mercredi 25 août 2021

Mgr Lefebvre eut raison - I

Commentaire Eleison 736 (21 août 2021)



Pour traverser la crise, il fallut un évêque
Qui mit par sa sagesse les impies en échec.


Dans son Motu Proprio « Traditionis Custodes », le Pape François s’évertue à éteindre le rite traditionnel séculaire de la Messe en latin, en voulant le faire disparaître à tout jamais de toutes les célébrations du Saint Sacrifice. Ce nouveau scandale appelle-t-il de notre part quelques observations ? Avant tout, rendons gloire à Dieu de nous avoir donné Mgr Lefebvre comme modèle pour nous guider dans cette crise pré-apocalyptique de l’Église. Son Excellence a terminé ses jours supposément « excommuniée » par les ecclésiastiques du courant de pensée dominant ; il n’a pas non plus été entièrement suivi même par les principaux ecclésiastiques de la Fraternité Saint-Pie X qu’il avait fondée. Pourtant, eu égard à l’avenir de l’Église, ce que l’histoire conserve de ses avis et de ses actions fait preuve, jour après jour, d’une sagesse toujours plus manifeste.

L’histoire nous indique exactement comment il aurait réagi à Traditionis Custodes. D’un côté, il aurait, une fois de plus, rejeté totalement la fausse doctrine de Vatican II, à l’origine du Novus Ordo et qui s’efforce maintenant d’abolir toute trace de l’ancien rite tridentin. Or, ce rite ne s’est-il pas avéré depuis 1969 être le concurrent inexpugnable de la Nouvelle Messe du Pape Paul VI ? Car ne risque-t-il pas de survivre longtemps après que la Nouvelle Messe aura été reléguée dans les poubelles de l’histoire ? Mais d’un autre côté, même si les papes qui luttent contre la Tradition catholique plus âprement que jamais, comme François dans ce Motu Proprio, représentent un problème des plus angoissants pour les catholiques, il reste toutefois très improbable que l’archevêque serait allé jusqu’à déclarer que le pape n’était pas le pape. Au contraire, pour le bien de la structure ecclésiale, il aurait insisté sur le respect et la courtoisie envers tous les Papes apparents de Vatican II, laissant à l’Église officielle seule, dans un temps futur plus apaisé, le soin de décider du statut à attribuer à ces Vicaires du Christ qui ont si peu compris la Tradition catholique.

Cet équilibre que respectait l’archevêque, entre la condamnation de la doctrine des papes conciliaires et le respect de leur fonction, est connu sous le nom de « Reconnaître et résister » : reconnaître leur fonction, mais résister à leur doctrine. Résultat ? Cette politique, normale pour des catholiques, se fait tirer dessus par de vives critiques venant des deux côtés. D’une part, les libéraux disent que si vous reconnaissez à juste titre la fonction des prélats, vous n’avez plus le droit de résister à ce qu’ils commandent. D’autre part, les antilibéraux acharnés, parmi lesquels les « sédévacantistes », retournent cet argument, disant que si vous résistez à juste titre aux ordres erronés de l’autorité, vous vous enlevez logiquement la possibilité de reconnaître l’autorité qui émet de tels ordres. Autrement dit : vous ne pourrez jamais à la fois reconnaître et résister, ce doit être ou l’un ou l’autre. Ce à quoi Monseigneur répondait : je rejette l’enseignement mais pas nécessairement l’enseignant. Les papes catholiques qui détestent la Tradition sont un mystère que l’Église devra résoudre à une époque future, si elle le veut et si elle le peut.

Depuis lors, la position de Mgr Lefebvre a été suivie par de nombreux catholiques, non pas en raison de l’autorité officielle dont il aurait joui, car en fait d’autorité officielle, il n’en avait que peu ou pas du tout. Mais, de fait, beaucoup de laïcs, confrontés aux mêmes problèmes dans l’Église que Monseigneur, sont arrivés aux mêmes conclusions que lui. C’est la raison pour laquelle ils l’ont suivi, faisant de lui le pionnier de l’équilibre et de la raison dans la crise actuelle de l’Église.

Mais comment Monseigneur a-t-il réussi à garder ainsi son équilibre et sa sérénité alors que, dans le sillage du Concile, tant de catholiques croyants ou perdaient la foi ou désespéraient de l’Église ? Sans aucun doute, par la grâce de sa Foi inébranlable en Dieu et dans la Vérité, biens supérieurs à tous les changements, à toutes les influences politiques ou autres ; par sa fidélité en un Dieu et en une Vérité que la Tradition catholique atteste pour le bénéfice des hommes, sans pour cela devenir intrinsèquement soumise aux hommes ni dépendante d’eux. Ces élévations lui permettaient de vivre en esprit, bien que vivant également dans le monde quotidien, n’admettant pas de changements excessifs dans les choses de Dieu, mais n’exigeant pas non plus trop de perfection dans les choses des hommes. Certes, les libéraux déraisonnent lorsqu’ils rêvent de rendre compatibles l’unique véritable Église de Dieu et notre époque impie, mais les catholiques se trompent également lorsqu’ils doutent des capacités de la Providence dans la gestion divine de son Église.

Alors le pape François est fou, mais Jésus-Christ sauvegardera son Église jusqu’à la fin du monde. Il l’a dit – Mt. XXVIII, 20.

Kyrie eleison.