-là votre humble soumission à l’autorité du Pape s’envole par la fenêtre.
MF : Non, je
n’irai pas jusque-là. Il faut comprendre les mots : « humble
soumission », a l’air, c’est vrai, très gentil, mais je pense que nous ne
comportons pas différemment de tout autre catholique. Je ne crois pas que notre
attitude ou notre opposition (?) envers le pape soit différente de celle de tout autre catholique.
CZ : Vous ne
croyez pas que c’est arrogant ?
MF : Non !
CZ : De
votre part ?
MF : Je ne
crois pas.
CZ : Vous
n’avez pas la responsabilité de l’Eglise ?
MF : J’ai…
CZ (interrompant) :
Vous n’avez pas la responsabilité du Vatican ? Vous et votre secte êtes
apparemment les seuls à connaitre le
seul vrai chemin du christianisme? Et des centaines de millions d’hommes,
cardinaux et le pape inclus, ne savent pas cela aussi bien que vous !
MF : C’est
une belle caricature que vous venez de faire ! Nous sommes en pourparlers
avec Rome, donc nous savons ce qu’ils pensent de nous. Et nous sommes en
pourparlers en ce moment. Pas seulement en ce moment.
CZ : Vous
êtes en pourparlers depuis des années avec Rome.
MF : Oui.
Donc nous savons ce qu’ils pensent. Et ils ne disent pas ce que vous avez dit.
Ils nous considèrent bien comme catholiques, pas comme une secte.
CZ : Vous
avez été excommuniés.
MF : Oui,
les 4 évêques.
CZ : Et
ensuite l’excommunication a été retirée.
MF : Oui,
c’est vrai.
CZ : Et l’excommunication
est la sanction ultime de l’Eglise catholique, n’est-ce pas ?
MF : Euh,
pour une personne oui, mais pas pour un groupe. Le groupe n’a jamais été
sanctionné.
CZ : Vous
aviez été prévenus que si vous alliez de l’avant avec les consécrations vous
seriez excommuniés, n’est-ce pas ?
MF : Oui,
c’est vrai.
CZ : Et
pourtant vous l’avez fait quand même, et vous vous êtes opposés à l’Eglise.
MF : Oui.
CZ : Et vous
ne vous repentez pas d’avoir fait cela ?
MF : Non, je
ne crois pas!