mercredi 22 novembre 2017

Miles Christi XV (Partie II)

Dans cette seconde partie, M l'abbé Chazal met le doigt sur le chaos juridique de l'actuelle FSSPX entre autre sur la question des confessions et des mariages. Et le responsable de cette situation.

lien vers la première partie
lien vers la troisième partie


Monseigneur Fellay

« Qui croyez-vous qu’il trompe ? », pourriez-vous dire. 2017 est l’année même où il établit en règle, au niveau mondial, la demande aux diocèses pour obtenir la délégation officielle du Novus Ordo, pour célébrer les mariages célébrés avec la juridiction de suppléance. La juridiction de suppléance a été utilisée pendant de longues années précisément pour échapper à la notion frauduleuse du Novus Ordo au sujet du mariage, et en particulier la pratique du Novus Ordo des annulations, qui étaient en fait des divorces.  Dans son dernier  Cor Unum , Monseigneur Fellay écrit que c’est une erreur de dire : « Nous n’avons pas besoin d’une délégation (diocésaine) pour les mariages » et « L’acceptation d’une délégation pour les mariages signifie l’acceptation des nouveautés de Vatican II ».


Et donc Monseigneur Fellay pense qu’il trompe aussi les chanceliers (et chancelières) diocésains du Novus Ordo quand il va leur demander une délégation de mariage.  Ces officiels vont accorder des mariages suivant les règles traditionnelles de L’Église alors qu’ils ne le font pas de manière extérieure; ou alors ils comprennent tous que nous avons nos propres règles pour les mariages, diamétralement opposées aux leurs, mais ils vont faire la sourde oreille à cause "des avancées en faveur de la Tradition" (sic). Bien sûr, les couples fragiles, dont le mariage est en difficulté, ne se tourneront jamais vers l’église officielle pour obtenir une annulation de mariage, à partir du fait que ce mariage a été célébré par l’autorité du Diocèse. En outre, nous disposons des cas de diocèses imposant leurs "préparations au mariage" aux couples de la Fraternité; et nous avons aussi le cas des futurs qu’un prêtre de la Fraternité a refusé de marier parce que ceux-ci refusent la délégation progressiste. Pour les prêtres de la Fraternité, ou du moins, pour certains, c’est un tourment. L’abbé Morgan a quitté la Fraternité récemment à cause de ce problème et il a rejoint la Résistance.

Donc pour aplanir les difficultés, l’abbé André, l’expert canonique du district de France, a établi une liste de tous les diocèses de France, consentant à accorder des délégations, non-consentant ou semi-consentant.  Il reprend tous les mariages et simplement notifie au prieuré local que le mariage est possible en vertu de telle ou telle juridiction. Le Frankenstein canonique auquel je faisais référence auparavant est bien vivant et actif.  Et donc à la question « Qui donc pense-t-il tromper ? », la réponse est « Tout le monde : le Pape, les diocèses, les chanceliers, chancelières, mariés, célébrants, parents, fidèles et les autres signataires de la Correctio Filialis ».

Mais, peut-être, qu’il ne nous trompe pas, nous. Ce fut une bonne tentative en effet car les fidèles sont très, très préoccupés par la nouvelle conception de mariage.

Le mérite du dernier Cor Unum est que Mgr Fellay présente sa position très clairement : "Nous n'avons jamais refusé de reconnaître les actes du Pape lorsqu'ils sont légitimes."   "C'est une erreur de fond de penser qu'il n'y a rien de bon à attendre de l'Eglise officielle, purement et simplement identifiée avec l'église conciliaire ou moderniste."
"Nous devons garder le principe que nous recevons de la hiérarchie catholique et du pape en particulier, mais aussi des évêques, tous les moyens de sanctification".  Et s'ensuit alors toute une litanie des bons côtés de la fausse restauration, Mgr Pozzo, la Fraternité Saint Pierre, etc.

Mais est-il vrai que nous pouvons recevoir des actes de juridiction de gens suspects d’hérésies ? La réponse est non ; canons 2232 et 2264 : l’hérétique ou l’excommunié (latae sententiae), qui n’a pas reçu une condamnation, bénéfice encore d’une juridiction valide mais il ne peut pas l’exercer ni licitement ni légalement. Donc dans le domaine de la validité pure, Mgr Fellay peut avoir raison, cependant la loi lui défend de se soumettre et d’utiliser la juridiction de sujets hérétiques. C’est simplement comme pour la nouvelle messe ; valide, sans doute, mais certainement pas licite.

Le simple fidèle a de la difficulté à comprendre le binôme valide/licite, et pourtant c’est vital.  Nous n’avons aucun droit, aucune permission de nous placer sous des hérétiques, car la loi de L’Église est toujours pour la protection de la Foi. Les évêques ariens étaient ariens au temps de Saint Athanase et pourtant les catholiques les fuyaient avant qu’ils ne soient déposés.  Les fidèles qui comptaient pour rien les actes du patriarche Nestorius furent mis hors de cause par le Pape Célestin.

Inversement, les officialités diocésaines comptent pour rien nos mariages; puisque Mgr Fellay croit seulement à moitié dans l’état de nécessité, pourquoi devraient-elles seulement y croire? 

Ont-elles procédé avec le Novus Ordo à une « sanatio in radice » (guérison à la racine) des milliers de mariages de la FSSPX ? Non. Vont-elles considérer comme valides les mariages célébrés par la FSSPX sans leur délégation ? Sans doute que non puisque c’est la FSSPX qui a commencé à aller dans leur direction et ce n’est pas l’inverse qui s’est produit.  Est-ce que les membres et fidèles de la FSSPX ne vont pas être dans la confusion à propos de validité et licéité, les conservateurs attaquant les délégations suspectes du Novus Ordo et les libéraux doutant de la validité des mariages qui n’ont pas reçu la délégation officielle. La même chose s’applique aux prêtres de la Fraternité.

Et qu’en est-il des cas de mariage ? Est-ce que la Fraternité va continuer à les traiter en première et seconde instance ?  La FSSPX va-t-elle marier des gens qui ont reçu une annulation de mariage de leur diocèse ?  J'aimerais beaucoup rencontrer un prêtre de la FSSPX à l'improviste pour lui poser candidement des questions, spécialement après notre expérience où, à propos des confessions, trois prêtres d’un même prieuré ont donné des réponses opposées à la question : « Selon quelle juridiction, donnez-vous l’absolution des péchés aujourd’hui ? »

Prêtre numéro 1 : « Par la juridiction de suppléance »

Prêtre numéro 2 : « Attendez, je vais demander à mes supérieurs et je vais vous revenir là-dessus » Quelques jours plus tard : « De par délégation du Pape François. »

Prêtre numéro 3 : « Je ne vous répondrai pas car vous allez instrumentaliser ma réponse »

Seul le premier prêtre a donné la bonne réponse bien sûr, mais peut-il vraiment répondre ainsi, puisque dans son dernier Cor Unum, Mgr Fellay nie qu’on puisse douter qu’une hiérarchie hérétique aie juridiction, or c’est précisément ce qui nous permet de nous prévaloir de la juridiction de suppléance du canon #209.

La confusion est telle que les confessionnaux de la FSSPX devraient être pourvus de ces trois indicateurs : une lumière verte pour indiquer que le prêtre a recours à la bonne vieille juridiction de suppléance ; la lumière orange pour signifier qu’il ne sait pas, qu’il ne veut pas savoir ou ne veut pas que vous sachiez ; et une lumière rouge, conforme avec les récentes directives de Menzingen pour certifier que sa juridiction provient du diocèse et du Pape François. Il pourrait y en avoir certains qui disent qu’ils utilisent la juridiction de suppléance par défaut si le Novus Ordo le refuse : c’est ce que fait l’abbé André avec les mariages, mais le problème avec cela, c'est que le canon 209 déclare qu’il doit y avoir un doute ou une erreur courante, ce qui n’est pas le cas, puisque la néo-FSSPX proteste que le Novus Ordo a juridiction et le reconnaît sans erreur depuis 2000, 2005, ou au moins depuis 2012. Ceux qui jouent ainsi avec l’interrupteur des lumières devraient recevoir une fessée et rester avec la lumière orange.

Cela pourrait aider de faire une enquête (ci-dessous) pour trouver les verts pâturages et pour partir à la chasse des orangistes et des rouges. Au cas où le sujet refuse de répondre, simplement prenez la réponse numéro 2 et apposez-y son nom.

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Cher monsieur l’abbé ..., puisque que la juridiction est nécessaire pour la validité des sacrements, et j’ai le droit de savoir d’après quelle autorisation vous exercez votre ministère, L’Église étant une société juridique visible, puis je me permettre de vous demander la question suivante.

A. Selon quelle juridiction, entendez-vous les confessions ? 
  1. Juridiction de suppléance
  2. Ne sait pas ou ne veut pas que vous sachiez
  3. Juridiction du Novus Ordo
B. Selon quelle juridiction célébrez-vous les mariages ? 
  1. Juridiction de suppléance
  2. Ne sait pas ou ne veut pas que vous sachiez
  3. Délégation officielle du diocèse
C. Plusieurs de vos confrères répondent différemment ; qui est responsable de ce désordre ? 
  1. Menzingen
  2. J'ai trop peur ou je suis trop confus pour le dire
  3. Les temps ont changé à Rome