Nous publions cette brève analyse parue sur http://resistance.vraiforum.com/t689-Humanae-vitae-de-Paul-VI.htm . Cette étude mériterait sûrement un approfondissement en raison des graves conséquences familiales que la déclaration, au mieux ambiguë, de la FSSPX pourrait entraîner dans nos milieux. Si la FSSPX accepte en effet l'encyclique Humanae vitae sans aucune restriction, elle en accepte par conséquent les principes sous-jacents qui aboutiront tôt ou tard à des pratiques gravement contraceptives et miner la générosité des bonnes familles. Une étude très intéressante publiée dans "Le courrier de Rome" révélait d'ailleurs, il y a
quelques années, la pratique quasi universelle de l'usage de la méthode "naturelle" (contraceptive) dans les milieux ralliés.
PS de la rédaction : il y a de fieffés rusés libéraux à Menzingen ; ayant lu cette analyse sur Reconquista, le rédacteur de FSSPX-News s'est empressé de rajouter un paragraphe (au milieu du texte) pour tenter de relativiser la louange à l'encyclique. Tout en laissant la conclusion.
Encart rajouté par Menzingen en dernière minute pour s'adapter aux lecteurs venant de Reconquista. |
PS de la rédaction : il y a de fieffés rusés libéraux à Menzingen ; ayant lu cette analyse sur Reconquista, le rédacteur de FSSPX-News s'est empressé de rajouter un paragraphe (au milieu du texte) pour tenter de relativiser la louange à l'encyclique. Tout en laissant la conclusion.
A l'occasion des 50 ans de la publication de l'encyclique Humanae vitae de Paul VI sur la question de la contraception , le site officiel de la FSSPX revient une fois de plus sur le sacro-saint paradigme de l'herméneutique de la continuité inventé par Benoît XVI pour sauver le concile vatican II : "il faudrait lire et interpréter les documents conciliaires et post conciliaires dans la lumière de la tradition pour bien les lire". Même si Humanae vitae peut être lue sans trop de difficulté dans le sens de Casti connubii de Pie XI au moins dans ses conséquences, il est tout à fait aberrant de prétendre interpréter les principes conciliaires dans la lumière de la tradition. La seule alternative est de mettre "tout le concile à la poubelle" comme le disait (autrefois) Mgr Tissier de Mallerais. Parce que le concile est avant tout un esprit (maçonnique, libéral) dans lequel l'homme se trouve le principe et la fin.
Mais cette optique de rejet global et spirituel du concile n'est plus celle de la nouvelle FSSPX ...même post-chapitre 2018 semble-t-il.
Voici donc ce que nous lisons en conclusion de l'article tout à la louange d'Humanae vitae :
https://fsspx.news/fr/news-events/news/encyclique-humanae-vitae-cinquante-a…
citation :
"Aux héritiers de cette contestation, qui nous proposent aujourd’hui de “réinterpréter” Humanæ vitæ à la lumière d’Amoris lætitia (2016), nous répondons donc avec fermeté que nous continuerons à lire l’encyclique de Paul VI à la lumière de Casti connubii et du magistère pérenne de l’Eglise."
Pourquoi donc la Tradition Catholique ne devrait pas se référer à Humanae vitae de Paul VI ?
Le RP Marie Dominique avait publié une analyse d'une grande rigueur morale sur cette encyclique de Paul VI dans le sel de la Terre n°75. Contrairement aux affirmations de la maison générale de la FSSPX, il s'avère que cette encyclique s'appuie sur de mauvais principes même si les conclusions paraissent bonnes. Elle n'a donc pas du tout la force morale de l'encyclique de Pie XI sur cette question.
Extrait de l'étude sur Humanae vitae par le RP Marie Dominique O.P. :
Deuxième partie : principes doctrinaux d'Humanae Vitae (HV 7-18)Tout d’abord, est mise en premier « la communion [des époux] en vue d’un mutuel perfectionnement personnel (HV 8). » Paul VI en donnera lui- même l’explication : "Nous avons volontiers suivi la conception personnaliste propre à la doctrine conciliaire touchant la société conjugale, en donnant ainsi à l’amour qui l’engendre et l’alimente, la place prééminente qui lui revient dans l’évaluation du mariage." Le père Martelet S.J., l’un des principaux artisans de l’encyclique, commentera : "L’amour n’était plus défini d’abord par la procréation : son sens de communion conjugale passait au premier plan et commandait tout ce qui en résulte.Dans ce contexte, la procréation n’est bien sûr plus indiquée comme étant la fin primaire du mariage." Lorsqu’on lit le paragraphe 9 de Humanæ vitæ, on constate que la fécondité de l’amour ne vient qu’en dernier lieu dans une énumération qui compte quatre caractéristiques de l’union conjugale. A cet endroit, l’encyclique de 1968 ne paraît donc pas avoir tranché en faveur de la morale des manuels classiques. Il est utile de se rappeler ici le commentaire de Mgr Delhaye cité plus haut : "On a refusé de dire encore « la génération fin primaire » [...] dans le souci de laisser ouverte la question de la contraception."L’enfant n’est plus un bien du mariage, mais « le don le plus excellent » (HV 9) se référant explicitement à GS 50. On ne trouve d’autre part aucun encouragement clair aux familles nombreuses, et pour expliquer ce qu’il faut faire lorsque les époux sont dispensés du devoir de procréer, le pape n’emploie pas le mot de continence. L’expression « continence périodique » est remplacée par les mots – tout à fait exacts au demeurant – : « recours aux périodes infécondes » (HV 16) 3, et la continence totale n’est pas même envisagée. Évidemment, ce que tout le monde attendait, c’était la position du pape par rapport à la contraception. On avait encore en mémoire son discours au Sacré Collège du 23 juin 1964 : "Les règles données par le pape Pie XII à ce sujet doivent être considérées comme gardant toute leur valeur, du moins tant que nous ne nous sentirons pas en conscience obligé de les modifier (supra)".
On va alors arriver au paradoxe d’une encyclique qui, sur le fond d’une doctrine du mariage ouvrant la porte à un esprit contraceptif, va condamner la contraception.
Citons l’essentiel du texte :
L’Église, rappelant les hommes à l’observation de la loi naturelle, interprétée par sa constante doctrine, enseigne que tout acte matrimonial doit rester ouvert à la transmission de la vie (HV 11).
Cette doctrine, plusieurs fois exposée par le magistère, est fondée sur le lien indissoluble que Dieu a voulu et que l’homme ne peut rompre de son initiative, entre les deux significations de l’acte conjugal : union et procréation (HV 12). [...] Est exclue toute action qui, soit en prévision de l’acte conjugal, soit dans son déroulement, soit dans le développement de ses conséquences naturelles, se proposerait comme moyen de rendre impossible la procréation. [...] Il n’est pas permis, même pour de très graves raisons, de faire le mal afin qu’il en résulte un bien (Rm 3, 8), c’est-à-dire de prendre comme objet positif de volonté ce qui est intrinsèquement un désordre et par conséquent une chose indigne de la personne humaine, même avec l’intention de sauvegarder ou de promouvoir des biens individuels, familiaux ou sociaux. C’est donc une erreur de penser qu’un acte conjugal rendu volontairement infécond, et par conséquent intrinsèquement déshonnête, puisse être rendu honnête par l’ensemble d’une vie conjugale féconde (HV 14). Dans Casti connubii, le pape Pie XI ajoutait : Ceux qui auront commis quelque chose de pareil, se sont souillés d’une faute grave (supra). Paul VI évite cette qualification. Bien sûr, on pourra arguer que l’« intrinsèquement déshonnête » en un tel domaine, ne peut être qu’un péché mortel. Pie XI, qui avait employé l’expression plus forte : « intrinsèquement contre-nature », avait quand même tenu à préciser que la faute était grave. Est-ce un détail secondaire ? Il ne semble pas si l’on lit les commentateurs d’Humanæ vitæ : Le caractère de « péché mortel » que certains voulaient voir attribué aux transgressions n’apparaît pas avoir été retenu par Paul VI, écrit Jan Grootærs. [...] On ne peut pas dire que la sévérité de Casti connubii a été maintenue à cet égard. Et pourtant ce point avait fait l’objet de débats difficiles à la commission pontificale de 1965-1966. Cet avis est surtout partagé par le père Martelet S.J. que Paul VI lui- même, juste après la promulgation de l’encyclique, déclarait comme l’interprète officiel de sa pensée sur la morale conjugale : "Reconnaître, avec l’encyclique, que la contraception demeure un désordre objectif de l’amour, [...] ce n’est pas pour autant condamner les consciences des individus ou des couples qui s’engagent dans une telle pratique parce qu’ils ne voient pas comment, en fait, ils pourraient l’éviter." Une porte restait donc entrouverte, qu’une lecture rapide d’Humanæ vitæ ne remarque pas, mais que la plupart des épiscopats, et à leur suite nombre de prêtres, s’empresseront de franchir pour rassurer les couples onanistes. Cela n’avait pas été possible avec Casti connubii, justement grâce au verrou de la « faute grave » qu’avait tenu à mettre Pie XI. Autre faiblesse: l’absence de formule solennelle – qui tranche par exemple avec les enseignements de Pie XI et Pie XII sur ce sujet – servira de prétexte à plusieurs épiscopats pour nier l’infaillibilité de l’enseignement de Paul VI, et donc son caractère obligatoire ; argument malhonnête, puisque Paul VI ne faisait que réitérer une condamnation qui avait été faite solennellement et infailliblement par ses prédécesseurs. Mais c’est un autre verrou que Paul VI avait refusé de poser : Malgré l’insistance des conseillers les plus préoccupés d’affirmer l’autorité doctrinale du Saint-Père, la qualification « infaillible » de l’encyclique fut refusée par le pape lui-même. Pendant le dernier trimestre de 1967, il y eut un débat très vif à ce sujet entre d’une part l’évêque de Mayence, Mgr Reuss, et le cardinal Ottaviani d’autre part : ce débat avait rendu publique la tension qui existait à huis clos. Autre absence dans Humanæ vitæ : aucune mention n’est faite des adversaires de Notre-Seigneur, qui sont les principaux responsables de la dégradation actuelle de la morale conjugale. Pie XI fustigeait vigoureusement, dans Casti connubii ceux qui tournent en dérision la sainteté du mariage par la parole et par les écrits, par les représentations théâtrales de tout genre, par les romans, [...] les projections cinématographiques, les discours radiophoniques, [...] les livres que l’on ne craint pas de représenter comme des ouvrages scientifiques. [...] Tous les fau- teurs de ces doctrines nouvelles, [...] plus ou moins consciemment, sont les émissaires du pire des ennemis [Satan] Rien de cela dans Humanæ vitæ. Depuis Jean XXIII, les autorités officielles de l’Église sont persuadées qu’il n’y a plus d’ennemis. |