Après les deux premières parties, que vous pouvez lire ici et là, Don Nitoglia tire les conclusions pratiques pour notre époque et la crise que nous traversons.
http://doncurzionitoglia.net/2016/10/19/modernismo-perverso/
PARTIE III
Qu’est-ce qu’un accord ?
Qu’est-ce qu’un accord ?
« Faire un accord » signifie « uniformiser
les idées, opinions, afin d’éviter les conflits, d’avoir les mêmes principes,
les mêmes points de vue et la même façon de faire les choses. (N.Zingarelli) « Accord » veut dire « union
harmonieuse de sentiments, opinions, idées » (N.Zingarelli) En bref, un accord présuppose que les deux
parties se mettent … en accord. Sous
peu, il n’y a donc pas possibilité d’accord entre modernisme et catholicisme,
au contraire il y a une divergence diamétrale dans tous les domaines. A Saint Paul, il a été révélé : « Quel
accord entre le Christ et Bélial ? » (II Cor.,VI,15)
Un accord unilatéral
peut-il exister ?
Non, parce que, par définition, dans l’accord, les deux
parties se mettent d’accord, même si la manifestation de la volonté de
s’accorder vient d’un seul côté et est donc « unilatéral » au point
de départ, mais il devient bilatéral au point d’arrivée.
Donc, nous devrions parler de reconnaissance juridique ou
canonique. La reconnaissance canonique
est un acte juridique, ce qui suppose une partie principale et supérieure,
ayant autorité et domination, et une partie secondaire et inférieure, soumise à
l’autorité qui est reconnue. Mais dans
notre cas, c’est le Saint-Siège qui reconnaît et les traditionalistes sont
reconnus. Il serait impensable de croire
que les traditionalistes reconnaissent et acceptent le Saint-Siège, qui, par
définition, est premier : il n’a aucune autorité humaine au-dessus de lui.
Donc si « la reconnaissance juridique » est
unilatérale, cela ne signifie pas que la partie reconnue ne doit rien à la
partie qui la reconnaît ; en effet, par définition, elle a accepté une
reconnaissance qui est donnée unilatéralement ou seulement de la part du
Saint-Siège qui doit alors être payé d’obéissance. Le mot « unilatéral » est un
sophisme utilisé par les modernistes pour faire tomber les traditionalistes
dans le piège. Cela ne signifie pas que le Saint-Siège concède tout et que les
traditionalistes ne devraient rien ; au contraire, le Saint-Siège remplit
le rôle du lion et les traditionalistes, celui de l’agneau. Prenons un exemple concret : si un
usurier, gentiment et « unilatéralement », m’offre une somme de 100
millions d’euros et que je l’accepte, cela ne signifie pas que, par la suite,
je ne devrai pas rendre à l’usurier, non seulement la somme prêtée, mais aussi
les intérêts lesquels, par la nature même de l’offre « unilatérale »,
deviennent de plus en plus exorbitants jusqu’à m’étrangler. (C’est pour ce motif qu’un usurier est dit
« étrangleur ») Dans notre
cas, la partie reconnue devrait à la partie supérieure, qui lui a accordé une
reconnaissance, l’obéissance et la soumission, comme cela se passe entre en
subordonné et son supérieur. Donc si la
concession est donnée « unilatéralement », par la suite, une fois
acceptée, on se trouve face à une situation devenue bilatérale par la nature
des choses. Par conséquent, la
concession « unilatérale » impliquera immanquablement des conséquences
juridiques de rapport entre le sujet subordonné ou subalterne et le
supérieur. Or c’est le subordonné qui
obéit et le supérieur qui commande.
C’est une contradiction dans les termes de parler de la
pleine reconnaissance des traditionalistes par le Saint-Siège et d’indépendance
absolue de ceux-ci vis-à-vis de l’autorité.
Mais un traditionaliste subordonné à un moderniste, c’est comme une
souris dans la bouche du chat.
Existe-t-il un danger
réel de schisme ?
Le schisme existe quand on refuse l’autorité du Pape,
c’est-à-dire quand on ne le reconnaît pas comme le Vicaire du Christ, ayant le
pouvoir suprême, immédiat et direct sur l’Eglise universelle. La désobéissance aux ordres du Pape, si elle
ne comporte pas la négation de sa Primauté de juridiction, mais est faite seulement pour ne pas accomplir
ce qui vient d’être commandé, n’est pas un péché de schisme, mais de
désobéissance. (cfr. L. Billot,
De Ecclesia Christi, Rome, Gregoriana, V ed., 1927, vol. I, Thesis XII, p. 310
ss. ; S. Thomas d’Aquin, S. Th., II-II, q. 39; Cajetan, In Summ. Th., in
IIam-IIae, q. 39)
Or l’hérésie rompt le lien de la Foi, au contraire du
schisme qui rompt celui de la Charité, mais l’unité de la Foi précède et
présuppose l’unité de Charité. (Léon XIII, Encyclique Satis cognitum, 1896; Pie
XI, Encyclique Mortalium animos, 1928)
Il est donc clair que l’unité de la Foi prévaut et l’emporte
sur celle de la Charité. Pour cette
raison, si on n’obéit pas à des ordres, directives ou exhortations qui vont
contre la Foi, non seulement il n’y a pas schisme, mais l’acte est juste car
obéir porterait atteinte à la Foi.
On le voit aussi chez Saint Thomas d’Aquin (S Th, II-II, q
10, a 10) Il se pose la question « si on peut avoir des supérieurs
infidèles » et il répond « que cela ne doit être permis en aucune
manière » parce que ce serait très dangereux pour la Foi des
subordonnés. En outre (St Th, II-II, q
12, a 1 et 2) il enseigne que suivre un chef qui a dévié de la Foi est très
dangereux pour l’âme des subordonnés.
Alors, si ce pouvoir est une autorité spirituelle qui n’a pas de
supérieur humain, comme celle du Pape, à plus forte raison, la subordination
est très très dangereuse si son enseignement n’est pas conforme à la doctrine
traditionnelle de l’Eglise, comme cela se passe dans le milieu ecclésiastique
depuis Jean XXIII et surtout aujourd’hui avec François Ier. Il faut donc « faire ce que l’Eglise a
toujours fait en période de crise et de confusion qui a envahi toute
l’Eglise » (St Vincent de Lérins, Commonitorio, III, 15) et attendre que
la tranquillité revienne, et ainsi l’accord viendra spontanément. Si on marche dans les ténèbres en montagne,
on trébuche et on tombe ; pour cette raison, il faut attendre la lumière
du jour pour reprendre la marche. Saint
Ignace de Loyola, dans ses exercices spirituels (Règle sur le discernement des
esprits, n°318), conseille de ne jamais changer de résolution pendant la
période de ténèbres spirituelles, mais de rester fort et constant dans la
détermination et la résolution dans lesquelles on se trouvait avant
l’obscurité, car dans la lumière, le Bon esprit nous guide et dans les
ténèbres, c’est l’esprit mauvais.
Refuser aujourd’hui, pour une certaine période de temps
jusqu’au retour de la lumière, un accord avec les ultra-modernistes n’est pas
une attitude schismatique parce qu’elle est fondée sur de graves motivations de
Foi et de morale, qui nous obligent à ne pas suivre le courant ecclésiastique
actuel. Il faut savoir attendre aussi
longtemps que Dieu permettra que dure la crise.
Il ne faut pas se décourager, ni dévier à gauche (un accord prématuré et
malhonnête), ni à droite (en déclarant que le Pape régnant est hérétique et
déposé ipso facto). Ce sont les deux
chemins que quelques traditionalistes (et dans certains cas, paradoxalement, ce
sont les mêmes) prennent aujourd’hui. Le
danger majeur auquel nous sommes confrontés aujourd’hui, ce n’est pas le
schisme qui est agité, par le mondialisme maçonnique et moderniste, comme un
épouvantail pour nous inciter à faire un faux-pas. Non !
Le vrai danger, c’est de perdre la Foi « sans laquelle il est
impossible de plaire à Dieu » (Héb, XI,6)
Conclusion
Un accord pratique avec le néo-modernisme, au minimum,
conduirait inévitablement, peu à peu, à l’enfermement de la Tradition dans la
sacristie avec la reconnaissance officielle par le modernisme, comme cela s’est
produit avec les Indiens d’Amérique enfermés dans les réserves par les WASP
(blanc, anglo-saxon, protestant), qui sont régulièrement reconnus et réduits à
un minimum comme un phénomène folklorique à montrer aux touristes. Mais l’esprit catholique « ne se
laissera jamais enfermer entre les quatre murs du temple. La séparation entre la religion et la vie,
entre l’Eglise et le monde est contraire à l’idéal chrétien et catholique »
(Pie XII, Discours aux curés et prédicateurs de Carême de Rome, 16-03-1946)