lundi 4 février 2019

Mgr Huonder versus Mgr Lazo

Mgr Lazo à Lourdes
Mise à jour de la parution du 3 février

Certaines personnes de la FSSPX, plutôt embarrassées par les réactions de la Fidélité catholique au sujet de l’arrivée prochaine d'un évêque conciliaire dans une école suisse de la Fraternité, essayent de se rassurer sur la portée de l’événement en prétextant que cet évêque ne serait là qu'en « résidence de retraite » . 

Hélas, les divers documents et photos publiés au sujet de Mgr Vitus Huonder ne semblent pas plaider pour sa vraie conversion à la Tradition, sans qu’il soit porté de jugement, bien sûr, sur les intentions profondes d’un évêque qui a peut-être subi à contre-cœur son épiscopat à Coire et les ultra-modernistes de son diocèse.

Mais une chose est d’être déçu par une expérience pastorale difficile, autre chose est de se convertir à l'authentique tradition de l’Eglise et de prêcher le bon combat catholique à la suite de Mgr Lefebvre. S’agissant d’un évêque, la dénonciation et le redressement des erreurs ambiantes qui menacent la foi des fidèles ne sont pas facultatifs !

Un passé pas très éloigné (mai 1998) nous a donné l’exemple d’une conversion radicale d’un évêque philippin, Mgr Salvador Lazo, suite à sa prise de conscience de l’apostasie en cours dans l’Eglise. Il a alors compris la nécessité du combat doctrinal pour défendre la Tradition contre Rome, et il a coupé matériellement, et surtout intellectuellement, avec ses confrères.

Voulant manifester sa rupture avec le modernisme, "égout collecteur de toutes les hérésies" selon Saint Pie X, et avec l’ensemble de ses manifestations « conciliaires » et « post-conciliaires », Mgr Lazo a prononcé publiquement une magnifique profession de foi.  Inutile de parler de la colère de Jean Paul II et des évêques philippins...

(L'attention du lecteur est attirée sur la conclusion de notre article, qui est très importante.  Voir ci-dessous)

Voici d'abord cette déclaration de foi qui a fait suite à une réunion inter-confessionnelle aux Philippines :


PROFESSION DE FOI DE MONSEIGNEUR LAZO

Le 8 mai 1998, le cardinal Sin, archevêque de Manille aux Philippines, a organisé une grande réunion inter-confessionnelle pour des élections pacifiques, invitant bouddhistes, musulmans, protestants, taoïstes, ainsi que des cultes indigènes, à prier dans la cathédrale de l'Immaculée Conception, renouvelant ainsi à Manille le scandale d'Assise.

Le 17 mai 1998, Monseigneur Salavador LAZO, évêque émérite de La Union, a envoyé une lettre ouverte au cardinal Sin, lui reprochant d'avoir transgressé publiquement le Premier Commandement de Dieu et lui rappelant les sanctions prévues par le Code de Droit Canon (suspicion d'hérésie, selon le canon 2316 du code de 1917..., imposition d'une peine juste suivant le nouveau code), ainsi que la menace de Notre-Seigneur de jeter dehors "le sel qui a perdu sa saveur". Il l'appelle à "revenir à la vraie foi catholique, la foi d'un Saint-Pie V, qui a vaincu à Lépante, d'un Pie XI qui, dans son encyclique Mortalium Animos a déjà condamné ce que vous venez de faire."

Le 18 mai, dans un communiqué de presse, il annonce qu'il fera le 24 mai une profession solennelle de Foi adressée à Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II, dans notre église Notre-Dame des Victoires, et invite la presse à couvrir l'événement.

Le dimanche 24 mai, après la sainte messe dans notre église, Monseigneur Lazo a donc fait cette profession solennelle de Foi, largement couverte par la presse. En voici le texte:

Ma Déclaration de Foi


A Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II 
Évêque de Rome et Vicaire de Jésus-Christ,
Successeur de saint Pierre, Prince des Apôtres,
Suprême Pontife de l'Eglise Universelle,
Patriarche d'Occident, Primat d'Italie,
Archevêque et Métropolitain de la Province de Rome,
Souverain de la Cité du Vatican. 
Jeudi de l'Ascension, 21 mai 1998 
Très Saint Père, 
En ce dixième anniversaire de la consécration de quatre évêques Catholiques par Son Excellence Monseigneur Marcel Lefebvre pour la survie de la Foi Catholique, par la grâce de Dieu, je déclare que je suis Catholique Romain. Ma religion a été fondée par Jésus Christ quand Il a dit à Pierre: "Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise." (Mat., 16,18)  
Saint Père, mon Credo est le Credo des Apôtres. Le dépôt de la Foi vient de Jésus-Christ et était complet à la mort du dernier Apôtre. Il a été confié à l'Eglise Catholique Romaine pour servir de guide pour le salut des âmes juqu'à la fin des temps. 
Saint Paul ordonna à Timothée: "Ô Timothée, garde le dépôts" (1, Tim., 6, 20), le dépôt de la Foi! 
Saint Père, il semble que Saint Paul me dit: "Garde le dépôt... Un dépôt c'est ce que l'on vous a confié, non ce que vous avez découvert. Vous l'avez reçu; vous ne l'avez pas tiré de votre propre fond. Il ne dépend pas de l'invention personnelle, mais de la doctrine. Il n'est pas pour votre usage privé, mais il appartient à la Tradition publique. Il ne vient pas de vous, mais il est venu à vous. Vis-à-vis de lui, vous ne pouvez agir comme son auteur, mais seulement comme son gardien. Vous n'en êtes pas l'initiateur, mais le disciple. Il ne vous appartient pas de le régler, mais d'être réglé par lui." (Saint Vincent de Lérins, Commonitorium, n° 22) 
Le Saint Concile de Vatican I enseigne que " la doctrine de Foi que Dieu a révélée n'a pas été proposée comme une découverte philosophique à faire progresser par la réflexion de l'homme, mais comme un dépôt divin confiée à l’Épouse du Christ pour qu'elle le garde fidèlement et le présente infailliblement. En conséquence, le sens des dogmes sacrés qui doit être conservé à perpétuité est celui que notre Mère la sainte Eglise a présenté une fois pour toutes et jamais il n'est loisible de s'en écarter sous le prétexte ou au nom d'une compréhension plus poussée." (Constitution Dogmatique Dei Filius, DzS 1800) 
"Le Saint-Esprit a été promis aux successeurs de Pierre, non pour qu'ils fassent connaître sous sa révélation une nouvelle doctrine, mais pour qu'avec son assistance ils gardent saintement et exposent fidèlement la Révélation transmise par les Apôtres, c'est-à-dire le dépôt de la Foi." (Vatican I, constitution dogmatique Pastor Aeternus, DzS 1836) 
De plus, "le pouvoir du Pape n'est pas illimité: non seulement il ne peut rien changer à ce qui est d'institution divine, par exemple, supprimer la juridiction épiscopale, mais, placé pour édifier et non pour détruire, il est tenu de par la loi naturelle à ne pas jeter la confusion dans le troupeau du Christ." (Dictionnaire de Théologie Catholique, t. II, col. 2039-2040) 
Saint Paul lui aussi affermissait ainsi la Foi de ses convertis: "Mais si nous ou un ange du Ciel vous prêchait un autre Evangile que celui que nous vous avons prêché, qu'il soit anathème!" (Gal., 1,8) 
Comme évêque catholique, voici brièvement ma position sur les réformes post-conciliaires du deuxième concile du Vatican. Si les réformes conciliaires sont conformes à la volonté de Jésus-Christ, alors je collaborerais volontiers à leur réalisation. Mais si les réformes conciliaires sont planifiées pour la destruction de la Religion Catholique fondée par Jésus-Christ, alors je refuse de donner ma coopération.

Saint Père, en 1969, une notification de Rome fut reçue à San Fernando, dans le diocèse de La Union. Elle disait que la messe latine tridentine devait être supprimée et que le Novus Ordo Missae devait être utilisé. Aucune raison n'était donnée. Du fait que l'ordre venait de Rome, il fut obéi sans protestations (Roma locuta est, causa finita est). 
J'ai pris ma retraite en 1993, 23 ans après ma consécration épiscopale. Depuis ma retraite, j'ai découvert la vraie raison de la suppression illégale de la messe latine traditionnelle. La messe ancienne était un obstacle à l'introduction de l’œcuménisme. La Messe Catholique contenait les dogmes catholiques, que les Protestants nient. Afin d'arriver à l'unité avec les sectes protestantes, la Messe latine Tridentine devait être mise au rancart et remplacée par le Novus Ordo Missae. 
Le Novus Ordo Missae fut composé par Mgr Annibale Bugnini, un franc-maçon. Six ministres protestants ont aidé Mgr Bugnini à la fabriquer. Les novateurs prirent soin qu'aucun dogme catholique, offensant aux oreilles protestantes, ne soit laissé dans les prières. Ils ont supprimé tout ce qui exprimait pleinement les dogmes catholiques et l'ont remplacé par des textes très ambigus de tendance protestante et hérétique. Ils ont même changé la forme de la Consécration donnée par Jésus-Christ. Avec de telles modifications, le nouveau rite de la Messe devint plus Protestant que Catholique. 
Les Protestants affirment que la Messe n'est qu'un simple repas, une simple communion, un simple banquet, un mémorial. Le Concile de Trente a insisté sur la réalité du sacrifice de la Messe, qui est le renouvellement non sanglant du sacrifice sanglant du Christ sur le Calvaire. "C'est pourquoi, Lui, notre Dieu et Seigneur, bien qu'Il allait s'offrir Lui-même une fois pour toutes à Dieu le Père sur l'autel de la Croix, [...] offrit à Dieu le Père son Corps et son Sang sous les espèces du pain et du vin lors de la dernière Cène, la nuit où Il fut livré, afin de laisser à l'Eglise, son épouse bien aimée, un sacrifice qui soit visible (comme l'exige la nature humaine), par lequel le sacrifice sanglant accompli une fois pour toutes sur la Croix puisse être présenté de nouveau" (DzS 938). La messe est aussi par voie de conséquence une communion au sacrifice qui vient d'être célébré : un banquet où l'on mange la Victime immolée en sacrifice. Mais s'il n'y a pas sacrifice, il n'y a pas communion avec Lui. La Messe est d'abord et avant tout un sacrifice et en second lieu une communion ou repas. 
On doit aussi remarquer que dans le Novus Ordo Missae, la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie est implicitement niée. La même observation est aussi vraie au sujet de la doctrine de l'Eglise sur la Transsubstantiation.

En relation avec cela, le prêtre, qui était autrefois un prêtre offrant un sacrifice, a été rabaissé dans le Novus Ordo Missae au rôle de président d'une assemblée. Maintenant il est le président de l'assemblée. Pour ce rôle il se tient face au peuple. Dans la Messe Traditionnelle au contraire, le prêtre se tient face au Tabernacle et à l'autel où se trouve le Christ. 
Après avoir pris conscience de ces changements, j'ai décidé d'arrêter de dire le nouveau rite de la Messe, que j'avais dit pendant plus de 27 ans en obéissance à mes supérieurs ecclésiastiques. Je suis revenu à la Messe latine Tridentine parce que c'est la Messe instituée par Jésus-Christ à la dernière Cène, le renouvellement non sanglant du sacrifice sanglant de Jésus-Christ sur le Calvaire. Cette messe de toujours a sanctifié des millions de chrétiens au cours des siècles. 
Saint Père, avec tout le respect que j'ai pour vous et pour le Saint Siège de Saint Pierre, je ne peux pas suivre votre enseignement personnel sur "le salut universel", il est en contradiction avec les Saintes Écritures. 
Saint Père, est-ce que tous les hommes seront sauvés ? Jésus-Christ voulait que tous les hommes soient rachetés. Il mourut de fait pour nous tous. Cependant tous les hommes ne seront pas sauvés, parce que tous les hommes ne remplissent pas les conditions nécessaires pour être au nombre des élus de Dieu au Ciel. 
Avant de monter au Ciel, Jésus-Christ confia à ses apôtres le devoir de prêcher l’Évangile à toute créature. Ses instructions indiquaient déjà que les âmes ne seraient pas toutes sauvées. Il dit: "Allez dans le monde entier et prêchez l’Évangile à toute créature. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui ne croira pas sera condamné." (Marc, 16, 15-16) 
Saint Paul tenait le même langage à ses convertis: "Ne savez-vous pas que les injustes ne posséderont pas le royaume de Dieu? Ne vous trompez pas: ni les fornicateurs, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les sodomites, ni les voleurs, ni les avides, ni les ivrognes, ni les injurieux, ni les bandits ne posséderont le Royaume de Dieu." (1, Cor., 6, 9-10) 
Saint Père, devons-nous respecter les fausses religions ? Jésus-Christ n'a fondé qu'une seule Église au sein de laquelle on peut être sauvé. C'est la Sainte Eglise Catholique Apostolique et Romaine. Quand Il donna toutes les doctrines et vérités nécessaires pour être sauvé, le Christ ne dit pas : "Respectez toutes les fausses religions." En fait, le Fils de Dieu a été crucifié sur la Croix parce qu'Il a été sans compromis dans ses enseignements. 
En 1910, dans sa lettre Notre Charge Apostolique, le Pape saint Pie X a mis en garde contre l'esprit interconfessionnel car il fait partie du grand mouvement d'apostasie organisé dans tous les pays pour une Eglise Mondiale. Le Pape Léon XIII a averti que "traiter toutes les religions de la même manière ... est calculé pour amener la ruine de toute forme de religion, et spécialement de la Religion Catholique qui, étant la seule vraie, ne peut sans grande injustice être regardée comme simplement égale aux autres religions." (Encyclique Humanum Genus). Le processus va DU CATHOLICISME AU PROTESTANTISME, DU PROTESTANTISME AU MODERNISME, DU MODERNISME A L' ATHEISME. 
L’œcuménisme, tel qu'il est pratiqué aujourd'hui, est diamétralement opposé à la doctrine et à la pratique Catholique Traditionnelle. Il ravale la seule vraie Religion, fondée par Notre-Seigneur, au même niveau que les religions fausses, œuvres des hommes - chose que les papes au cours des siècles ont strictement interdit aux Catholiques de faire. "Il est évident que le Siège Apostolique ne peut d'aucune façon prendre part à ces assemblées (œcuméniques), et qu'il n'est d'aucune manière permis aux Catholiques de donner à de telles entreprises leur encouragement ou soutien." (Pape Pie XI, Mortalium Animos) 
Je suis pour la Rome éternelle, la Rome des saints Pierre et Paul. Je ne veux pas suivre la Rome maçonnique. Le Pape Léon XIII a condamné la Franc-maçonnerie dans son encyclique Humanum Genus en 1884. 
Je n'accepte pas non plus la Rome moderniste. Le Pape Saint Pie X a condamné le modernisme dans son encyclique Pascendi Dominici Gregis, en 1907.

Je ne sers pas la Rome contrôlée par les Francs-maçons qui sont les agents de Lucifer, le Prince des démons. 
Mais je soutiens la Rome qui conduit l'Eglise Catholique fidèlement afin d'accomplir la volonté de Jésus-Christ, la glorification du Dieu trois fois saint, Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit. 
Je m'estime heureux d'avoir reçu en cette crise de l’Église Catholique la grâce d'être revenu à l’Église qui adhère à la Tradition Catholique. Dieu merci, je dis de nouveau la messe latine traditionnelle - la Messe instituée par Jésus à la dernière Cène, la Messe de mon ordination. 
Daignent la Bienheureuse Vierge Marie, Saint Joseph, Saint Antoine mon saint patron, Saint Michel et mon ange gardien m'aider à demeurer fidèle à l’Église Catholique fondée par Jésus-Christ pour le salut des hommes. 
Puissé-je obtenir la grâce de demeurer jusqu'à la mort dans le sein de la Sainte Église Catholique Apostolique et Romaine, qui adhère aux anciennes traditions et d'être toujours fidèle prêtre et évêque de Jésus-Christ, Fils de Dieu. 
Très respectueusement, 
Monseigneur Salvador L. Lazo, DD
Evêque émérite, Diocèse de San Fernando de La Union
Le texte original a été envoyé au Pape et au cardinal Sin, accompagné des documents suivants :
Déclaration de Monseigneur de Castro Mayer du 30 juin 1988 (Jour de la consécration des quatre évêques)
      Lettre ouverte au Pape, par Monseigneur Lefebvre et Monseigneur de Castro                      Mayer, du 21 novembre 1983 

Déclaration de Monseigneur Lefebvre du 21 novembre 1974  

"Quelques points de doctrine concernant les évêques" (Sur la sollicitude que les évêques doivent avoir pour l'Eglise Universelle)  

"Je rejette le Novus Ordo Missae (nouvelle messe) pour de nombreuses raisons", histoire du retour de Monseigneur Lazo à la Tradition Catholique. (dont on peut trouver le récit dans l'Angelus) 
Lire aussi le discours de Mgr Lazo à Ecône le 27 octobre 1996 dans "Le Sel de la Terre" N° 21
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Conclusion : 


Nous attendons que Mgr Huonder fasse comme son confrère Mgr Lazo, et subisse les foudres de François.

Les fidèles n'ont que faire de la publication de professions de foi en copier-coller comme celle de Mgr Lazo, parue bizarrement aujourd'hui même sur le site de la Porte latine.

Ce qu'on attend d'un évêque catholique, c'est :

1° Qu'il soit validement ordonné prêtre et évêque (les nouveaux rites sont au moins douteux), autrement dit que Mgr Huonder soit au minimum réordonné et sacré sous condition.

2° Qu'il fasse de lui-même une profession de foi nettement antimoderniste,... une publication sur la Porte latine ne l'engageant en rien bien évidemment.