lundi 18 novembre 2019

Dérive commentée

Par SE Mgr Williamson

Numéro DCXLIV (644) 16 novembre 2019 


La Fraternité suit le chemin faux du monde.
Qui pourra arrêter sa course vers la tombe ?



Les deux derniers numéros de ces « Commentaires » (642 et 643, des 2 et 9 novembre) ont suscité chez deux de nos lecteurs des observations pertinentes concernant l’état de la Fraternité Saint Pie X. La première information que nous donnions est que la néo-Fraternité semble vouloir rassembler sous sa seule autorité tous les Traditionalistes, qu’ils appartiennent ou non à cette Congrégation ; et la seconde est que les « discussions doctrinales » entre Rome et la FSSPX doivent être rouvertes à Rome, Mgr Fellay étant le responsable pour la FSSPX. Le premier observateur commente la tactique constante de la Révolution, le second évoque le sort qui menace Don Pagliarani. Voici ce qu’écrit le premier de nos lecteurs :

Ce sont là deux très mauvaises nouvelles. Bien que je n’en sois pas surpris, il est bien triste de voir la Fraternité livrée à la Rome apostate. Les avancées importantes de la Révolution suscitent toujours une résistance dans les rangs des catholiques. Mais dans le même temps, la Révolution organise également un faux semblant d’opposition propre à mener dans l’impasse ceux qui résistent. Je crains que la Fraternité ne soit prête à accueillir tous les catholiques qui résistent à l’apostat Bergoglio, justement pour que la Rome Conciliaire puisse mettre un terme à leur résistance. Il est tout à fait prévisible que cela se passera ainsi. Comme toujours, la seule arme à notre disposition est le chapelet pour la Consécration de la Russie. Que Dieu ait pitié de nous !

De tels propos n’ont rien à voir avec une quelconque « théorie du complot » ou avec les « fausses nouvelles ». Les meneurs à la tête de l’Église Conciliaire et du monde moderne, à qui Dieu accorde, pour l’instant, une puissance considérable afin de punir l’apostasie généralisée, ne sont pas des gens honnêtes qui peuvent se permettre d’opérer au grand jour. Trop souvent, il s’agit de véritables ennemis de Dieu, de révolutionnaires malhonnêtes, qui doivent conspirer et biaiser afin de cacher leurs manigances. Ainsi, chaque fois que des catholiques, non seulement innocents comme des colombes mais aussi prudents comme des serpents, (cf. Mt X, 16), dénoncent la ruse des révolutionnaires, ces derniers les accusent d’être des adeptes de « théories du complot », ce qui constitue une tricherie de plus, car habituellement les révolutionnaires accusent les autres de leurs propres fautes.

Prenons l’exemple de 1988, lorsque Mgr Lefebvre s’apprêtait à porter un grand coup aux libéraux en consacrant quatre évêques fidèles (à l’époque), pour assurer la survie de la Fraternité, et cela pour défendre la vraie foi. Que fit alors la Rome libérale ? Elle mit sur pied la Fraternité Saint-Pierre pour recevoir et neutraliser tous les prêtres de la FSSPX qui s’opposeraient aux sacres épiscopaux. De même, lorsque cet observateur suggère qu’en 2019, Rome est en train de transformer la Fraternité en un refuge destiné à tous les catholiques s’opposant au Pape François, afin de les placer tous sous le contrôle de Rome, il est fort improbable que ce soit là une « fausse nouvelle ». Les ennemis de Dieu ont pour caractéristique d’user des stratagèmes dont ils accusent ceux qui les dénoncent.

Quant au deuxième observateur, il est d’avis que Don Pagliarani est peut-être moins coupable que Mgr Fellay de sous-estimer les mauvaises intentions de Rome, mais il ajoute que si l’abbé Pagliarani continue à agir à la tête de la Fraternité comme le faisait son prédécesseur, c’est lui, Pagliarani, qui portera la responsabilité de paralyser la défense de la Foi dans la Fraternité. Car on ne peut lui faire crédit indéfiniment : le fait de continuer apparemment d’agir comme Mgr Fellay le rend de moins en moins innocent.
 Laissons la parole à notre deuxième observateur :

L’annonce que de nouvelles discussions doctrinales vont être menées à Rome par Mgr Fellay et ses anciens collaborateurs, ternit de manière inquiétante l’image de l’abbé Davide Pagliarani. Car même s’il n’est pas aussi accordiste que Mgr Fellay, il laisse à penser qu’il reste bloqué dans la même impasse que son prédécesseur. Donc ou il s’en libère au plus tôt, ou il va passer pour le fossoyeur de la Fraternité. Ce qu’à Dieu ne plaise ! Je prierai pour lui et pour la Fraternité, et je me tournerai vers Notre Dame pour lui ouvrir ses yeux et ceux de ses deux Assistants.

On remarquera que les deux observateurs voient dans la prière la seule solution. Humainement parlant, la Fraternité coule, même si pour le moment elle n’est pas encore complètement coulée. Mais si elle choisit de rallier la Rome moderniste, elle partagera le destin de l’Eglise conciliaire.

Kyrie eleison.