Kyrie eleison DLXVI (19 mai 2018)
Le monde ne peut rien en problèmes d’Église.
Il n’y a que la Foi qui surmonte la crise.
Il est une chose certaine : entre la Tradition catholique et le Concile Vatican II, la réconciliation est impossible. Croire pourtant qu’on puisse les concilier est tentant, car les textes des 16 documents du Concile énoncent bien sûr un certain nombre de vérités catholiques. Mais l’esprit du Concile oriente tout vers une nouvelle religion centrée sur l’homme, et puisque c’est l’esprit qui a inspiré la lettre de ces documents, même les vérités catholiques qu’ils contiennent sont tributaires de ce « renouveau » conciliaire et en font forcément partie. Assurément, les modernistes ont profité des vérités catholiques et de la hiérarchie, mais uniquement comme un cheval de Troie pour dissimuler leurs hérésies et pour faire passer leur poison libéral. Si bien que même les vérités catholiques, contenues dans les documents conciliaires, sont empoisonnées. Déjà Mgr Lefebvre, en 1990, en avait pris conscience : il avait déclaré que Vatican II était infecté à 100% par le subjectivisme. A contrario, Mgr Fellay déclarait en 2001 que les documents de Vatican II étaient acceptables à 95%.
Certes, on est tenté de prétendre que la tradition catholique et Vatican II sont conciliables. Car cette opinion supprime tout tiraillement entre la soumission à l’Autorité Catholique d’une part et la fidélité à la Vérité catholique d’autre part. Comme l’a dit Mgr Lefebvre, depuis le Concile les catholiques sont forcés ou bien d’obéir aux Papes conciliaires et d’abandonner ainsi la Tradition catholique, ou bien de s’accrocher à la Tradition et de “désobéir” aux Papes. D’où la tentation, pour sortir de ce dilemme, de prétendre que de façon ou d’autre la Tradition et le Concile sont conciliables. Mais la réalité est tout autre. Le fait majeur régissant maintenant toute la vie de l’Église, c’est que le Concile et la Tradition sont en fait incompatibles ; et il en sera ainsi jusqu’à ce que l’autorité de l’Église revienne à la vérité catholique de toujours.
Cependant, pour Mgr Fellay, Supérieur Général de la FSSPX, la Tradition Catholique peut se marier avec la Rome conciliaire. Depuis qu’il a approuvé dans les années 1990 les pourparlers du GREC visant à la réconciliation, il s’acharne à réunir la Tradition et le Concile. Son problème ? C’est qu’il n’arrive pas à comprendre que le modernisme conserve certaines apparences catholiques, comme un cheval de Troie destiné à tromper les âmes catholiques. Or, sous le faux-semblant catholique, il n’existe plus aucun cheval catholique. Mais Mgr Fellay croit que le faux cheval possède toutes les qualités d’un vrai cheval, si bien que, selon lui, si seulement la FSSPX s’y dévoue, il peut devenir un authentique cheval catholique. Hélas, il n’y a que trop de Traditionalistes qui ont cru bon suivre ce feu follet de rallier la Rome conciliaire. Les Romains, quant à eux, ne se sont jamais laissés tromper – ils se sont finement accommodés à cette politique, en faisant des concessions apparentes à la Fraternité et à la Tradition, en autorisant par exemple les confessions, les ordinations et les mariages, et en faisant croire à Mgr Fellay, à plusieurs reprises, qu’une reconnaissance canonique était imminente. Mgr Fellay n’a-t-il pas déclaré une fois qu’il ne manquait plus à l’accord que « le coup de tampon » ? Par contre les autorités vaticanes ne s’y méprennent pas : la Tradition catholique est inconciliable avec leur Concile, donc chaque fois qu’elles ont conduit Mgr Fellay au bord de l’accord, elles ont insisté pour que la Fraternité se soumette au Concile.
Ce faisant, après chaque « concession » acceptée par Mgr Fellay au nom de la Fraternité, les Romains l’ont enfoncé dans leur piège, en sorte qu’il lui est devenu toujours plus difficile de faire marche arrière. Car avec chaque « concession », l’accord avec Rome est devenu davantage une réalité dans la pratique, même sans le « coup de tampon », et en retenant celui-ci les Romains se sont joués de Mgr Fellay comme un pêcheur se joue d’un poisson : comment pourrait-il maintenant se défaire des « concessions » accordées, et admettre que sa politique de 20 ans n’a été qu’une erreur ? Et pourtant ! C’est depuis le début qu’il fait fausse route. N’ayant pas la foi de Mgr Lefebvre, il a pris le problème de l’Église pour un problème de la Fraternité, et pour en sortir il a préféré mettre sa confiance dans une politique purement humaine. Mais bien sûr, avec leurs 2000 ans d’expérience politique, ce sont les Romains qui ont été les plus habiles en politique. Voici comment ils peuvent lui parler maintenant – “Excellence, cessez de jouer avec nous. Voilà des années que nous vous faisons toutes sortes de concessions , pendant que vous n’en faites aucune” (ce serait un gros mensonge, puisque toute “concession” conciliaire acceptée est de fait une concession faite à Rome). “Donc avant juillet, ou bien vous acceptez le Concile, ou bien nous vous excommunions, et vos 20 ans de Supériorat sont en ruines. Au choix !”
Sans doute les Romains s’exprimeraient-ils de manière moins grossière pour mettre le Supérieur Général au pied du mur, mais à qui la faute ? C’est lui qui n’aurait jamais dû se mettre à genoux devant une autorité sans foi ni loi. Dans le cas de l’Église catholique, l’Autorité sans la Foi, c’est une Autorité sans autorité.
Kyrie eleison.