jeudi 30 juin 2022

Rerum Novarum II

KE 778 (11 juin 2022)

Vous voulez guider l’homme ? Eh bien, la place est prise ! 
Le Dieu qui l’a fait, lui, a fait aussi l’Église.

En 1891, dans sa fameuse encyclique Rerum Novarum aux évêques catholiques, le pape Léon XIII fustigea le Socialisme à cause de son opposition radicale à la nature donnée par Dieu à l’homme (Voyez le Commentaire de la semaine dernière). On estima à l’époque que le pape n’était pas l’ami de la classe ouvrière, dont les intérêts étaient soi-disant protégés par le Socialisme. C’était tout le contraire. Toute la seconde partie de l’encyclique donne la vraie solution aux problèmes réels de cette fin du 19ème siècle, pour lesquels le Socialisme s’avéra être une fausse solution. Puisqu’en ce 21ème siècle athée, le monde continue à se laisser séduire par le Socialisme et le Communisme des Mondialistes dans la même guerre contre Dieu, regardons – même brièvement – la vraie solution du pape. 

Il dit que cette solution doit venir de trois sources. La première et principale, l’Église catholique. La deuxième, l’État, qu’il appela à jouer un rôle particulier dans la protection des travailleurs. Et la troisième, les associations privées d’employeurs et d’employés, dont il précisa qu’elles devaient jouer un rôle très important. Mais le pape commença par dissiper les solutions chimériques aux problèmes sociaux, solutions qui cherchaient à éliminer tant 1) les inégalités naturelles visiblement inhérentes à tous les hommes que 2) la dureté – qui n’est pas naturelle – de cette « vallée de larmes », conséquence du péché. Les Catholiques savent que les inégalités sont naturelles à la création, qu’elles existent pour refléter la variété infinie du Créateur, et ils savent que la souffrance, la mort et la concupiscence ne sont entrées dans la création que par le péché originel de l’homme. 

Ainsi, le Communisme, en promouvant la lutte des classes et la révolte contre toute autorité, n’est pas naturel mais contre-nature. Et l’Église se propose la première de créer l’harmonie des classes et le respect de l’autorité, par ses moyens propres de justice naturelle et de charité surnaturelle. En justice, les ouvriers doivent travailler et respecter leurs employeurs ; les employeurs doivent respecter leurs travailleurs et s’occuper de leur bien spirituel et physique, en particulier en payant un juste salaire qui ne doit pas être déterminé comme le moindre montant qui évite à l’employeur de passer au tribunal. Dans la vision d’éternité de la charité, la richesse est plutôt un obstacle qu’une aide au salut, de sorte que le riche doit partager avec le pauvre, et le pauvre ne pas envier le riche. La foi détruit donc deux erreurs opposées, le Socialisme et le Capitalisme Libéral, en modérant le désir excessif des hommes pour la richesse. 

De même pour l’État (RN 46). Sa fonction première est la sauvegarde du bien commun de tous ses membres, non des seuls riches. De fait, les riches peuvent la plupart du temps subvenir eux-mêmes à leurs besoins, tandis que les pauvres peuvent facilement se retrouver dans la misère. Et dans la condition délabrée de la classe ouvrière en 1891, cela signifie que l’État doit intervenir en leur faveur. La loi doit protéger leurs mœurs, leur dignité et leurs conditions de travail, en établissant une protection spéciale des femmes et des enfants et en aidant les ouvriers à devenir des propriétaires. C’est ainsi que l’Église catholique posa les prémices de l’État-providence moderne. Léon XIII fut largement incompris en son temps, mais 40 ans après, Pie XI salua le bien accompli grâce à Rerum Novarum

Et troisièmement, le pape appela à créer et favoriser toutes sortes d’associations privées, comme les corporations médiévales, où les hommes puissent se rassembler non pas tant horizontalement au sein de la même classe, que verticalement, toutes classes confondues au sein du même métier, pour tirer vers le haut la prospérité de chaque classe. Les associations chrétiennes de cette sorte furent d’un immense profit, mais au lieu de les aider, les États anti-religieux les entravèrent. Que l’on s’occupe spécialement du bien religieux des travailleurs, mais que l’on prévoie aussi leur maladie, leur chômage, leur vieillesse et leurs accidents. Que l’exemple des Catholiques convertisse les Socialistes ! 

Par cette doctrine sur l’Église, l’État et les associations d’aide aux travailleurs, le Pape prouva qu’il condamnait non seulement le Socialisme mais aussi le Capitalisme Libéral qui, en plaçant la recherche du profit au-dessus du souci des hommes, avait réduit les travailleurs à une grande misère. Mais les Mondialistes reviennent à cette même grave erreur. Profiteront-ils de l’enseignement du pape Léon XIII ? On peut en douter. 

Kyrie eleison