Sur le forum Fidélité catholique, CMS livre une intéressante analyse concernant la gestion, par le Supérieur du district de France, du cas de l’abbé Dominique Rousseau, qui vient de quitter la Fraternité Saint-Pie X pour protester contre l’arrivée de Mgr Huonder à Wangs (v. Reconquista du 8 juin).
Nous en reprenons ici le texte, pour l’information de nos lecteurs.
La situation de l’abbé de Jorna apparaît de plus en plus intenable.
Sans doute du fait des hésitations et des erreurs de son parcours antérieur, le Supérieur du district de France se trouve actuellement pris dans la tenaille de ses contradictions :
- On lui connaissait des positions très réservées, voire hostiles, au ralliement de la FSSPX à la Rome dite « conciliaire » : c’est lui, on le rappelle, qui avait dénoncé au Chapitre de 2012 la Déclaration controversée de Mgr Fellay du 15 avril précédent, reprochant à ce texte de promouvoir « l’herméneutique de la continuité » du pape Benoît XVI.
- On le devine au surplus fortement opposé à l’arrivée de Mgr Huonder dans l’école de la Fraternité à Wangs : dès l’annonce de l’événement en janvier 2019, le site de la Porte latine a republié intégralement– sans aucun motif annoncé ni commentaire explicatif ! – la longue Profession de foi de Mgr Salvador Lazo du 21 mai 1998, … message crypté en direction de Menzingen, on l’a compris, et de l'évêque candidat à la « retraite » dans les murs de Wangs.
- A l’inverse, il entretient couramment l’image d’un responsable soumis à sa hiérarchie : il n’a pas remis en cause la juridiction acceptée des mains du pape François pour les sacrements, il s’efforce de mettre en application le régime de délégation canonique pour les mariages et parcourt son district pour expliquer et convaincre ses confrères sur ce sujet difficile, il recherche les contacts avec les évêques français en vue de restaurer un climat de dialogue (peut-être aussi d’obtenir des lieux de culte), et tout récemment il a publié sans commentaire le «Communiqué conjoint » du 20 mai co-signé de Mgr Huonder et de l’abbé Pagliarani.
- Le plus souvent respectueux des orientations de ses Supérieurs, il a affiché dès l’origine une complète « ignorance » vis-à-vis de la « Résistance », de ses évêques, prêtres et fidèles, et il ne connaît plus depuis longtemps les dominicains d’Avrillé.
Mais la gestion du cas de l’abbé Dominique Rousseau vient à point révéler et souligner l’embarras, voire le désarroi, qui paralyse désormais l’abbé de Jorna face à une évolution qui, semble-t-il, lui échappe.
Dans sa circulaire à ses prêtres (voir ici), datée du 7 mai, mais diffusée le 7 juin (elle évoque en effet la « préparation de la Pentecôte »), il indique tout d’abord qu’il lui est fait un devoir d’annoncer… etc., ce qui signifie en bon français qu’il ne souhaite pas assumer la responsabilité d’informer l’opinion du départ de son confrère. Point de vue admissible, mais on se demande où se situe l’intérêt d’une telle formulation contournée, dès lors que le choix était déjà arrêté de se conformer aux instructions reçues de Suisse ?
Sous ces précisions formalistes, l’abbé de Jorna ne cache-t-il pas en réalité de graves réticences à l’égard de ses supérieurs sur le fond du dossier « Huonder », réticences dont il a cherché, par ce biais, à alerter ses confrères ?
Il énonce ensuite les termes, très forts, employés par l’abbé Rousseau pour expliquer son geste de rupture : « question de vérité », « loup dans la bergerie », situation « intolérable », alors que rien ne l’obligeait à sélectionner ces traits accusateurs sous la plume de son confrère, ni surtout à les relayer dans sa communication à l’ensemble des prêtres du district, donnant ainsi à ces accusations un écho dans la Fraternité que leur auteur n’aurait pas osé espérer !
A bien relire cette circulaire signée de l’abbé de Jorna, on en vient à supposer qu’il partage (en son for intérieur) le message de protestation de l’abbé Rousseau...
Que valent alors ses « regrets » sur ce « départ inopiné » ? Astucieux méandres de l’esprit ecclésiastique ?
Le Supérieur de district ne pouvait-il donc signifier clairement et simplement à sa hiérarchie qu’il n’est plus en phase avec les orientations actuelles de la Maison générale, et en avertir au moins les prêtres relevant de son autorité ?
Ses tergiversations et états d’âme étant de plus en plus déconcertants, on lui suggère d’y mettre bon ordre sans tarder… en suivant – pourquoi pas ? – l’exemple courageux de son confrère Rousseau.
« Que votre oui soit oui, et votre non soit non » !