En ce centième anniversaire de la dernière apparition de Notre-Dame à Fatima, relisons ce sermon prononcé par Mgr Lefebvre il y a trente ans à Fatima dans lequel il n'hésite pas à dire que Notre-Dame nous a prévenus que de mauvais pasteurs gouverneraient l'Église, un langage que l'on n'entend plus dans la Fraternité de Mgr Fellay.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.
Mes bien chers confrères,
Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
Rendons grâce au bon Dieu et à la très sainte Vierge Marie d’avoir pu nous réunir aujourd’hui, en cette fête de son Cœur Immaculé pour chanter ses louanges, pour essayer pendant quelques instants, pendant quelques jours, de vivre de notre foi. Car en effet, si la Vierge Marie a voulu venir sur cette terre du Portugal à Fatima, si elle a voulu apparaître à ces quelques enfants pour leur donner un message pour le monde, c’est bien parce que elle le désirait que nos âmes s’élèvent vers le ciel. Et alors essayons, mes bien chers frères, de nous remettre dans cette ambiance, cette ambiance dans laquelle ces petits pâtres, et également les personnes qui sont venues les entourer chaque 13 du mois en cette année 1917, jusqu’au mois d’octobre où a eu lieu ce miracle extraordinaire ici même, car dit-on ce miracle s’est vu à quarante kilomètres autour de Fatima, par conséquent si nous avions été présents ce jour du 13 octobre 1917, nous aurions vu ce phénomène extraordinaire du soleil tournoyant, lançant des feux de toutes les couleurs, inondant de ces couleurs magnifiques toute la région, et cela pendant trois fois dix minutes. Et puis enfin le soleil descendant, comme du ciel, pour se rapprocher des fidèles qui étaient présents, pour manifester la vérité de l’apparition de la très sainte Vierge Marie à ces enfants de Fatima.
Encore une fois cette apparition de la très sainte Vierge Marie, c’est pour que nos âmes soient sauvées, c’est pour que nos âmes aillent la rejoindre un jour au ciel, et en quelques tableaux extraordinaires, elle a manifesté à ces enfants de Fatima toute la réalité de notre foi, car en effet les enfants l’ont admirée, et l’ont admirée de telle sorte qu’ils étaient comme en extase, ravis, enlevés, ne sachant comment exprimer la beauté de la très sainte Vierge Marie. On avait beau essayer de leur donner des comparaisons, aucune comparaison ne pouvait être donnée devant la beauté de la Vierge Marie qu’ils avaient vue. Et puis, ce n’est pas seulement la Vierge Marie qui s’est manifestée, elle a voulu leur manifester quelque chose, saint Joseph portant Notre-Seigneur dans ses bras et bénissant le monde. Elle a voulu se présenter aussi sous l’image de Notre-Dame du Mont Carmel, de Notre-Dame des Douleurs et généralement elle se présentait comme Notre-Dame du Rosaire, c’est parce qu’elle a voulu inculquer aux enfants la nécessité du Rosaire, la nécessité de souffrir avec Notre-Seigneur Jésus-Christ, Notre-Dame des Douleurs. Ainsi elle a voulu manifester ses sentiments intérieurs afin de les communiquer à ces enfants, et que ces enfants, à leur tour, communiquent ces sentiments à tous ceux qui auront l’occasion d’écouter leurs messages. Et puis c’est l’Archange saint Michel qui s’est présenté à eux, et Notre-Dame leur a parlé également des âmes du purgatoire, lorsque Lucie l’interrogeait pour lui demander où est telle âme, où est telle personne qui est morte ? Est-elle au ciel ? Est-elle au purgatoire ? Elle leur disait quelquefois : « Non, cette âme n’est pas au ciel encore, elle est au purgatoire », et elle a voulu aussi leur montrer la réalité de l’enfer.
C’est donc ici même, dans ces régions, que la très sainte Vierge a voulu montrer ce qu’était l’enfer à ces enfants horrifiés afin de les encourager à faire pénitence, afin de les encourager à prier pour sauver les âmes, manifestant ainsi que le coeur de Marie, le Coeur Immaculé de Marie est tout entier tourné vers la gloire de son divin Fils, et vers le salut des âmes : sauver les âmes, sauver les âmes, les faire aller au ciel. C’est donc tout notre catéchisme en quelque sorte que ces enfants ont vu en images, et cela par la grâce de la très sainte Vierge Marie. Alors essayons de nous mettre dans cette ambiance, nous aussi, aujourd’hui, car ce qui s’est passé en 1917 est vrai encore aujourd’hui, et peut-être encore plus que de ce temps-là parce que la situation du monde est encore pire maintenant qu’elle ne l’était en 1917. La foi disparaît, l’athéisme fait des progrès partout, et la très sainte Vierge elle-même l’a annoncé, car si elle a voulu montrer une vision du ciel, elle a voulu aussi parler de la terre et elle a dit à ces enfants : « Il faut prier, il faut faire pénitence afin d’arrêter les effets néfastes de cette erreur épouvantable qu’est le communisme qui dominera le monde, si l’on ne fait pas pénitence et si l’on ne prie pas et si on ne réalise pas ma volonté », volonté qui était de diffuser les secrets que la très sainte Vierge Marie a donnés à Lucie.Et hélas, nous sommes bien obligés de constater que ces secrets n’ayant pas été accomplis, n’ayant pas été diffusés, et bien l’erreur du communisme se répand partout.
Alors efforçons-nous, mes bien chers frères, de nous mettre dans cette ambiance, dans ces dispositions pour partager les convictions de ces enfants, pour nous unir au coeur de Marie, pour que notre coeur brûle des désirs qui étaient dans le coeur de la très sainte Vierge Marie, qui y sont encore aujourd’hui. Désirs du règne de son Fils, que peut-elle vouloir d’autre que de voir régner son divin Fils sur le monde entier, sur les âmes, sur les familles, sur les sociétés, voilà son désir comme il règne au ciel, et c’est pourquoi elle vient sur la terre, pour nous supplier à nous, chacun d’entre nous, il faut que Jésus règne sur vous, elle le veut, elle le désire et alors elle nous donne les moyens : le premier moyen c’est la prière, il faut prier, elle ne cessait de répéter cela à Lucie. Quand Lucie lui posait la question chaque fois : « Madame, lui disait-elle, que voulez-vous de moi, qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? » Belle question, comme saint Paul sur le chemin de Damas à Notre-Seigneur : « Que voulez-vous que je fasse ? » Il ne peut pas y avoir de meilleures dispositions, que ce soit aussi notre disposition : « Oh Marie que voulez-vous que nous fassions ? » Et alors Marie disait : « Il faut prier, prenez votre chapelet, récitez tous les jours votre chapelet, pour vous sanctifier et pour sauver les âmes, pour sauver les âmes des pécheurs » ; elle a répété ça à chaque fois qu’elle est venue. Et puis elle les a aussi encouragés à la sainte communion, à l’eucharistie. Elle a même permis que l’Ange vienne donner la communion à ces enfants. Marie peut-elle vouloir autre chose que de nous donner son Fils, de nous donner Jésus dans nos cœurs.
Et puis pourquoi ces secrets ? Eh bien la très sainte Vierge dans son amour pour nous, dans sa condescendance pour nous qui sommes de pauvres pécheurs, elle a voulu nous mettre en garde, elle a voulu nous annoncer les événements futurs, afin de nous préserver de garder notre foi, de garder la grâce dans nos âmes, voilà pourquoi elle est venue, voilà pourquoi elle a donné ses secrets. Et il faut le dire, nous ne pouvons pas le cacher malheureusement, la Vierge y a pensé. Si la très sainte Vierge a demandé à Lucie de diffuser le troisième secret à partir de 1960 et que ce secret soit diffusé par le pape, ce n’était pas sans raison, c’est parce qu’elle savait qu’après 1960 des événements très graves devaient traverser l’histoire de la sainte Église, et elle voulait nous mettre en garde, et elle voulait mettre en garde les autorités de l’Église afin d’éviter, d’éviter ces malheurs. Afin d’éviter que la foi ne se perde, et que les âmes ne se perdent. Alors nous sommes avertis, nous savons que, après 1960 des événements graves vont traverser l’histoire de l’Église, et particulièrement, eu égard aux responsables de l’Église, et c’est probablement pour cela malheureusement, que les responsables de la sainte Église n’ont pas voulu diffuser le secret, ils ont pensé que cette diffusion n’était pas opportune, grand mystère mes bien chers frères ! Grand mystère.
Alors, voyez-vous, si la très sainte Vierge Marie veut que nous ayons dans nos âmes des dispositions toutes célestes, dispositions d’amour du bon Dieu, dispositions de prières, dispositions de nous unir à Notre-Seigneur dans la sainte eucharistie, dispositions de nous sacrifier pour les pécheurs de ce monde, eh bien demandons aujourd’hui, et je pense que c’est un des motifs importants de votre venue ici, à vous tous, mes bien chers frères, qui êtes venus de tous les coins du monde : des deux Amériques, de l’Australie, de l’Afrique du Sud, de toute l’Europe, vous voilà ici réunis auprès de la Vierge Marie de Fatima, ayant les dispositions dans vos cœurs de ces petits enfants qui ont reçu la très sainte Vierge Marie, et qui l’ont vue. Demandez et demandons à la très sainte Vierge Marie de dénouer ce mystère, qu’elle vienne à notre secours. Grand mystère de Rome, grand mystère de la situation de la papauté aujourd’hui.
On nous demande souvent : mais ne déchirez par l’Église, ne divisez pas l’Église, ne faites pas schisme mais, mes bien chers frères, dites-moi où est l’unité de l’Église ? Qu’est-ce qui fait l’unité de l’Église ? Ouvrez tous les livres de théologie, ouvrez tous les livres des saints, ouvrez tous les livres des docteurs et des théologiens, ce qui fait l’unité de l’Église, c’est l’unité de la foi. De la foi. On se sépare de l’Église dès lors qu’on n’a plus la foi catholique. Voilà. Et toute personne investie de pouvoirs dans l’Église depuis que Notre-Seigneur a fondé son Église, toute personne qui a quelques pouvoirs dans l’Église et particulièrement tous les clercs, et particulièrement les évêques, et spécialement le pape sont au service de cette unité, sont au service de cette foi : « Allez enseigner l’Évangile », pas un autre Évangile, pas n’importe quel Évangile : « Allez enseigner l’Évangile. » Soyez au service de ce message que je vous ai donné, mais il ne faut pas changer le message, alors pour nous qui gardons précieusement toute la foi, pour rien au monde nous voudrions enlever un iota, la moindre parcelle de notre foi, nous voulons la garder intacte, absolument intacte, et c’est parce que nous voulons garder cette unité de la foi, que ceux qui sont en train de la perdre nous persécutent…
Voilà la véritable situation actuelle dans laquelle nous nous trouvons. Situation mystérieuse, probablement annoncée par Notre-Dame de Fatima, vraisemblablement dans son troisième secret. Que ceux qui voudraient rester catholiques, seront persécutés par ceux qui, ayant l’autorité dans l’Église, s’écartent de la foi. S’écartant de la foi, ils voudraient nous entraîner avec eux, et parce que nous leur désobéissons en ne voulant pas perdre la foi avec eux, ils nous persécutent. Mais Notre-Seigneur l’a dit, il l’a prédit, qu’il y aurait des mauvais pasteurs, et que nous ne devons pas suivre les mauvais pasteurs, et que nous ne devons pas suivre les mauvais pasteurs, nous devons suivre les bons pasteurs. Voilà le mystère que nous vivons aujourd’hui.
Alors demandons à la très sainte Vierge de nous dénouer de ce mystère, c’est un martyre pour vous, pour nous, pour tous ceux qui vivent dans cette époque, c’est un vrai martyre moral, peut-être pire que le martyre du sang, de constater que ceux qui devraient prêcher la foi catholique, défendre la foi catholique, pour l’unité de l’Église, abandonnent cette foi catholique et cherchent à être bien avec le monde, avec les principes modernes, avec les principes de cette société qui est dirigée plus par Satan que par le bon Dieu.
Alors prenons la résolution ici, auprès de la très sainte Vierge Marie, et demandons-lui la grâce, mes bien chers frères, de garder la foi, de demeurer catholiques jusqu’à la fin de nos jours, d’avoir cette grâce de la persévérance finale dans la foi catholique. Pourquoi tous les martyrs ont-ils versé leur sang ? Pour garder la foi. Eh bien s’il nous faut être martyrs, si nous ne devons pas être des martyrs du sang mais des martyrs dans nos âmes, dans nos coeurs, dans nos esprits, et bien nous serons martyrs et nous serons les héritiers de ceux qui ont versé leur sang pour ne pas renier leur foi. Voilà ce que nous devons promettre à la très sainte Vierge Marie, et essayer de faire comprendre cela à tous ceux qui nous entourent afin qu’ils ne perdent pas la foi, que perdant la foi ils perdent leurs âmes.
Voilà, mes bien chers frères, des résolutions que nous devons prendre aujourd’hui, prier, nous sacrifier, faire le sacrifice de notre vie, offrir notre vie pour la rédemption du monde, pour le salut des âmes, pour le salut de nos âmes, le salut des âmes de nos familles, des membres de notre famille et demander enfin le renouveau de la sainte Église catholique. Que l’Église retrouve sa splendeur, que l’Église retrouve son unité dans la foi, que l’Église retrouve ces milliers et milliers de vocations religieuses, comme autrefois, que de nouveau les noviciats se remplissent, que les séminaires se remplissent pour garder la foi catholique, pour vivre la foi catholique, pour propager la foi catholique, c’est ce que nous nous efforçons de faire, mes bien chers frères, avec ceux que vous voyez ici présents, ces jeunes prêtres, ces jeunes séminaristes ; dès lors qu’on veut garder la foi, dès lors qu’on veut garder le sacrifice de la messe et la véritable eucharistie, dès lors qu’on est dévoué tout corps et âme à l’Église, eh bien il y a les vocations, les vocations viennent parce que nous sommes dans la vérité.
Demandons à la très sainte Vierge Marie de bénir nos séminaires, de bénir nos jeunes prêtres afin qu’ils soient des apôtres, de bénir nos religieuses, de bénir nos sœurs de la Fraternité, toutes les soeurs qui se dévouent dans la Tradition, les carmélites, les dominicaines, les bénédictines, que sais-je… toutes les religieuses qui veulent garder la foi catholique et qui veulent la répandre.
Et que la Vierge Marie daigne nous bénir afin que nous puissions continuer courageusement malgré les épreuves, à servir au règne de son divin Fils : Adveniat regnum tuum, Que votre règne arrive… Oui, oh Seigneur Jésus, que votre règne arrive sur les personnes, sur les familles et sur les sociétés afin que ce règne se continue dans l’éternité.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.
† Marcel Lefebvre, Fatima le 22 août 1987