mardi 26 février 2019

Peut-on parler d'un communiqué hypocrite ?

Le pape à Abu Dhabi le 5 février 2019
Certains fidèles ont pu se réjouir en découvrant le dernier communiqué de la maison générale de la FSSPX au sujet du scandaleux document sur "la fraternité humaine" signé par François à Abu Dhabi début février. Mais notons que ce communiqué est paru plus de 20 jours (!) après ce scandale, ce qui lui enlève toute influence dans le monde catholique et même s'il contient quelques éléments intéressants, qui ne verrait dans ce communiqué une habile hypocrisie cléricale ?

Analyse de CMS :  

Vous avez dit « hypocrisie » ?

Un communiqué alambiqué
Mais Menzingen protestera que la Fraternité a toujours dénoncé et continuera à dénoncer le pape et les mondialistes qui sont derrière lui ! Pour vous en convaincre, il suffit de vous reporter à l’autre document « De l’utopie à l’hérésie » publié à la même date sur le site FSSPX-News : on y parle des condamnations de Saint Pie X contre le Sillon de Marc Sangnier, des utopies d’un nouvel humanisme démocratique, et on montre la filiation entre ce courant de pensée né en France au début du 20ème siècle et les dérives de Vatican II sur la construction de la paix universelle par les embrassades interreligieuses dans un monde de tolérance,  de  coexistence  et  de  paix ! Le document évoque en clair la déclaration conciliaire Dignitatis humanae comme l’aboutissement du programme de la maçonnerie. Et à propos du texte signé à Abu Dhabi début février, les mots « hérésie » et « blasphème » sont écrits en toutes lettres… N’est-ce pas courageux ? Que demande-t-on de plus ?

Mais ce qu’il faut décrypter dans la démarche des Supérieurs de la Fraternité, c’est le communiqué lui-même, signé du Supérieur général et de ses deux assistants : pièce officielle portant le véritable message de la Maison générale, ce texte est beaucoup plus discret sur les sujets épineux :

Citation 
De tels propos s’opposent au dogme qui affirme que la religion catholique est l’unique vraie religion (cf. Syllabus, proposition 21). S’il s’agit d’un dogme, ce qui s’y oppose porte le nom d’hérésie. Dieu ne peut pas se contredire. A la suite de saint Paul et de notre vénéré fondateur, Mgr Marcel Lefebvre, sous la protection de Notre Dame, Reine de la Paix, nous continuerons à transmettre la foi catholique que nous avons reçue (cf. 1 Co 11, 23), en travaillant de toutes nos forces au salut des âmes et des nations, par la prédication de la vraie foi et de la vraie religion.

On remarquera la formulation alambiquée « s’il s’agit d’un dogme, ce qui s’y oppose…», prudente circonlocution !

Dans sa déclaration de 1974, Mgr Lefebvre écrivait énergiquement : « Cette Réforme (…) sort de l’hérésie et aboutit à l’hérésie », et il imposait un « refus catégorique »… « pour notre salut » !

Il ne suffit plus, 45 ans après, de renouveler des déclarations de pieuses et bonnes intentions du genre « continuer à transmettre... », « travailler … par la prédication de la vraie foi et de la vraie religion » (d’autres le font aussi, à leur façon : les instituts « ralliés », les Cardinaux Burke et Müller, Mgr Schneider, etc.) … si c’est au final pour s’abstenir, en toute lâcheté, d’affronter personnellement le pape dans une remontrance publique sur ses hérésies, et exiger de lui une solennelle profession de foi catholique ! 

En réalité, on « ménage » secrètement François, on ne l’attaque pas frontalement, on choisit les mots et surtout les silences…

Car c’est de sa « miséricorde » et de ses « gestes paternels » qu’on tient la juridiction sur les sacrements depuis 2015, et l'on ne veut pas renoncer à ce cadeau pontifical - qu’on refuse obstinément de voir comme le « cheval de Troie » introduit par Rome dans la FSSPX -, sachant pourtant que cette renonciation serait un coup de tonnerre qui retentirait jusque dans le bureau du pape ! A sa colère, on pourrait alors juger si François se "moque" vraiment des procédures et du droit canon autant qu'on le prétend.

Rappelons aussi que l’abbé Pagliarani est toujours demandeur d’une reprise des fameuses « discussions doctrinales » avec la Congrégation pour la doctrine de la foi (cf. ses entretiens du 22 novembre 2018 à Rome) dans la perspective d’une régularisation canonique complète : démarche sans issue vu la situation actuelle de l’Eglise évidemment, mais « enfumage » efficace pour faire patienter l’opinion, et donner l’illusion qu’on « résiste » au pape plus intelligemment que ne le fait « la Résistance ».

On connaît la musique depuis près de vingt ans que dure l’opération de rapprochement avec Rome : quand la néo-Fraternité est acculée par les circonstances, elle se recadre sur ses positions historiques de défense de la foi, de la morale, du dogme et de la tradition catholiques… mais elle ne revient jamais sur ses erreurs passées, et surtout elle prend soin de laisser ouvertes les pistes encore possibles d’un accord avec la Rome conciliaire (non convertie).

Les procédés obliques de Mgr Fellay ont laissé là des traces indélébiles.

« Avoir plusieurs fers au feu » dit le proverbe. Les interlocuteurs romains comprennent très bien les messages codés.

C’est là surtout que se cache, à Menzingen comme à Rome, l’« habile hypocrisie cléricale ».

Merci à certains de l’avoir dénoncée, car il faut que les masques tombent, et que désormais « oui » soit « oui », et « non » soit « non »

CMS