photo du pape Pie IX |
À
tous nos Vénérables Frères les Patriarches, Primats, Archevêques et
Évêques, en grâce et communion avec le Siècle Apostolique.
Pie IX, Pape
Vénérables Frères, Salut et Bénédiction Apostolique.
1 - Avec quel soin et quelle
vigilance pastorale les Pontifes Romains Nos Prédécesseurs, ont rempli
la mission à eux confiée par le Christ Seigneur lui-même en la
personne du Bienheureux Pierre, Prince des Apôtres, et ont ainsi
accompli leur devoir de paître les agneaux et les brebis! Sans jamais
discontinuer, ont attentivement nourri tout le troupeau du Seigneur
des paroles de la foi, ont imprégné de la doctrine de salut, écarté
des pâturages empoisonnés, voilà ce dont tout le monde est convaincu
et assuré, Vous surtout, Vénérables Frères. Oui vraiment Nos
Prédécesseurs se montrèrent les défenseurs et les vengeurs de l'auguste
religion catholique, de la vérité et de la justice : soucieux, avant
tout, du salut des âmes, ils n'ont jamais rien eu de plus à coeur que
de découvrir et de condamner par leurs très sages Lettres et
Constitutions toutes les hérésies et les erreurs qui, contraires à
notre Foi divine, à la doctrine de l'Église Catholique, à l'honnêteté
des moeurs et au salut éternel des hommes, ont fréquemment soulevé de
violentes tempêtes et lamentablement souillé l'Église et la Cité.
2 - C'est
pourquoi Nos mêmes Prédécesseurs ont constamment opposé la fermeté
Apostolique aux machinations criminelles d'hommes iniques, qui
projettent l'écume de leurs désordres comme les vagues d'une mer en
furie et promettent la liberté, eux, les esclaves de la corruption :
ébranler les fondements de la religion catholique et de la société
civile par leurs fausses opinions et les plus pernicieux écrits, faire
disparaître toute trace de vertu et de justice, corrompre les âmes et
les esprits, détourner des justes principes de la morale ceux qui ne
sont pas sur leurs gardes, en particulier la jeunesse inexpérimentée,
la dépraver pitoyablement, l'entraîner dans les pièges de l'erreur, et
enfin l'arracher du sein de l'Église catholique, voilà le sens de
tous leurs efforts.
3 - Vous êtes
les premiers à savoir, Vénérables Frères, qu'à peine avions-Nous été
élevé à cette chaire de Pierre, par un secret dessein de la Providence
Divine et sans aucun mérite de Notre part, Nous avons vu pour la plus
grande douleur de Notre âme une tempête vraiment effroyable soulevée
par tant de doctrines perverses. Nous avons vu les maux les plus
accablants, qu'on ne déplorera jamais assez et que tant d'erreurs ont
attirés sur le peuple chrétien. C'est pour remplir les devoirs de Notre
Ministère Apostolique et suivre les traces glorieuses de Nos
Prédécesseurs que Nous avons élevé la voix. En plusieurs Encycliques
déjà publiées, dans les Allocutions prononcées en consistoire et en
d'autres Lettres Apostoliques, Nous avons condamné les principales
erreurs de notre bien triste époque, fait appel à votre haute
vigilance épiscopale, averti et encouragé tous Nos très chers fils de
l'Église Catholique à fuir et redouter la contagion d'une peste si
violente. Et en particulier, par Notre première Encyclique du 9
novembre 1846, à Vous adressée, et les deux allocutions prononcées en
consistoire le 9 décembre 1854 et le 9 juin 1862, nous avons condamné
ces monstruosités extraordinaires que sont les opinions, qui surtout
de nos jours, dominent pour le plus grand dommage des âmes et au
détriment de la société civile elle-même. Ces opinions s'opposent
essentiellement, non seulement à l'Église catholique, à sa doctrine de
salut et à ses droits vénérables, mais encore à l'éternelle loi
naturelle gravée par Dieu dans tous les coeurs et à la droite raison.
C'est d'elles que presque toutes les autres erreurs firent leur
origine.
4 - Cependant,
bien que nous n'ayons pas négligé de proscrire et de réprouver
fréquemment les plus graves de ces erreurs, la cause de l'Église
catholique et le salut des âmes que Dieu nous a confié, et le bien de
la société humaine elle-même, réclament impérieusement que Nous
lancions un nouvel appel à votre sollicitude pastorale pour terrasser
d'autres idées fausses qui découlent de source de ces mêmes erreurs. Ces
opinions trompeuses et perverses sont d'autant plus détestables
qu'elles visent principalement à entraver et renverser cette puissance
de salut que l'Église catholique, en vertu de la mission et du mandat
reçu de son divin Auteur, doit exercer librement jusqu'à la
consommation des siècles, non moins à l'égard des individus que des
nations, des peuples et de leurs chefs. Elles cherchent à faire
disparaître cette mutuelle alliance et cette concorde entre le Sacerdoce
et l'Empire, qui s'est toujours avérée propice et salutaire à la
Religion et à la société (1).
5 - Et de fait,
vous le savez parfaitement, Vénérables Frères, il s'en trouve
beaucoup aujourd'hui pour appliquer à la société civile le principe
impie et absurde du " naturalisme ", comme ils l'appellent, et pour
oser enseigner que " le meilleur régime politique et le progrès de la
vie civile exigent absolument que la société humaine soit constituée
et gouvernée sans plus tenir compte de la Religion que si elle
n'existait pas, ou du moins sans faire aucune différence entre la vraie
et les fausses religions ". Et contre la doctrine de la Sainte
Écriture, de l'Église et des saints Pères, ils affirment sans
hésitation que : " la meilleure condition de la société est celle où
on ne reconnaît pas au pouvoir le devoir de réprimer par des peines
légales les violations de la loi catholique, si ce n'est dans la
mesure où la tranquillité publique le demande ". À partir de cette idée
tout à fait fausse du gouvernement des sociétés, ils ne craignent pas
de soutenir cette opinion erronée, funeste au maximum pour l'Église
catholique et le salut des âmes, que Notre Prédécesseur Grégoire XVI,
d'heureuse mémoire, qualifiait de " délire " (2) : " La liberté de
conscience et des cultes est un droit propre à chaque homme. Ce droit
doit être proclamé et garanti par la loi dans toute société bien
organisée. Les citoyens ont droit à l'entière liberté de manifester
hautement et publiquement leurs opinions quelles qu'elles soient, par
les moyens de la parole, de l'imprimé ou tout autre méthode sans que
l'autorité civile ni ecclésiastique puisse lui imposer une limite ".
Or, en donnant pour certitudes des opinions hasardeuses, ils ne
pensent ni ne se rendent compte qu'ils prêchent " la liberté de
perdition " (3), et que " s'il est permis à toutes les convictions
humaines de décider de tout librement, il n'en manquera jamais pour
oser résister à la vérité et faire confiance au verbiage d'une sagesse
toute humaine. On sait cependant combien la foi et la sagesse
chrétienne doivent éviter cette vanité si dommageable, selon
l'enseignement même de Notre Seigneur Jésus-Christ " (4).
6 - Là où la
religion a été mise à l'écart de la société civile, la doctrine et
l'autorité de la révélation divine répudiées, la pure notion même de
la justice et du droit humain s'obscurcit et se perd, et la force
matérielle prend la place de la véritable justice et du droit
légitime. D'où l'on voit clairement pourquoi certains, reléguant au
dernier rang les plus sûrs principes de la saine raison, sans en tenir
compte, osent proclamer que : " La volonté du peuple qui se manifeste
par ce qu'on dit être l'opinion publique, ou autrement, constitue la
loi suprême dégagée de tout droit divin et humain, et que dans l'ordre
politique des faits accomplis, par cela même qu'ils sont accomplis,
ont force de droit. "
7 - Mais qui ne
voit et ne sent parfaitement qu'une société dégagée des liens de la
religion et de la vraie justice, ne peut plus se proposer aucun autre
but que d'amasser et d'accumuler des richesses, ni suivre d'autre loi
dans ses actes que l'indomptable désir de l'âme d'être esclave de ses
propres passions et intérêts ? C'est pourquoi les hommes de cette
espèce poursuivent d'une haine si cruelle les Familles Religieuses, en
dépit des services rendus au prix des plus grands efforts à la
religion chrétienne, à la société civile et à la culture ; ils
déblatèrent contre elle en disant qu'elles n'ont aucune raison
légitime d'exister, et c'est ainsi qu'ils applaudissent aux
divagations des hérétiques. Or, comme l'enseignait en toute sagesse
Notre Prédécesseur Pie VI d'heureuse mémoire : " l'abolition des
réguliers blesse le droit de professer publiquement les conseils
évangéliques, blesse un mode de vie recommandé dans l'Église comme
conforme à la doctrine des Apôtres, blesse la mémoire de ces illustres
fondateurs que nous vénérons sur les autels, et qui n'ont établi ces
ordres que sous l'inspiration de Dieu ".
8 - Et ils
déclarent même dans leur impiété qu'il faut ôter aux citoyens et à
l'Église la faculté " de fournir valablement des aumônes publiques par
charité chrétienne ", et abolir la loi " qui à des jours déterminés
défend les oeuvres serviles pour vaquer au culte divin " sous le
prétexte si fallacieux que " la faculté et la loi ci-dessus évoquées
sont contraires aux principes de la bonne économie politique ".
9 - Et non
contents de mettre la religion à l'écart de la société, ils veulent
même l'écarter de la vie privée des familles. En effet, enseignant et
professant la si funeste erreur du Communisme et du Socialisme, ils
affirment que : " La société domestique ou la famille emprunte au seul
droit civil toute sa raison d'être ; et qu'en conséquence c'est de la
loi civile seule que découlent et dépendent tous les droits des
parents sur les enfants, et d'abord le droit d'instruction et
d'éducation. " Par ces opinions impies et ces machinations, ces hommes
de mensonge veulent surtout aboutir à ce que la doctrine et le pouvoir
de l'Église catholique qui apportent le salut, soient entièrement
éliminés de l'instruction et de l'éducation de la jeunesse, et que
l'âme tendre et malléable des jeunes soit infectée et déformée
pitoyablement par toutes sortes d'erreurs perverses et par le vice.
Oui, tous ceux qui ont mis leurs efforts à bouleverser l'ordre sacré
et l'ordre public, à renverser l'ordre juste de la société, et à
anéantir tous les droits divins et humains, ont toujours fait tendre
leurs desseins criminels, leurs désirs et leurs oeuvres principalement
à tromper et à dépraver la jeunesse qui ne s'y attend pas, comme Nous
l'avons indiqué plus haut ; et ils ont mis tout leur espoir dans la
corruption de cette jeunesse.
10 - Voilà
pourquoi jamais ils ne cessent d'infliger toutes sortes de vexations
indicibles à l'un et l'autre clergé d'où rejaillirent tant d'immenses
bienfaits sur l'ordre religieux, civil et culturel, comme l'attestent
avec éclat les plus sûrs monuments de l'histoire ; voilà pourquoi ils
déclarent que ce clergé même, en tant qu'ennemi du véritable et utile
progrès de la science et de la civilisation, doit être écarté de toute
charge et de tout rôle dans l'instruction et l'éducation de la
jeunesse.
11 - Mais il en
est d'autres qui, renouvelant les chimères extravagantes et tant de
fois condamnées des novateurs, ont l'insigne impudence de soumettre à
la discrétion de l'autorité civile l'autorité suprême attribuée par le
Christ Notre Seigneur à l'Église et à ce Siège Apostolique, et de
dénier à cette même Église et à ce Siège tous droits en ce qui regarde
les affaires extérieures. Car ils n'ont aucunement honte d'affirmer
que : " Les lois de l'Église n'obligent pas en conscience, à moins
qu'elles ne soient promulguées par le pouvoir civil. - Les actes et les
décrets des Pontifes Romains concernant la religion et l'Église ont
besoin de la sanction et de l'approbation, ou au moins du consentement
du pouvoir civil. - Les constitutions apostoliques qui condamnent les
sociétés secrètes - qu'on y exige ou non le serment de garder le
secret - et qui frappent d'anathème leurs adeptes et leurs défenseurs
ne peuvent entrer en vigueur dans les pays où le gouvernement civil
tolère ces sortes d'associations. - L'excommunication portée par le
Concile de Trente et les Pontifes Romains contre ceux qui envahissent et
usurpent les droits et possessions de l'Église, repose sur une
confusion de l'ordre spirituel avec l'ordre civil et politique, et n'a
pour but qu'un bien de ce monde. - L'Église ne doit rien décréter qui
puisse lier la conscience des fidèles relativement à l'usage des
biens temporels. Le droit ecclésiastique n'a pas compétence pour
châtier de peines temporelles les violateurs de ses lois. - Il est
conforme aux principes de la sacrée théologie et du droit public
d'attribuer au gouvernement civil et de revendiquer pour lui la
propriété des biens qui sont en possession de l'Église, des Familles
Religieuses et autres associations pieuses ".
12 - Ils ne
rougissent pas non plus de professer ouvertement et publiquement les
formules et les principes hérétiques, d'où sortent tant d'opinions
perverses et d'erreurs. Car ils répètent que " le pouvoir
ecclésiastique n'est pas, de droit divin, distinct et indépendant du
pouvoir civil, et qu'une telle distinction et indépendance ne peut
être conservée sans que l'Église envahisse et usurpe les droits
essentiels du pouvoir civil ".
13 - Et Nous ne
pouvons passer sous silence l'audace de ceux qui, ne supportant pas
la saine doctrine, prétendent que : " Quant à ces jugements et à ces
décrets du Siège Apostolique dont l'objet regarde manifestement le
bien général de l'Église, ses droits et sa discipline, on peut, du
moment qu'ils ne touchent pas aux dogmes relatifs à la foi et aux
moeurs, leur refuser l'assentiment et l'obéissance, sans péché et sans
cesser en rien de professer le catholicisme. " À quel point cela est
contraire au dogme catholique sur le plein pouvoir, divinement conféré
par le Christ Notre Seigneur lui-même au Pontife Romain, de paître, de
régir et de gouverner l'Église universelle, il n'est personne qui ne
le voie et qui ne le comprenne clairement et distinctement.
14 - Au milieu
donc d'un telle perversité d'opinions corrompues, Nous souvenant de
Notre charge Apostolique, dans notre plus vive sollicitude pour notre
très sainte religion, pour la saine doctrine, et pour le salut des
âmes à Nous confiées par Dieu" et pour le bien de la société humaine
elle-même, Nous avons jugé bon d'élever à nouveau Notre Voix
Apostolique. En conséquence, toutes et chacune des opinions déréglées
et des doctrines rappelées en détail dans ces Lettres, Nous les
réprouvons, proscrivons et condamnons de Notre Autorité Apostolique ; et
Nous voulons et ordonnons que tous les fils de l'Église catholique
les tiennent absolument pour réprouvées, proscrites et condamnées.
15 - Et, en
outre, vous savez très bien, Vénérables Frères, que de nos jours ceux
qui haïssent toute vérité et toute justice, les ennemis acharnés de
notre religion, au moyen de livres empoisonnés, de brochures et de
journaux répandus par toute la terre, trompent les peuples, mentent
perfidement, et diffusent toutes sortes d'autres doctrines impies.
Vous n'ignorez pas non plus que, même à cette époque où nous sommes,
on en trouve qui, mus et stimulés par l'esprit de Satan, en sont arrivés
à cette impiété de nier Notre Seigneur et Maître Jésus-Christ, et ne
craignent pas d'attaquer sa Divinité avec une insolence criminelle.
Mais ici Nous ne pouvons, Vénérables Frères, que vous honorer à bon
droit des plus grands éloges, vous qui n'avez jamais manqué, avec tout
votre zèle, d'élever votre voix épiscopale contre tant d'impiété.
16 - C'est
pourquoi, par Nos présentes Lettres, Nous nous adressons une fois de
plus avec beaucoup d'affection à vous qui, appelés à partager Nos
soucis, êtes au milieu des calamités qui nous touchent si virement.
Notre consolation, Notre joie et Notre encouragement les plus grands :
par la qualité de votre esprit religieux et de votre piété et aussi
par cet amour, cette foi et cette déférence admirable avec lesquels,
attachés à Nous et à ce Siège Apostolique dans la plus grande unité
d'esprit, vous travaillez à remplir avec empressement et application
votre très grave ministère épiscopal. Car Nous attendons de votre
remarquable zèle pastoral que, prenant le glaive de l'esprit, qui est
la parole de Dieu, et fortifiés dans la grâce de notre Seigneur
Jésus-Christ, vous ayez la volonté de veiller chaque jour davantage
avec une attention redoublée à ce que les fidèles confiés à vos soins
" s'abstiennent des herbes nuisibles que Jésus-Christ ne cultive pas,
parce qu'elles n'ont pas été plantées par son Père " (5). Et ne cessez
jamais d'inculquer à ces mêmes fidèles que tout vrai bonheur découle
pour les hommes de notre sainte religion, de sa doctrine et de sa
pratique, et qu' " heureux est le peuple dont Dieu est le Seigneur "
(6). Enseignez que " l'autorité repose sur le fondement de la Foi
Catholique " (7) et qu' " il n'y a rien de plus mortel, rien qui nous
précipite autant dans le malheur, nous expose autant à tous les
dangers, que de penser qu'il nous peut suffire d'avoir reçu le libre
arbitre en naissant ; sans avoir à rien demander de plus à Dieu ;
c'est-à-dire, qu'oubliant notre Créateur, nous renions son pouvoir sur
nous pour manifester notre liberté " (8). N'omettez pas non plus
d'enseigner que " le pouvoir de gouverner est conféré non pour le seul
gouvernement de ce monde, mais avant tout pour la protection de
l'Église " (9) et que " rien ne peut être plus profitable et plus
glorieux aux chefs d'États et aux Rois que ce que Notre Prédécesseur
saint Félix, rempli de sagesse et de courage, écrivait à l'empereur
Zénon : " Qu'ils laissent l'Église catholique se gouverner par ses
propres lois, et ne permettent à personne de mettre obstacle à sa
liberté... Il est certain qu'il leur est avantageux de s'appliquer,
quand il s'agit de la cause de Dieu, et suivant l'ordre qu'Il a
établi, à subordonner et non à préférer la volonté royale à celle des
prêtres du Christ " (10).
17 - C'est
toujours, Vénérables Frères, mais c'est maintenant plus que jamais, au
milieu de telles calamités de l'Église et de la société civile, en
présence d'une si vaste conspiration d'adversaires et d'un tel amas
d'erreurs contre le catholicisme et le Siège Apostolique, qu'il est
absolument nécessaire de nous adresser avec confiance au Trône de la
grâce pour obtenir miséricorde et trouver la grâce d'une protection
opportune.
À cette fin,
Nous avons jugé bon de stimuler la piété de tous les fidèles pour
qu'en union avec Nous, et avec vous, ils ne cessent de prier et
supplier par les prières les plus ferventes et les plus humbles, le
Père très clément des lumières et des miséricordes ; qu'ils se
réfugient toujours dans la plénitude de la foi auprès de notre Seigneur
Jésus-Christ, qui nous a rachetés à Dieu en son sang ; qu'ils
demandent avec une perpétuelle instance à son très doux Coeur, victime
de sa très ardente charité envers nous, d'attirer tout à lui par les
liens de son amour, et de faire que tous les hommes, enflammés de son
très saint amour, marchent dignement selon son Coeur, agréables à Dieu
en tout, portant des fruits en toutes sortes de bonnes oeuvres. Et,
comme les prières des hommes sont indubitablement plus agréables à
Dieu quand elles lui parviennent avec des coeurs purs de toute
corruption, Nous avons pensé à ouvrir avec une libéralité apostolique
aux fidèles chrétiens les célèbres trésors de l'Église dont la
distribution Nous est confiée, afin que ces mêmes fidèles excités plus
vivement à la vraie piété, et purifiés des taches de leurs péchés par
le Sacrement de Pénitence, répandent avec plus de confiance leurs
prières à Dieu et obtiennent sa miséricorde et sa grâce.
18 - En
conséquence, par les présentes Lettres, en vertu de notre Autorité
Apostolique, à tous et chacun des fidèles des deux sexes dans
l'univers catholique, Nous accordons une Indulgence plénière en forme
de Jubilé, à gagner durant toute l'année à venir 1865 et non au delà,
dans l'espace d'un mois à désigner par vous, Vénérables Frères, et les
autres Ordinaires légitimes des lieux, en la même manière et forme
exactement que Nous l'avons accordée, au commencement de Notre suprême
Pontificat, par Nos Lettres Apostoliques en forme de Bref du 20
novembre 1846, envoyée à tout votre Ordre épiscopal de l'univers, et
commençant par ces mots : " Arcano Divinae Providentiae consilio " et
avec tous les mêmes pouvoirs accordés par Nous dans ces Lettres. Nous
voulons cependant que toutes les prescriptions contenues dans les
susdites lettres soient observées, et que soient maintenues toutes les
exceptions que Nous avons mentionnées. Nous accordons cela nonobstant
toutes dispositions contraires, même celles qui seraient dignes d'une
mention et d'une dérogation spéciales et individuelles. Et pour
écarter tout doute et toute difficulté, Nous vous avons fait parvenir
un exemplaire de ces Lettres.
19 - Prions,
Vénérables Frères, " du fond du coeur et de toute notre âme la
miséricorde de Dieu, parce qu'il a lui-même ajouté : Je n'éloignerai
pas d'eux ma miséricorde. Demandons et nous recevrons, et si nous
attendons et que nous tardions à recevoir à cause de la gravité de nos
offenses, frappons ; car à celui qui frappe on ouvrira, pourvu que
nous frappions à la porte avec nos prières, nos gémissements et nos
larmes, avec lesquels il faut insister et persévérer, et pourvu que
notre prière soit unanime... que chacun prie Dieu non seulement pour
lui-même mais pour tous ses frères, comme le Seigneur nous a enseigné à
prier " (11). Et pour que Dieu exauce plus facilement Nos prières et
Nos voeux, les vôtres et ceux de tous les fidèles, faisons participer
en toute confiance auprès de lui l'Immaculée et très sainte Mère de
Dieu, la Vierge Marie qui a détruit toutes les hérésies dans le monde
entier, et qui, Notre Mère très aimante à tous, " est toute suave... et
pleine de miséricorde... se montre exorable à tous, très clémente à
tous, compatit aux misères de tous avec la plus large affection "
(12). Comme Reine, debout à la droite de Son Fils Unique, notre
Seigneur Jésus-Christ, toute enveloppée dans un vêtement d'or, il n'y a
rien qu'Elle ne puisse obtenir de Lui.
Demandons aussi
les suffrages du Bienheureux Pierre, Prince des Apôtres, de son
Coapôtre Paul, et de tous les Saints du Ciel qui devenus amis de Dieu,
sont parvenus au royaume céleste, possèdent la couronne et la palme,
et sûrs de leur immortalité, sont soucieux de notre salut.
20 - Enfin,
demandant pour vous à Dieu de toute Notre âme l'abondance de tous les
dons célestes, Nous donnons du fond du coeur et avec amour, en gage de
Notre particulière affection, la Bénédiction Apostolique à vous-mêmes,
Vénérables Frères, et à tous les fidèles clercs et laïcs confiés à vos
soins.
Donné à Rome,
près Saint-Pierre, le 8 décembre de l'année 1864, dixième depuis la
Définition Dogmatique de l'Immaculée Conception de la Vierge Marie
Mère de Dieu. Et de Notre Pontificat la dix-neuvième.
PIE IX, Pape
Notes
(1) Grégoire XVI, Encyclique Mirari Vos du 15 août 1832.
(2) Grégoire XVI. Encyclique Mirari Vos du 15 août 1832.
(3) Saint Augustin, Lettre 105.
(4) Saint Léon, Lettre 164.
(5) Saint Ignace, martyr, à Philadelphe.
(6) Psaume 143.
(7) Saint Célestin, Lettre 22 au Synode d'Éphèse.
(8) Saint Innocent I, Lettre 29 au Concile Épiscopal de Carthage.
(9) Saint Léon, Lettre 156.
(10) Pie VII, encyclique Diu satis, 15 mai 1800.(11) Saint Cyprien, Lettre 11.
(12) Saint Bernard, Sermon sur les douze prérogatives de la Bienheureuse Vierge Marie d'après l'Apocalypse.
(2) Grégoire XVI. Encyclique Mirari Vos du 15 août 1832.
(3) Saint Augustin, Lettre 105.
(4) Saint Léon, Lettre 164.
(5) Saint Ignace, martyr, à Philadelphe.
(6) Psaume 143.
(7) Saint Célestin, Lettre 22 au Synode d'Éphèse.
(8) Saint Innocent I, Lettre 29 au Concile Épiscopal de Carthage.
(9) Saint Léon, Lettre 156.
(10) Pie VII, encyclique Diu satis, 15 mai 1800.(11) Saint Cyprien, Lettre 11.
(12) Saint Bernard, Sermon sur les douze prérogatives de la Bienheureuse Vierge Marie d'après l'Apocalypse.