Discussion entre un jeune et Mgr Williamson au Mont Saint Michel le 29 septembre 2018 |
Quant à ceux qui disent "tout est rentré dans l'ordre grâce au chapitre", voici ce que j'ai répondu à l'un d'entre eux :
« Tout est rentré dans l’ordre »
Cette phrase est très significative. Car en disant cela tu admets qu’il y a eu désordre. Sur ce point, je ne peux être que d’accord.
En effet, c’est un grave désordre lorsque la FSSPX, dans sa déclaration doctrinale de 2012, affirme que la messe bâtarde a été « légitimement promulguée », la FSSPX affirme donc à Rome que le rite moderniste est légitime.
En effet, c’est un grave désordre lorsque le cardinal Hoyos déclare en janvier 2009 au Corriere Della Sera : « Une chose est sûre : la pleine communion arrivera. Dans nos conversations, Mgr Fellay a reconnu le Concile Vatican II, il l’a reconnu théologiquement. Ne restent que quelques difficultés. » Le supérieur général de la FSSPX a donc accepté Vatican II.
En effet, c’est un grave désordre lorsque, le 15 décembre 2009, le supérieur de la FSSPX écrit au cardinal Castrillon : “Nous acceptons et faisons nôtres tous les conciles jusqu’à Vatican II au sujet duquel nous émettons des réserves”. Plus grave encore, la FSSPX trafique les textes lorsque ceux-ci vont vraiment trop vite pour les « lents au ralliement ». En effet, le supérieur général dira que sa lettre contenait ceci : “Nous acceptons et faisons nôtres tous les conciles jusqu’à Vatican I. Mais nous ne pouvons qu’émettre des réserves au sujet du Concile Vatican II.” Osservatore Vaticano écrira que : « C’est bien entendu la première version qu’a reçue le cardinal Castrillón. La seconde version n’est pas à proprement parler un faux : c’est une traduction à l’usage de l’opinion publique de la FSSPX. » Je ne parlerai même pas de la lettre du supérieur général de la FSSPX au pape Benoît XVI à propos de cette fameuse déclaration doctrinale (http://www.lasapiniere.info/archives/692)
En effet, c’est un grave désordre lorsque l’abbé Quilton, un nouveau professeur de théologie morale à Ecône, écrit le document intitulé « la position officielle non-officielle de la Fraternité en matière de droit canon ». L’affirmation la plus choquante affirme de façon explicite que dorénavant, la FSSPX va suivre le Nouveau Code, mais à la lumière de l’ancien code. La Déclaration doctrinale du 15 avril affirme que la FSSPX suit surtout le nouveau code de 1983. Le protocole du 5 mai que Mgr Lefebvre avait refusé en 1988, n’acceptait que les aspects disciplinaires de ce nouveau code. Donc il n’est pas correct d’affirmer que cette Déclaration s’inspire du protocole de 1988 : non, au lieu de cela, il s’agit d’une capitulation canonique entière.
En effet, c’est un grave désordre lorsque la maison générale de la FSSPX n’a fait AUCUN communiqué suite au scandale d’Assise III. Cela change par rapport à la lettre de Mgr Fellay à JPII en 1999 (http://laportelatine.org/district/france/bo/naples07/naples07.php#assise2). Ce même Mgr Fellay disait pourtant en 2002 en parlant de Campos : (Campos)souligne les points du pontificat actuel qui paraissent favorables, on passe sous un révérencieux silence ce qui ne va pas… […] c’est le chemin d’une compromission qui a été choisi. Pour avoir la paix avec Rome, il faut cesser de se battre. […] Pour nous, avant de nous lancer, nous voulons la certitude de la volonté de Rome de soutenir la Tradition, les marques d’une conversion. » (Lettre aux Amis et Bienfaiteurs n° 63). Ne peut-on pas dire de même de l’actuelle FSSPX ? Je ne parle pas de déclaration de district ou de prêtres, mais de déclaration officielle de la maison générale.
En effet, c’est un grave désordre quand le supérieur général de la FSSPX va à Rome le jour même où le Saint Père installe une statue de Luther au Vatican. Être reconnu « tel que nous sommes » ne me plaît pas dans des conditions pareilles.
En effet, c’est un grave désordre qui se passe dans la néo FSSPX. À tel point que même le MJCF a cru bon d’écrire ce communiqué : http://www.lasapiniere.info/archives/2206
Je ne parle même pas des avancées scandaleuses en faveur d’une réconciliation de la FSSPX avec l’église conciliaire. Alors vous me direz : « il n’y a pas de contrepartie ! » Et alors ? Cela reste un « ralliement pratique » par étapes alors même que le problème doctrinal est écarté. Mais cela n’est pas étonnant, L’agence de presse du Vatican déclarait le 29 août 2005: « La rencontre s’est déroulée dans un climat d’amour pour l’Église et de désir d’arriver à la communion parfaite. Quoique conscients des difficultés, il a été manifesté la volonté de procéder par ETAPES et dans un temps raisonnable. »
Maintenant que j’ai montré en quoi je suis d’accord avec toi sur le désordre dans la FSSPX, vient notre désaccord, en quoi « tout est revenus dans l’ordre » ? Car de tout ce que j’ai dit, et j’ai passé beaucoup de choses, rien n’a été rétracté par la FSSPX. Les propos libéraux de la FSSPX n’ayant pas été rétractés, parler d’ordre est, soit de la naïveté, soit un aveuglement volontaire. Tout cela me fait penser à François Fillon qui se déclare anti-IVG (en idée) mais qui affirme qu’il ne changera pas la loi sur l’avortement (dans la pratique). J’espère que l’abbé Pagliarani ne sera pas comme François Fillon. Il faut prier pour lui. Mais rien n’est encore rentré dans l’ordre. On attend des faits, les paroles ne comptent pas. Si le nouveau supérieur de la FSSPX est réellement conservateur, cela se verra vite dans les faits. Car, comment demander à l’Église de reconnaître les erreurs du concile et de le prouver en pratique si on n’est pas capable de le faire dans notre camp ? Pour retrouver la confiance dans la FSSPX, il faut qu’elle condamne son attitude libérale depuis 2011, qu’elle réintègre les prêtres, évêques qui ont courageusement dénoncé la glissade libérale, et aussi, qu’elle revienne aux principes de 2006, « pas d’accord pratique sans accord doctrinal », qu'elle rejette le code moderniste et nie la légitimité de la messe bâtarde.
Je terminerai par dire que je ne te comprends pas. Tu admets qu’il y a eu désordre, tu dois donc par le fait même admettre la légitimité d’une résistance. Alors pourquoi condamner celle-ci ? Pourquoi dire qu’il n’y avait pas nécessité ? Dans la mesure où la FSSPX tombe, il y a nécessité. Et tu devrais aussi admettre, que depuis le Chapitre, rien n’a changé dans les faits et donc que la résistance doit continuer.