L'amour, vrai et faux
Une fois de plus, j’ai vérifié le téléphone portable d’un de nos jeunes, et quel spectacle pitoyable. Selfies par milliers, clips idiots, images de mode… Alors j’ai fait défiler, défiler, sans fin. Des ordures autant que l’œil peut en voir. Ce que nous traitons de déchets est appelé joie inepte, fille de la luxure et de la gourmandise, signe d’orgueil, épouse de la stupidité de l’âme, absence de contemplation.
- Qu’est –ce que l’amour alors?
- Quelque chose que j’aime faire.
- Non, aimer, c’est vouloir du bien à quelqu’un.
Notre monde ne connaît rien au
sujet de l’amour, si ce n’est un amour de sorcière et le plaisir (généralement
charnel). Le Christ est venu pour nous
délivrer de cette prison, mais nous pouvons être sûrs que la majorité de nos
jeunes est maintenant dans la cage. Je
ne parle pas des jeunes du monde, ni de la jeunesse du Novus Ordo, ni de celle
de la FSSPX ou des messes diocésaines en latin.
Non, c’est notre jeunesse, celle de la Compagnie de Marie-St Pie X, ce
que vous nommez Tradcat resistance, une
jeunesse catholique de nom.
Comme nous le disons en français,
nous avons beaucoup à balayer devant notre propre porte. La racine du problème, c’est que les parents n’éduquent
pas leurs enfants : ils leur donnent la vie, ils leur donnent la
nourriture, un toit, des vêtements, du savon et du dentifrice ; vous
appelez : cela tout pour le soin du corps, et un gadget en plus … Mais ils ne guident pas leur âme et leur
esprit. Je vous l’accorde, les dévotions
et prières, messes et chapelets sont présents, mais, en même temps, le flot d’images,
sentiments, modes, jeux et émotions, étouffe leur âme.
Dans le meilleur des cas, les
prières deviennent répétitives et ennuyeuses vers l’âge de 12 ans et elles sont
accomplies comme une obligation, non comme une nécessité pour l’âme. Dans la plupart des cas, tout s’envole à l’adolescence,
laissant un peu de vernis catholique ici ou là. A cet âge critique, les
passions et tentations remportent la victoire.
A notre époque, les parents
doivent convaincre leurs enfants intellectuellement, mais cela ne peut être réalisé
que s’il existe des conversations avec les enfants, spécialement à table, au
cours des repas. Les parents modernes ne
parlent pas vraiment des problèmes avec leurs enfants : besoins des
animaux, amusements ou études, oui ; mais les grands problèmes, orientant
une vie entière, non. Dans de nombreux
cas, les pères ne sont plus présents pour des raisons variées et ils n’ont plus
guère d’opinion catholique au sujet de tout ce qui les entoure. C’est affreux de voir, aux Philippines, que
de nombreuses mères ne sont plus présentes non plus et des millions d’entre
elles travaillent à l’extérieur.. . et restent en contact avec leur
famille par internet.
Les livres ne sont plus présents,
à l’exception d’ennuyeux livres scolaires.
Aucune trace d’humanités et d’arts libéraux (histoire, littérature,
peinture, arts…). Le jardinage est
encore présent, mais, habituellement, pour les adultes. Dans les villes, peu d’animaux dont il faut
prendre soin ; je ne vois pas d’enfants jouer d’un instrument. Les filles ne font plus de bricolage (ce qui
était avant tout une importante occupation féminine). La plupart d’entre elles n’apprend même pas à
cuisiner. En raison de l’organisation
familiale (naturelle ou autre), de nombreuses jeunes filles n’ont jamais de
contact avec des bébés (leur mission centrale dans la vie).
A ma grande stupeur, même le
basketball disparaît comme sport très répandu aux Philippines. Dans les bidonvilles, les enfants sont
davantage normaux, joyeux, gambadant et jouant un peu partout. Le masque Covid est une sorte d’objet de
Zorro pour eux. Les enfants de milieu
plus aisé sont gâtés, ternes, accrochés aux gadgets. Hors des villes, les choses sont plus
normales, mais hélas, presque personne ne sait qu’il a une âme à sauver. Là, les enfants ont une enfance plus
naturelle et, en définitive, prennent part à la carrière de leurs parents. Cependant, les gadgets apparaissent, même dans
de petits villages.
De plus, dans de nombreuses
villes, tout est planifié par la cupidité ; c’est ainsi qu’il n’y a pas de
jardins, de vastes espaces où les familles pourraient aller et se dégourdir les
jambes. Ici, il faut se dégourdir les jambes dans les centres commerciaux, mais
l’écran facial gâche le plaisir. Ces
villes sont aussi dépourvues de musées et d’endroits où une splendide musique
serait disponible. Lorsque j’étais
enfant, à Paris, il y avait de splendides musées : Le Louvre, Orsay (avec
les peintures de grands impressionnistes), le musée de la marine (avec de très
belles maquettes de bateaux et des peintures), le musée de l’armée (très vaste,
avec des tanks, des plans en 3D et de formidables collections), le musée de
Cluny, entièrement dédié au Moyen-Age ; tout cela dans des décors
grandioses, somptueux. On pouvait entrer
dans une grande église où un morceau puissant sortait des grandes orgues,
ajoutant une splendeur à la majesté de l’architecture, gothique ou
baroque. A cette époque, durant deux
ans, j’ai circulé uniquement à bicyclette, trouvant les transports souterrains
étouffant et les transports en commun trop lents… Mais, me direz-vous, toutes les villes ne
ressemblent pas à Paris).
Revenons au présent ! Il est plus difficile de communier avec la
beauté et la splendeur, ce que les Latins appellent honestum, ce qui est bon pour notre propre bien, ce qui élève l’âme
et la remplit.
J’ai confiance que vous avez
compris : l’éducation, dans son vrai sens, n’est pas due au hasard. Nous,
les parents, devons au moins éveiller et
faire tout ce que nous pouvons pour vaincre la situation, avec notre aide aussi,
nous, les hommes d’église désemparés. Nous
sommes désemparés parce que ce problème bien connu est si vaste et apparaît
dans tous les aspects de la vie moderne.
Le devoir de l’éducation est devenu un devoir héroïque pour les
parents. C’est mieux que les jeunes
hommes et femmes, qui sont proches de se marier, le sachent à l’avance. Dieu observe étroitement tout ce qui est fait au milieu de l’anarchie
régnante et Il le récompensera amplement.
Heureusement, de nombreux parents
ont commencé à être de tels héros.
Lorsque tous auront les idées claires sur le sujet, nous escaladerons
tous la montagne d’obstacles… La Foi
soulève les montagnes !