Le nouveau chemin de croix
Le nouveau chemin de croix
Par M. l’abbé Patrick Girouard
Quand sa vieille mère traditionaliste, Mme Lina Sirois, se mourait, en mai 2004, Mme Claudette Paré, épouse de mon ami Denis, fut à ses côtés pendant plusieurs jours. Cela se passait à Rivière-Bleue, au Québec. Denis et Claudette vivent en Caroline du Nord (USA). Alors la distance et les circonstances rendaient les choses difficiles, spécialement dû au fait que les enfants modernistes de Mme Sirois, encouragés par le curé de la paroisse, ont refusé de se conformer à ses dernières volontés, pourtant consignées par écrit devant témoins. Mme Sirois a donc eu des funérailles Novus Ordo et, comme le disait Claudette : « Il n’y a simplement pas eu de Messe! ». Mais Mme Sirois eut la grâce d’avoir quatre Messes de requiem traditionnelles dites par des prêtres de la Tradition ailleurs au pays, et par la suite un trentain grégorien fut célébré pour le repos de son âme. De plus, dans les mois qui ont précédé son décès, Mme Sirois a reçu les Sacrements par la Fraternité, donc elle repose en paix. Mais la controverse au sujet des funérailles a causé un grand stress à Denis et Claudette, et donc ils ont beaucoup prié. Un beau jour, dans le but de s’unir à Notre Seigneur dans son Chemin de Croix, Claudette entra dans la chapelle de la résidence pour personnes âgées, et elle se dirigea vers la Première Station. La pauvre âme, qui allait chercher quelque consolation dans une chapelle catholique, allait recevoir un coup terrible : Les Modernistes avaient changé le Chemin de Croix! Dans leur furie révolutionnaire, ils avaient jusqu’à maintenant laissé cette dévotion tranquille. Maintenant que tant de changements ont eu lieu, ils cherchent avec appétit des traditions à démolir. En octobre 2002, ils ont changé le Rosaire (Cf. Communicantes #14). En ce jour de mai 2004, voici que nous découvrions qu’ils ont aussi changé le Chemin de Croix, une tradition vieille de plusieurs siècles, qui rappelle les derniers moments de Jésus-Christ. Claudette fut tellement ébranlée, qu’elle me téléphona le jour même à Winnipeg. Je lui demandai alors de retourner à la chapelle pour prendre en note les détails, et me les envoyer. Comparons maintenant l’ancien Chemin de Croix avec le nouveau :
ANCIEN CHEMIN DE CROIX
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NOUVEAU « CHEMIN DE CROIX »
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1- Jésus est condamné par Pilate
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1- La Dernière Cène au Cénacle
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2- Jésus reçoit sa Croix
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2- L'Agonie au Jardin des Oliviers
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3- Jésus tombe pour la 1ère fois
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3- Jésus devant le Sanhédrin
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4- Jésus rencontre Sa Sainte Mère
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4- Jésus devant Pilate
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5- Simon de Cyrène aide Jésus à porter Sa Croix
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5- Jésus est flagellé et couronné d'épines
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6- Véronique essuie la Face de Jésus
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6- Jésus porte Sa Croix
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7- Jésus tombe une deuxième fois
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7- Jésus aidé par le Cyrénéen
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8- Jésus console les femmes de Jérusalem
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8- Jésus exhorte les femmes de Jérusalem
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9- Jésus tombe pour la troisième fois
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9- Jésus est dépouillé de Ses vêtements
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10- Jésus est dépouillé de Ses vêtements
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10- Jésus pardonne au bon larron
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11- Jésus est cloué à la Croix
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11- Jésus entre Marie et Jean
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12- Jésus meurt sur la Croix
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12- Jésus meurt sur la Croix
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13- Jésus est descendu de la Croix et remis à Sa Mère
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13- Jésus est mis au tombeau
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14- Jésus est mis au tombeau
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14- La Résurrection
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Un commentaire rapide :
L’espace et le temps de me permettent pas de faire un commentaire exhaustif des changements qui ont eu lieu dans le Chemin de Croix avec cette nouvelle version. Il est néanmoins facile de constater qu’il ne s’agit plus du tout d’un Chemin de Croix. Nous sommes plutôt en face d’un résumé de la Passion ET de la Résurrection. Vous avez probablement déjà entendu la Fraternité parler de la nouvelle théologie moderniste mettant l’accent sur le Mystère Pascal. C’est-à-dire que les éléments plus sombres ou plus difficiles de la Révélation que nous a donnée Notre-Seigneur, sont mis en sourdine, et que l’emphase est mise sur la « Lumière de la Résurrection ». Il y en effet chez les Modernistes une tendance théologique selon laquelle on ne devrait pas se concentrer sur la Passion et autres sujets douloureux, tels que l’Enfer, le péché, l’absence de Salut en dehors de l’Église, etc. Nous voyons cette nouvelle théologie à l’œuvre ici. Le Chemin de Croix traditionnel, une dévotion qui débuta à Jérusalem sur le véritable site, et qui fut exportée en Occident au Moyen-âge, dans la foulée des Croisades, se devait d’être aboli. Cette dévotion, si propre à nous amener à la compassion et à l’amour envers notre Sauveur, si instructive aussi au sujet de l’impact de nos péchés, et de la nécessité de continuer à lutter malgré nos fautes, cette dévotion, dis-je, devait être édulcorée. Il y a aussi lieu de craindre que les multiples indulgences conférées au vrai Chemin de Croix ne puissent s’appliquer à la nouvelle dévotion, parce que ce n’est plus un Chemin de Croix.(1) De plus, certains des moments les plus douloureux des dernières heures de Jésus ont disparu du nouveau Chemin de Croix : Les trois chutes de Notre Seigneur (3, 7,9èmes Stations); Sa rencontre avec Sa Mère (4èmeStation); le clouage à la Croix (11ième Station). D’autres moments très intenses ont aussi été mis de côté : Sa réception de la Croix (2ème Station), avec quel grand amour n’a-t-il pas accueilli l’instrument de notre Rédemption? Aussi, le courage et l’amour de Ste Véronique, essayant Sa Face si noble et sainte, quoique défigurée (6ème Station); Sa remise à Sa Mère (13ème Station). Comment ces Modernistes osent-ils dépouiller le bon peuple catholique de sa vieille tradition? Comme c’est rude! Comme c’est barbare! Je ne crois pas que ce soit un jugement téméraire que de dire que ce changement a pris place sans que les paroissiens de Rivière-Bleue aient été consultés. Hélas, telle est leur manière habituelle de procéder. Mais quand bien même cela serait, alors il faudrait dire que la paroisse n’avait aucun droit de faire une telle chose. Le Chemin de Croix appartient à Notre Sainte Mère l’Église! Tout catholique en voyage a le droit d’entrer dans une église ou une chapelle, et de se retrouver chez lui. À cause des changements qui ont eu lieu à Rivière-Bleue, une catholique dans la détresse s’est vue refuser le droit de trouver sa consolation en s’unissant à Notre Seigneur sur la Voie du Calvaire. Notre Seigneur va sûrement demander des comptes à ceux qui ont ainsi laissé tomber un de « Ses petits ». Prions pour que cette nouvelle « dévotion » ne s’étendre pas à d’autres paroisses à travers le monde!
(1) À Montréal, pour ceux qui vont à la chapelle St-Joseph nous connaissons les modifications à sa bonne guise de l’abbé Pons pour le chemin de croix. La question à se poser est : est-ce que les indulgences sont conférées dans ces cas de modification?
COMMUNICANTES – N°22 – Janvier-Mars 2005 p.28-29