jeudi 3 juin 2021

Paul Aulagnier, R.I.P.

Commentaire Eleison n° 724 - 29 mai 2021 


Mgr Williamson, tel un véritable évêque catholique (c'est-à- dire universel) - loin du sectarisme et de l'esprit de boutique - sait rendre à César ce qui est à César, remercie M. l'abbé Paul Aulagnier pour son courage et son enthousiasme qui ont souvent décidé Mgr Lefebvre à accomplir de grandes œuvres salvatrices pour l'Eglise.

Grâce à Paul Aulagnier, nous jouissons de la Foi 
Pour qu’il repose en paix, unissons tous nos voix.

Il y a trois semaines, s’éteignait en France l’abbé Paul Aulagnier, prêtre de l’ex-Fraternité Saint-Pie X. Nous tous, avons vis-à-vis de lui, une dette immense ; car il fut un soutien décisif pour Mgr Lefebvre tout au long des années de la fondation et de la construction de la Fraternité St-Pie X. D’après moi, l’abbé n’a jamais été plus heureux que durant ces années-là, de par la doctrine si fidèle de l’Archevêque et de son leadership si humain. L’abbé Aulagnier y puisait une inspiration lui permettant d’agir d’une manière profondément catholique. Ce fut moins le cas pour un certain nombre d’entre nous, en 1991, après la mort de l’exceptionnel Archevêque. De fait, l’abbé Aulagnier se sépara de la Fraternité en 2003. Peut-être a-t-il continué par la suite à servir la tradition catholique sous diverses formes ? Mais son archevêque vénéré et bien-aimé lui a sûrement manqué.

La vocation de l’Abbé Aulagnier a débuté au prestigieux Séminaire français de Rome, immédiatement après le désastreux Concile  Vatican II, au moment même où celui-ci était ébranlé dans ses fondements. Plusieurs séminaristes ont fui pour trouver refuge dans le séminaire catholique que l’archevêque essayait d’ériger à Fribourg, en Suisse. Mais, dans ces temps mouvementés, les débuts furent si difficiles que l’Archevêque, après une première année, pensa abandonner. C’est alors que les séminaristes Aulagnier et Tissier entrèrent dans l’histoire de l’Eglise. Tous deux persuadèrent l’archevêque de persévérer. Les vocations se multiplièrent alors, et le Séminaire prospéra si bien que Mgr Lefebvre parvint, dans ces années sombres, à sauvegarder la Tradition catholique en maintenant la Doctrine, la Messe, les Sacrements et le Sacerdoce, en attendant des jours meilleurs. Sans Écône, que resterait-il aujourd’hui ? Telle est la dette majeure que nous devons à l’Abbé et à Mgr Tissier.

Après avoir rejoint l’Archevêque en 1969, l’abbé fut ordonné prêtre en 1971 ; il devint le bras droit de Monseigneur, en tant que Premier Assistant de la Fraternité, de 1973 à 1982, puis fut nommé Supérieur du District de France de 1976 à 1994, soit dix-huit années durant lesquelles l’abbé n’a cessé de parcourir la France pour construire avec l’Archevêque le réseau de prieurés, d’écoles, de couvents et d’autres œuvres, qui ont jeté les bases de la présence et du rayonnement de la Fraternité en France jusqu’à aujourd’hui. On peut dire que c’est la période de sa vie où il fut le plus heureux et le plus fécond. Partout, il communiquait aux âmes le bon sens et la bonne humeur.

La vie sacerdotale de l’abbé Aulagnier ne s’est pas bornée à recevoir de son Archevêque : en 1970, il encouragea Monseigneur à fonder à la fois le Séminaire sacerdotal d’Écône et la Fraternité Saint-Pie X, afin d’encadrer l’apostolat des prêtres qui seraient ordonnés mais qui se verraient refuser tout encadrement de leur ministère par l’Église officielle, puisqu’elle-même était désormais livrée à la religion conciliaire. Et voilà ce qui s’est passé.

En 1976, à Écône, Mgr Lefebvre était à la veille de procéder à l’ordination historique d’un premier contingent important de prêtres. Or, c’est à la porte de l’abbé Aulagnier que Monseigneur vint frapper, dans un moment d’hésitation, avant de poser ce geste décisif. Et ce sont les encouragements de l’abbé qui ont finalement décidé l’Archevêque. Encore une fois, où en seraient aujourd’hui le sacerdoce et l’Église si l’un ou l’autre avait failli ?

Fin mai 1988, l’archevêque invita à une réunion, dans le centre de la France, un grand nombre de prêtres et de religieuses, comptant parmi les principaux défenseurs de la Tradition catholique. Le but de Monseigneur était de savoir s’il devait aller de l’avant en juin en consacrant, sans permission officielle de Rome, des Evêques pour la Tradition. Quant aux religieuses, de la première à la dernière, toutes se montrèrent bien vaillantes, tandis que les prêtres ont presque tous conseillé d’attendre, à l’exception de l’abbé Aulagnier, qui a dit : « La philosophie et la théologie de Rome ne sont plus catholiques . . . . J’ai peur de l’accord qu’ils nous proposent . . . . Je crains la ruse romaine . . . nous risquons d’être dévorés par la Rome moderniste. » À l’époque, il avait raison. Et ce qu’il a dit alors vaut encore aujourd’hui.

Cher Monsieur l’abbé Aulagnier, soyez infiniment remercié ! Puissiez-vous maintenant reposer en paix, et qu’il y ait pour vous dans cette paix une grande récompense !

Kyrie eleison.